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Mariage pour tous

Mais où est donc l’amour?

La Commission de jeunesse de Tavannes organisait un débat, hier soir, à la salle communale. Le droit d’avoir un enfant a occupé l’essentiel des discussions.

Nicole Rochat et Beat Feurer ont défendu les arguments en faveur du mariage pour tous. SGO
Par Sébastien Goetschmann
 
En vue de la votation populaire sur le mariage pour tous, du 26 septembre prochain, un débat public a eu lieu, hier soir, en la salle communale de Tavannes. L’ancien membre du Grand Conseil Marc Früh (UDF) et l’actuel député de la même institution Etienne Klopfenstein (UDC) ont exposé les arguments contre cette modification du Code civil, face au conseiller municipal biennois Beat Feurer (UDC) et à Nicole Rochat, pasteure, thérapeute de couple et sexologue à Neuchâtel.
 
Une vingtaine de personnes sont venues assister à cette soirée organisée par la Commission de jeunesse tavannoise et dont notre collègue journaliste Blaise Droz s’est fait le médiateur. Le premier volet de ce débat a concerné le ressenti des protagonistes sur l’homosexualité et la religion. «Bibliquement, le mariage est donné par Dieu pour bénir l’homme et la femme», a débuté Marc Früh, insistant sur le terme mariage en opposition à une autre forme d’alliance.
 
«Je sens la peur de perdre la qualité du couple et de la famille, mais il y a au contraire quelque chose à gagner en ouvrant le mariage aux homosexuels», a rétorqué Nicole Rochat. «Jésus a dit: ‹Je suis le chemin, la vérité et la vie. Et souvent, la vérité de Dieu nous dépasse.» «Il n’est pas question ici de juger l’homosexualité, mais de parler de l’enfant», a rappelé Marc Früh. «Or l’enfant naît de l’union d’un homme et d’une femme. Pas d’un couple du même sexe.» «Beaucoup de prescriptions, comme la circoncision, ne sont plus appliquées aujourd’hui», a poursuivi Nicole Rochat. «La société évolue et certaines lois bibliques doivent également suivre.»
 
Pour Beat Feurer, le sujet s’avère très personnel. «Lorsque je me suis converti, j’ai lutté contre mon orientation sexuelle avant de l’accepter. Aujourd’hui, je crois qu’il n’y a plus de raison pour ne pas donner les mêmes droits aux homosexuels.»
 
 
Le droit d’avoir un enfant
Le second axe abordé, qui a fait émerger le plus de divergences, concernait la procréation médicalement assistée (PMA) et la possibilité d’adopter. «Pour moi, il est indispensable d’avoir un père et une mère», a affirmé Etienne Klopfenstein. «Il y a des différences dans la nature des genres, qu’on ne peut remplacer, dont un enfant a besoin pour s’épanouir.» «L’injustice se situe bien là: au niveau de l’enfant», a ajouté Marc Früh. «Il a le droit à son père et sa mère. Il a besoin de cette altérité. Avec la PMA, l’enfant aura un manque en grandissant.»
 
«Aujourd’hui on est confronté à des situations familiales tellement diverses», a rétorqué la sexologue. «Ce manque peut aussi survenir avec des parents hétérosexuels et la complémentarité peut aussi se trouver chez des personnes de même sexe.» «Concernant l’adoption, ce qu’il faut voir c’est quelle est l’alternative pour l’enfant», a ajouté Beat Feurer. «Venant souvent du tiers-monde, ces derniers auront certainement une meilleure vie avec un couple homosexuel qu’en grandissant dans un home pour enfants ou dans la rue.»
 
«Je suis surpris qu’on oppose toujours homosexuel et hétérosexuel», a rapporté un spectateur. «On a commencé ce débat par une introduction biblique, mais lorsqu’on voit tout le bordel qui arrive après que l’homme et la femme ont été créés, ne faudra-t-il pas plutôt parler d’amour?» «On peut faire beaucoup d’erreurs en tant que parents, mais si l’enfant se sent aimé, c’est le plus important», a enchaîné Beat Feurer.
 
«Je crois que le danger est de sacraliser les institutions, comme l’a été la royauté», a exprimé un auditeur théologien dans la salle. «Le mariage dont parle la Bible n’est pas le mariage d’hier, où des familles s’unissaient sans le consentement des époux. Aujourd’hui, nous sommes libres de le faire évoluer avec la société. Ce qui est sacré, c’est l’amour de Dieu pour nous.»

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