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Design

Mêler art et humanitaire

Une architecte biennoise crée des objets dont les bénéfices serviront à scolariser des enfants au Maroc, un pays cher à cette globe-trotteuse pleine d’ambition. Elle espère même y construire une école.

Izdi Attal crée de nombreux objets en béton dont 60% des bénéfices reviennent à son projet de scolarisation à Essaouira. Yann Staffelbach

Par Maeva Pleines

Tout est parti d’une publication sur les réseaux sociaux. L’idée, encore à moitié formulée dans la tête d’Izdi Attal séduit son entourage et devient vite virale. Il s’agit de créer des objets de design et d’utiliser les bénéfices de la vente pour financer un projet humanitaire. «Vu l’engouement immédiat, je me suis rapidement rendu compte qu’il me faudrait un site professionnel», confie la jeune architecte, pleine d’enthousiasme.

Celle-ci peaufine alors son concept: elle mettra 60% des recettes de ses ventes de côté pour scolariser des enfants au Maroc, plus précisément à Essaouira. Les 40% restants serviront à faire vivre le projet, pour le matériel et le marketing. «Nous avons déjà rassemblé un millier de francs. Sans doute parce que les gens se raccrochent particulièrement aux initiatives positives en ce moment. Et puis, les objets en vente sont chargés d’une belle histoire», se réjouit la Biennoise.

Ce succès inespéré lui permet de rêver en grand. «Avec l’argent récolté, nous avons prévu de scolariser autant de jeunes que possible. Mais si nous arrivons à un montant considérable, j’aimerais carrément construire une école. Avec mes compétences d’architecte, je pourrais m’en charger, et les prix sont moins exorbitants au Maroc qu’en Suisse», énonce-t-elle, avant de citer quelques chiffres. «Avec 500’000 francs, je pourrais bâtir une belle structure. Mais il est déjà possible de créer quelque chose de bien avec beaucoup moins. Donc, si j’atteins les 20’000 francs d’ici cet été, je commencerai à réfléchir aux plans.»

Un impact positif
Si Izdi Attal s’investit tant dans son projet d’art humanitaire, c’est qu’elle a toujours souhaité insuffler du sens de son métier. «J’ai travaillé dur pendant mes études, que j’ai complétées avec une thèse de Master mêlant architecture et pédagogie en 2020. Je suis convaincue que, lorsqu’on a la chance de bénéficier d’une telle éducation, il faut l’utiliser pour apporter un impact positif dans le monde.»

La Biennoise propose par exemple des cours de sensibilisation à l’architecture à l’école du Battenberg, depuis 2013. «Quand j’observe les enfants, je vois qu’une des clés de leur bien-être réside dans l’espace qu’ils s’approprient. En forgeant ma vision pédagogique, le besoin d’apporter ma contribution aux jeunes non scolarisés s’est imposé comme une évidence et c’est de là qu’est né mon projet.»

Izdi Attal se passionne également de voyages, qui lui permettent de façonner sa propre lecture du monde. Son sac à dos lui a ainsi ouvert de nombreuses rencontres marquantes. Elle décrit le peuple marocain comme chaleureux et culturellement riche. «L’artisanat y est très développé, particulièrement à Essaouira. Cette petite ville au bord de l’océan a été un véritable coup de cœur», se souvient-elle, des étoiles dans les yeux.

En se promenant dans les rues, elle a été touchée par l’architecture, les constructions massives en terre et les différentes échoppes d’artefacts en bois ou en cuir. «Mais j’ai aussi été frappée par les nombreux enfants dans les rues, certains tout honteux d’avouer qu’ils n’allaient pas à l’école...» Izdi Attal souhaite donc commencer par s’investir Essaouira, car elle dispose de contacts qui pourront l’aider sur place. Mais elle se voit déjà poursuivre son projet dans d’autres pays. «C’est encore de la musique d’avenir, car je suis encore très occupée à développer l’association et à chercher des collaboration avec d’autres créateurs. Le tout en parallèle de mon cabinet d’architecture que je viens de lancer avec mon partenaire», conclut-elle.

Les gammes de bijoux, lampes, pots, broches ou bougeoirs se déclinent principalement en béton de différentes teintes, parfois agrémenté de feuilles d’or. Une nouvelle collection de luxe sera bientôt révélée.

A retrouver sur: art-humanitaire.ch

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