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Bienne

Menaces et agressions au couteau en centre-ville

Un homme a agressé plusieurs personnes mercredi soir, armé d’un couteau. Après une traque en centre-ville, il a été interpellé chez Manor. Un témoin du magasin raconte.

L’homme grièvement blessé à la Migros de la place de la Croix est toujours dans un état critique. Photo: ASB

Julie Gaudio

«Je suis encore un peu choquée. Et je n’arrête pas de me demander si j’ai bien réagi.» Au lendemain des incidents survenus chez Manor au centre-ville de Bienne mercredi soir, Hélène est encore quelque peu chamboulée. L’étudiante, qui était au troisième étage du magasin – rayon papeterie-librairie – avec son ami vers 17h50, a assisté à une scène terrible: un quinquagénaire a menacé, avec un couteau, une jeune fille noire d’une quinzaine d’années, qui déambulait dans les rayons avec sa sœur et une amie.

«L’homme a empoigné la jeune fille, lui a craché au visage et a crié ‹Schwarze Kopf!›», raconte Hélène. «Au début, je ne comprenais pas. L’homme était tellement enragé que j’ai pensé qu’il l’accusait de lui avoir volé quelque chose. J’ai mis quelques secondes à comprendre qu’il avait un couteau dans les mains et qu’il la menaçait sans raison», complète-t-elle.

L’adolescente a réussi à se débattre et attraper les poignets de son agresseur. Un homme de la sécurité du magasin est intervenu et a demandé à l’homme de baisser son arme, d’après Hélène. «Mais il refusait de s’exécuter», poursuit l’étudiante de 22 ans. «Et il a fait mine de poignarder une dame dans le dos, mais celle-ci n’a rien remarqué!»

Homme grièvement blessé

L’homme de la sécurité est finalement parvenu à maîtriser l’auteur des faits et à le plaquer au sol, en attendant l’arrivée de la police, qui n’a d’ailleurs pas mis beaucoup de temps à arriver, précise Hélène. «Une employée de Manor m’a raconté que l’homme avait menacé d’autres collaborateurs, au teint noir ou basané», narre l’étudiante. «Il avait les yeux rouges, comme s’il était sous l’emprise d’alcool ou de drogue», affirme-t-elle également.

L’auteur des faits, un Albanais de 53 ans, a été interpellé par la police bernoise chez Manor et son arme a été saisie. Une enquête étant en cours, la police ne confirme pas les dires de l’étudiante concernant l’état ou les motifs de l’agresseur.

Avant l’épisode chez Manor, ce dernier a agressé un homme à proximité de la Migros à la place de la Croix, au moyen d’une arme blanche également. L’agresseur s’est enfui, en laissant la victime grièvement blessée à terre. Celle-ci a dû être transportée à l’hôpital par la Rega. Jeudi matin, la victime se trouvait toujours dans un état critique, selon les informations transmises par la police.

L’homme a été emmené au commissariat et arrêté. Tout porte à croire que l’agresseur chez Manor est le même que celui de la  place de la Croix. Le Ministère public régional Jura bernois-Seeland va requérir contre lui la détention provisoire. L’enquête doit encore déterminer ce qui a poussé cet homme à commettre de tels actes.

Réactions inégales

Outre la scène de violence à laquelle elle a assisté, Hélène est aussi choquée de l’absence de réactions des personnes autour d’elle. Selon elles, cinq ou six clients patientaient aux caisses chez Manor et une vingtaine déambulaient au dernier étage. «Les gens continuaient de faire leurs courses comme si de rien n’était. Personne n’a crié. Et j’étais la seule à me préoccuper de savoir comment allait la jeune fille.» Celle-ci était «traumatisée», selon le témoin. «Elle tremblait, riait et pleurait à la fois.» Hélène a proposé d’appeler ses parents mais l’adolescente a décliné. La police a pris sa déposition, tout comme celle d’Hélène.

Avec le recul, Hélène estime avoir fait ce qu’il fallait. «Je pense que si on avait crié, l’homme aurait pu être beaucoup plus violent», estime-t-elle. «Face à de telles situations, on ne sait jamais comment réagir. On n’est pas préparés pour ça!»

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