Vous êtes ici

Abo

Jura Bernois

Merci, les musées régionaux vont bien

Le Réseau interjurassien des musées a tenu son assemblée générale lundi soir. Parmi ses 25 membres, on retrouve plusieurs institutions du Jura bernois. Mots d’ordre généraux: intéresser les jeunes et promouvoir le patrimoine régional

Expositions Gérard Lüthi et Cantonale Berne Jura. Musée jurassien des Arts

Dan Steiner

Patrimoine régional, histoire industrielle, sensibilisation aux conflits passés, présents et futurs, découverte et mise en relation d’artistes régionaux et helvétiques. L’offre muséale est pléthorique dans le Jura bernois et met en avant tous les atouts en stock dans sa collection pour éviter qu’on colle à ces endroits une étiquette d’institution élitiste, austère ou poussiéreuse. Avec succès, semble-t-il.


Et le potentiel de développement, de mise en réseau et de collaboration est encore grand. En témoignent les objectifs présents à l’ordre du jour de l’assemblée générale du Réseau interjurassien des musées (RIM), qui s’est tenue lundi soir à Moutier: définition de l’identité visuelle et création d’un site internet commun et profitable aux 25 membres du RIM (voir aussi ci-dessous). «Le RIM regroupe 80 à 90% des musées du Jura et Jura bernois», commence Valentine Reymond, sa présidente. «Dépassant les frontières politiques, il entend promouvoir ces lieux et leurs animations», poursuit celle qui est par ailleurs la conservatrice du Musée jurassien des arts de Moutier.


Ouverture à la jeunesse
Parmi les autres membres de la région, on retrouve l’abbatiale de Bellelay, le Musée du tour automatique et d’histoire de Moutier (MTAH), celui d’art et d’histoire de La Neuveville, le Musée de Saint-Imier ou encore l’Expo Digger, soit une large palette d’intérêts pour le public. Des visiteurs que ces institutions tentent d’attirer, bien sûr, mais de rajeunir, aussi.
Une stratégie tout ce qu’il y a de plus actuel pour un musée comme celui du MTAH, trop à l’étroit dans l’ancienne villa Junker de Moutier. Le déménagement du musée au Forum de l’Arc autour de 2018 lui permettra ainsi de gagner en accessibilité et en didactique. «Nous ne viserons toutefois pas que l’intérêt des enfants, mais également celui des futurs apprentis», précise le conservateur Stéphane Froidevaux. «L’industrie prévôtoise n’est pas une période révolue, c’est le passé, le présent et le futur.»


L’une des idées évoquées: intégrer les visites du musée dans le programme scolaire. Une option également en gestation du côté de La Neuveville ou à Tavannes. «L’une de nos salles permet de faire participer les visiteurs en s’équipant et en s’exerçant au déminage», explique Béatrice Guerne, l’une des six guides de l’exposition Digger. «L’objectif? Présenter la problématique des mines antipersonnel à un large public et ainsi le rendre conscient qu’à l’heure actuelle, des démineurs sont toujours à genoux pour effectuer leur travail.»


A Saint-Imier aussi, la volonté est de se tourner vers la jeunesse. «Historiquement, c’est un musée scolaire», fait remarquer Diane Esselborn, la conservatrice depuis juillet. «Nous conservons et exposons le patrimoine de la ville, du Vallon et du Jura bernois si l’on élargit le spectre. Et une forte attention est mise sur les écoles. Le côté didactique de la technologie et les réseaux sociaux permettent à ce titre de toucher cet ‹autre public›.» Cette dernière ajoute que le musée bénéficie des activités de la ville, dont l’offre culturelle sans cesse renouvelée habitue les gens à revenir. «Il y a toujours quelque chose de nouveau qui se passe.»


A entendre leurs responsables dans le Jura bernois, c’est aussi vrai pour les autres musées de nos contrées. Si les bénévoles et le financement sont toujours les nerfs de la guerre pour ces lieux culturels, et donc difficiles à trouver, ceux-ci ne désemplissent pas. Ouvert seulement un jour par semaine –parfois deux à la belle saison–, le Musée d’art et d’histoire de La Neuveville attire par exemple un millier de visiteurs par an. «Mais l’état de santé ne se mesure pas qu’à ce chiffre», tempère la conservatrice Sandrine Girardier. «La mise sur pied d’une exposition temporaire attire par exemple davantage de monde.»


Penser au-delà de la région
L’attrait de ces institutions et de leurs collections dépasse cependant les frontières floues de la région. Lancée par le Musée jurassien des arts de Moutier en 2011, la Cantonale Berne Jura poursuit ce dessein. «Si les artistes régionaux exposent et qu’ils n’attirent qu’un public de leur bassin de population, c’est dommage», estime Valentine Reymond. Exposer des créateurs alémaniques permet ainsi de faire et de se faire connaître, d’initier la découverte, l’échange, entre les œuvres, leurs auteurs et les visiteurs.


A Bellelay, on sélectionne minutieusement ses exposants parfois de l’est du pays, histoire de valoriser l’abbaye. Et ça marche, puisque celle-ci fait la couverture du nouveau livre de Patrimoine suisse, «Les 100 plus beaux musées de Suisse». Rien que ça.

***********************************

Deux réseaux distincts

Constitué en 2000, le Groupement interjurassien des musées a changé de nom en 2014, troquant «Groupement» pour adopter «Réseau». La mise en lien de ses différents membres est justement son but premier. Il était hier l’objet principal de son assemblée générale à Moutier, menée lundi à Moutier par la présidente Valentine Reymond.


La concrétisation des nouveaux outils de communication du RIM –son identité visuelle et un site internet commun pour ses 25musées membres– dépend toutefois du financement qu’il recevra. Le Jura et le Fonds de loterie ont donné une réponse positive, bien que moins importante que ce que le RIM demandait, mais ce dernier attend la réponse du canton de Berne. Qui ne viendra pas avant janvier. Le réseau est donc en attente de connexion...


Indépendante de celle du RIM, une autre forme de collaboration entre les musées de la région se met également en place à une échelle plus réduite. Dans le cadre du pilotage de la mise en œuvre de la loi sur l’encouragement des activités culturelles, la LEAC, le Conseil du Jura bernois prévoit justement un rapprochement entre les musées de Saint-Imier, du tour automatique et d’histoire de Moutier et de celui d’art et d’histoire de LaNeuveville. Une séance entre les différentes parties est d’ailleurs prévue au début du mois de janvier.


«Dans l’idée, c’est très bien.Cela permettra de mettre en place des synergies et d’instaurer un soutien mutuel», estime Stéphane Froidevaux, le conservateur du MTAH. «Mais rien n’est encore en place.» Tout reste en effet à faire. Quelques pistes filtrent toutefois: mise en place d’une newsletter commune, conférences sur des thématiques englobant les trois musées ou expositions réparties sur les trois lieux. Réponses en 2017.

***********************************

L'offre muséale

Musée jurassien des arts de Moutier
Surface d’exposition: 415m2.
Visiteurs par année: env. 3500.
www.musee-moutier.ch


Expo Digger à Tavannes
Surface d’exposition: 100m2.
Visiteurs par année: env. 2000.
Expo fermée jusqu’en mars.
expo.digger.ch


Musée du tour automatique et d’histoire de Moutier
Surface d’exposition: 400m2.
Visiteurs par année: 600 à 800.
www.museedutour.ch


Abbatiale de Bellelay
Surface d’exposition: 300m2.
Visiteurs par année: env. 4000.
www.abbatialebellelay.ch


Musée d’art et d’histoire de La Neuveville
Visiteurs par année: env. 1000.
Musée fermé jusqu’en avril.
www.museelaneuveville.ch


Musée de Saint-Imier
Surface d’exposition: 350m2.
Visiteurs par année: env. 700.
www.musee-de-saint-imier.ch

Articles correspondant: Région »