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agriculture bernoise

Moins de bureaucratie, plus d’épinards

Les formalités administratives à la hausse agacent de plus en plus le monde rural. Le canton le comprend un peu. Hélas, c’est la Confédération qui commande...

Foi de paysan bernois, la vie est toujours plus dure dans l’agriculture. Et les nombreux contrôles n’améliorent rien. Mais pas question de les réduire, ordre de la Confédération! (LDD)

Pierre-Alain Brenzikofer

A l’image de leurs homologues suisses, les paysans bernois ont le blues. Pas le jodel, mais bel et bien le blues, donc! Motif? Cette maudite Politique agricole 2014-2017 approuvée par les Chambres fédérales. «Pour nombre de paysans, les formalités administratives représentent une très lourde charge qui les oblige à solliciter le concours d’un conseiller. Dès lors, voulons-nous des agriculteurs qui se transforment en bureaucrates ou qui se consacrent à l’exploitation des terres et à la production?» s’interrogeaient ainsi deux agrariens bon teint et néanmoins bernois.

Allusion aux députés oberlandais Samuel Graber et Thomas Knutti, qui avaient sommé le gouvernement par voie de motion d’alléger les formalités administratives dans l’agriculture et d’améliorer les contrôles menés dans les exploitations concernées tout en les réduisant au strict nécessaire. Eh bien, le gouvernement est à ce point d’accord qu’il proposera au Grand Conseil de transformer ces deux points de la motion en un postulat beaucoup moins contraignant, mais surtout de les classer comme étant déjà réalisés. Ce qui s’appelle un ferme soutien à l’agriculture?

Le labour, pas le nel

Quant aux deux compères précités, non contents de s’arrêter en si bon labour, ils demandaient encore de contrôler tous les cinq ans au plus les exploitations agricoles n’ayant pas subi de changement radical. Rien à voir avec le parti, donc.

Enfin, l’Ours était sommé de réduire le nombre de personnes employées à l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature. Eh bien, vient-il de répondre, ça sera non dans les deux cas, tout simplement parce que la Confédération règne en maîtresse absolue sur ces domaines et qu’elle a des exigences plutôt strictes, la bougresse.

Et si on développait un brin les arguments des motionnaires? Selon eux, la mise en œuvre de la Politique agricole 2014-2017 va «malheureusement» déboucher sur une agriculture extensive et de nombreux programmes qui devront être contrôlés. «Aux recensements du printemps et de l’automne va maintenant s’ajouter celui de l’hiver», sanglotent les motionnaires façon Verlaine.

A les entendre, les diverses contributions qui peuvent être allouées vont faire gonfler l’appareil de contrôle. Et en avant pour une sacrée liste: contributions au système de production (agriculture biologique, culture extensive), contributions à la biodiversité (qualité et/ou mise en réseau), contributions au paysage cultivé, à la sécurité de l’approvisionnement et même de transition, etc. Sans compter de nombreuses séances d’information qui durent et qui coûtent. Un bon millier pour le canton.

Moralité? «En réduisant le nombre de contrôles, on renforce la confiance des exploitants dans les contrôleurs», concluait le duo du champ. Eh bien, comme déjà esquissé plus haut, le Conseil exécutif, qui a toujours eu la fibre potagère, serait plutôt d’accord avec les motionnaires. Lui aussi, jure-t-il, a déjà fait savoir à la Confédération qu’il ne fallait pas exagérer et surtout ne pas augmenter le volume de travail administratif des exploitants et des cantons.

Hélas, l’auguste interpellé n’aurait guère tenu compte de cette sagesse toute agricole avant d’être agrarienne. En effet, comme les conditions générales sont fixées par la Berne fédérale, difficile de trop raréfier les contrôles. Mais le canton veillera toutefois à maintenir la pression en faveur de meilleures conditions générales. Ce qui lui permet de proposer la transformation en postulat déjà explicitée, mais surtout le classement.

Pour le reste, la fréquence des contrôles requis par les deux parlementaires nécessiterait une modification de la législation fédérale. Voila pourquoi ce point précis de la motion est sèchement rejeté.

Augmentation, mon œil!

Enfin, l’exécutif tient à souligner vigoureusement que malgré l’augmentation des contrôles liée à la mise en œuvre de la Politique agricole 2014-2017, les effectifs du personnel employé dans ce domaine n’ont pas augmenté.

Allez! on s’en retourne cultiver notre jardin. Mais sans Voltaire: l’était pire qu’un contrôleur, celui-là...

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