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Vote du 28 mars

Moutier n’a pas à faire taire ses élus ni Delémont

Le Conseil municipal a répondu à deux motions urgentes des probernois d’Ensemble-Prévôtois. Pour l’exécutif, l’affichage de drapeaux par les autorités du chef-lieu jurassien n’est que symbolique.

Apparemment, tout le monde n’applique pas les recommandations d’apaisement du Conseil municipal. DSH

Par Dan Steiner

Le camp probernois au Conseil de ville n’avait que peu goûté aux encouragements de l’exécutif et les autorités de Delémont, fin 2020, en vue du vote communaliste du 28mars prochain. Pas plus qu’aux marques de soutien affichées par des élus de Moutier sur les réseaux sociaux pour un courrier des lecteurs de Jean-Rémy Chalverat, ancien maire local. Pour lui, le salut viendra d’un oui sorti des urnes, alors que la paix, elle, ne pourra être obtenue que par ce biais. Tant pis pour les perdants, donc, pour autant qu’ils soient partisans de l’Ours.

Voilà donc pourquoi l’Ensemble-Prévôtois s’était fendu de deux motions urgentes, envoyées au Conseil municipal en décembre:«pour une remise à l’ordre des protagonistes» et «que cesse l’ingérence de communes jurassiennes dans la votation du 28 mars». Dans l’impossibilité de lui répondre avant la date fatidique puisque la prochaine séance du législatif a été annulée, faute de suffisamment de grain à moudre, l’exécutif s’est exécuté par écrit. Et il recommande sans surprise deux rejets. Exécution!

Des conclusions différentes
Sans être si catégorique, ce dernier explique toutefois pourquoi il n’a pas à recadrer tout ce beau monde. L’Ensemble-Prévôtois voyait pourtant un parallèle entre la vente de drapeaux jurassiens flanqués de l’inscription «Moutier» et la résolution du 22 juin 2016 de la Conférence des maires du Jura bernois (CMJB). Celle-là appelait à l’époque la population prévôtoise à opter pour Berne.

Saisie par les autorités prévôtoises, la Préfecture du Jura bernois avait tranché en expliquant que, au fond, ce message était valable car la région avait légitimement de quoi vouloir garder Moutier dans son giron. Toutefois, rappelle le Conseil municipal dans l’une des deux réponses, «la CMJB n’était pas compétente pour émettre une recommandation de vote, encore moins sous la forme d’une résolution». Seul un exécutif communal l’est.

Cela posé, le collège prévôtois estime que le fait que les conseillers communaux delémontains accrochent des drapeaux aux fenêtres «ne viole pas les principes d’objectivité, de proportionnalité et de transparence», est «une action surtout de nature symbolique» et ne s’apparente «pas à une propagande disproportionnée» à même de mettre la pression sur les ayants droit de la ville. Et puis, justifie-t-on, c’est bien l’exécutif communal qui s’est exprimé, et Delémont aurait avantage à ce que Moutier soit dans le même canton qu’elle. Or le Conseil municipal restera vigilant au sujet de toutes les futures communications d’autorités diverses et variées.

Une interprétation orientée
Quant au courrier des lecteurs de Jean-Rémy Chalverat, il lui avait été reproché d’être «aimé» par des membres des autorités prévôtoises après avoir été partagé par le mouvement Moutier ville jurassienne sur sa page Facebook. Là encore, on ne s’en émeut que très peu, du côté de l’Hôtel-de-ville. «Le Conseil municipal n’est pas garant des propos tenus par des personnes à titre individuel, qui bénéficient du principe constitutionnel de la liberté d’expression», écrit-il.

Après les reproches faits au maire, Marcel Winistoerfer, dont les propos, entre autres, ont fait annuler le premier vote, l’exécutif ne sait que trop bien qu’il doit s’astreindre à la plus grande retenue. Même s’il «rappelle qu’il défend la position d’un transfert de Moutier dans le Jura». L’interprétation du texte qu’en font les motionnaires est ainsi considérée comme «orientée».

Finalement, un second volet de cette seconde intervention exigeait que l’issue du vote du 28 mars constitue le point final de la Question jurassienne, ce qui devait être répété haut et fort. Et écrit dans le journal Moutier.ch. Là encore, le Conseil propose (symboliquement) le rejet de la motion, tout en affirmant que «la votation, lorsqu’elle sera entrée en force, (y) mettra un terme comme reconnu» dans la Déclaration d’intention de2012 et la Feuille de route de 2015.

Un premier jalon le lundi 8
Même si la date de l’envoi du matériel de vote est connue depuis que la Confédération a communiqué celle du scrutin, en octobre 2020, il n’est sûrement pas inutile de rappeler qu’il s’agit du 6mars. Celui-là sera envoyé en courrier A+ aux ayants droit de la Prévôté, qui le recevront ainsi le lundi 8. Une date choisie pour éviter toute confusion avec les votations communales, cantonales et fédérales du dimanche 7.

Le lundi, l’Office fédéral de la justice (OFJ) sera d’ailleurs présent à Moutier pour distribuer une partie du matériel de vote à certaines personnes des EMS et de l’Hôpital. Question de sécurité. La même matinée, l’OFJ apposera les scellés aux urnes destinées à recueillir la volonté populaire.

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