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Bienne

«Notre culte de Noël va surprendre»

Trois pasteurs de la Paroisse réformée française de Bienne donneront samedi à l'église du Pasquart un culte de Noël résolument moderne qui brise les codes établis.

Luc Ramoni, Pierre-André Kuchen et Nadine Manson (de g. à dr.) veulent faire du culte de Noël une fête. Photo Daniel Mueller

Didier Nieto

Un pasteur vêtu d’une robe noire qui prêche perché sur son ambon. Les paroles de «Entre le bœuf et l’âne gris» qui brisent soudainement le silence. Les notes solennelles d’un orgue qui rebondissent contre les pierres froides d’une église. Les cultes de Noël véhiculent parfois – souvent? – une image austère et rigoriste. Cette année, la Paroisse réformée française de Bienne promet de donner un coup de pied dans la fourmilière.  Sa cérémonie de samedi prochain à l’église du Pasquart se veut un véritable contre-pied à la tradition établie. «Nous allons surprendre, nous le savons», prévient même la pasteure Nadine Manson, qui donnera le culte accompagnée de ses collègues Luc N. Ramoni et Pierre-André Kuchen.
Exit donc les robes pastorales et le prêche sentencieux. «Notre culte sera comme un sketch. Nous jouerons le rôle de trois animateurs de radio qui discutent de Noël et qui choisissent des morceaux de musique», poursuit la pasteure. L’orgue sera lui remplacé par le quatuor Saxophonite, qui apportera immanquablement une petite note jazzy à la soirée. Pour le reste, Nadine Manson préfère ne pas en dévoiler davantage, de peur de gâcher l’effet de surprise. «Mais ce que je peux encore dire, c’est qu’on va rigoler et s’amuser!»

Certains mécontents
La Paroisse réformée n’en est pas à son coup d’essai. Elle organise des cultes du 24 décembre «avant-gardistes» depuis trois ans. «Nous avons cherché à nous distancer du côté savant qui colle aux cérémonies religieuses. Et Noël est avant tout un moment de fête et de joie. Nous voulons que ce moment se prolonge à l’église», explique la pasteure.
En 2014, elle et ses deux collègues ont donc fait équipe pour la première fois afin de donner un culte à plusieurs voix, «ce qui est déjà très inhabituel», assure-t-elle. Les trois pasteurs avaient proposé un tableau pour le moins original. «Nous nous étions déguisés en anges et à un moment nous avions même sorti nos smartphones», se souvient Luc N. Ramoni. Une mise en scène et une incursion technologique qui avaient mal passé auprès de plusieurs paroissiens. «Certaines personnes habituées aux veillées traditionnelles ont reçu un choc et ont dit qu’elles ne reviendraient plus. Mais c’est normal: c’est comme si elles s’attendaient à manger de la bûche et qu’on leur servait des surimis. D’autres ont apprécié, mais auraient préféré qu’on réserve un tel traitement à un autre culte que celui de Noël», relève Nadine Manson, en assurant que cette première cérémonie revisitée avait aussi son lot d’admirateurs.  

S’adapter au public
La Paroisse ne craint-elle tout de même pas de se mettre ses fidèles à dos en empruntant de nouveaux sentiers? «Notre intention n’a jamais été de choquer, mais de proposer une manière moderne de vivre un événement. Et si nous innovons sur la forme, nous respectons les attentes des paroissiens sur le fond: nous parlons du sens de Noël et récitons les textes incontournables», insiste Luc N.Ramoni. Le culte de samedi, intitulé «Noël, c’est déjà Pâques», aura d’ailleurs pour thème la lumière, «dont le retour progressif après le solstice d’hiver représente la naissance de Jésus».  
Le culte de Noël a cependant pour particularité, continue le pasteur, d’attirer un public qui ne se rend pas à l’église le reste de l’année. «En proposant quelque chose de différent, nous nous adaptons aussi à une audience inhabituelle. Et changer nos pratiques permet aussi au message de passer différemment», poursuit-il, en admettant que les cérémonies religieuses souffrent parfois d’une image un peu poussiéreuse.   

Une exception
Le culte de Noël reste toutefois la seule cérémonie de l’année durant laquelle les pasteurs de la paroisse se permettent autant de briser les codes. «Nous essayons systématiquement d’adopter une approche moderne et interactive durant nos cultes. Mais comme nous en donnons un par semaine, il n’est pas toujours facile de se réinventer», indique Luc N. Ramoni.
Et pour ceux qui ne goûteraient pas à l’avant-gardisme durant cette période de fêtes de fin d’année, le pasteur rappelle que les cérémonies du 25 décembre et du 1erjanvier s’inscrivent, elles, parfaitement dans la tradition.

Culte de Noël. Donné par la Paroisse réformée de Bienne samedi 24 décembre à 23h à l’église du Pasquart (fbg du Lac 99a). www.ref-bienne.ch

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