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Bienne

«Notre institution pourrait disparaître»

La Bibliothèque de la Ville pourrait perdre la moitié de ses subventions dès 2018. Cette coupe n’interviendrait cependant qu’à la création du Campus Biel/Bienne

Face aux coupures budgétaires, la bibliothèque envisage de revoir son offre à la baisse et de réduire ses heures d’ouverture. Photo ©: Archives

Kevin Schlüter

Et si la Bibliothèque de la Ville disparaissait en 2018? Face aux mesures d’économies préconisées par le Conseil municipal, le directeur de l’institution Clemens Moser n’hésite pas à envisager le pire des scénarios: «Par rapport aux services que nous proposons, les moyens financiers actuellement à notre disposition sont relativement modestes. Une diminution radicale de nos subventions serait synonyme de fermeture.»

Pour rappel, l’exécutif a présenté mi-mars son projet d’assainissement durable des finances. Il propose notamment une série de 64 mesures d’économies. Parmi les coupes envisagées, la Ville prévoit d’amputer les subsides octroyés à la bibliothèque d’un million dès 2018. En conséquence, les aides financières du canton et de la Conférence culturelle régionale Bienne diminueraient également, de manière proportionnelle. Au final, l’établissement verrait le total de ses aides financières diminuer de près de moitié, passant de 2,8 à 1,5 million.

Pas de nouveaux livres

La bibliothèque emploie actuellement 32 collaborateurs et forme deux apprentis. «Avec les coupes prévues en 2018, nous pourrions à peine payer leurs salaires. Pour économiser, nous devrions diminuer leur taux d’activité, ce qui équivaudrait à restreindre nos heures d’ouvertures. Ou alors licencier», soupire Clemens Moser. Autre conséquence des coupes budgétaires, l’établissement devrait revoir ses prestations à la baisse: «Nous devrons notamment renoncer à acquérir de nouveaux livres, ce qui est totalement impensable. Mieux vaut fermer. Nous envisageons sérieusement la disparition de notre institution.»

D’après le directeur, les conséquences néfastes pour la bibliothèque de Bienne s’étendraient aussi aux communes alentours. «Nos offres profitent à toute la région. En 2014, un huitième de nos abonnés provenaient du Jura bernois et du Seeland. De plus, nous soutenons activement plusieurs petites bibliothèques communales, notamment à Nidau, Cerlier et Saint-Imier», souligne-t-il.

Intégration au Campus

Outre la réduction des subventions, l’exécutif envisage également de regrouper la Bibliothèque de la Ville et celle de la Haute Ecole spécialisée bernoise (HESB) au sein du Campus Biel/Bienne qui doit naître derrière la gare. «Ce n’est encore qu’une vision. Mais l’idée serait de créer un lieu de convergence pour tous les lecteurs, qu’ils soient des particuliers ou des étudiants», explique Cédric Némitz, directeur de la Formation, de la culture et du sport. Au travers de cette réunification, les autorités biennoises espèrent réaliser des économies sur la gestion et sur les loyers, diminuant ainsi l’impact des mesures d’économies pour la Bibliothèque de la Ville. Selon le plan d’assainissement des finances, cette mesure d’économies serait effective dès 2018.

Un argument qui ne convainc pas Clemens Moser. «Ce projet est loin d’être sur la table, il n’a même pas encore été discuté avec le directeur de la HESB. Je doute fortement qu’il aboutisse à temps. En 2018, nous devrions donc nous acquitter du même loyer qu’aujourd’hui, soit 750000 fr. par an. Suite aux coupes budgétaires, ce montant représenterait à lui seul près la moitié de nos fonds», souligne-t-il.

Et Cédric Némitz de répondre: «Il est en effet utopique d’espérer la création d’une nouvelle institution à l’horizon 2018. C’est pourquoi nous nous engageons à ne réduire nos subventions à la bibliothèque qu’au moment où le Campus Biel/Bienne verra le jour. L’application pourrait donc être retardée de quelques années. De toute manière, l’ensemble des mesures d’assainissement doit d’abord passer la rampe du parlement la semaine prochaine. Dans le domaine de la culture, elles seront ensuite étudiées et clarifiées. La décision finale sera soumise à la votation populaire.»

Triste anniversaire

L’idée de fusionner avec la HESB est loin de réjouir le directeur de la bibliothèque:«Le projet est absurde. Nous n’avons pas du tout la même clientèle. Les ouvrages de notre catalogue sont principalement destinés aux enfants et aux familles, pas aux étudiants. De plus, nos collaborateurs ne sont pas formés à conseiller des universitaires.»

Clemens Moser regrette également que les mesures d’économies soient annoncées l’année où l’institution souffle ses 250 bougies: «C’est un triste hasard. Mais nos festivités, qui se déroulent du 11 au 20 juin, en deviennent d’autant plus importantes. Pour sa survie, la bibliothèque doit faire du bruit.»

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