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Moutier

«Nous ne voulons plus servir d’alibis»

Les élus antiséparatistes au Conseil de ville ont expliqué leur décision de démissionner du législatif. Ils préfèrent laisser leur place à des personnes motivées par le projet de rejoindre le Jura.

Morena Pozner, Patrick Roethlisberger, Patrick Tobler et Steve Léchot (de g. à d.) ont expliqué les raisons de leur départ du législatif. Stéphane Gerber

Par Sébastien Goetschmann

«Ce n’est pas une décision émotionnelle, elle a été mûrement réfléchie et discutée au sein des différents partis», a expliqué le PLRSteve Léchot, hier en conférence de presse, à propos de la démission de 13membres probernois du Conseil de ville et de diverses commissions (lire LeJdJ d’hier). PSJB, UDC et PLR ont donc abandonné le navire en bloc. Seul Francis Pellaton (Moutier à venir) ainsi que les membres de l’exécutif ont résisté à cette vague de départs.

«C’est avec regrets que nous quittons toutes nos fonctions politiques», a, pour sa part, assuré Patrick Tobler (UDC). «Nous avions espoir de pouvoir œuvrer pour le bien de la ville. Force est de constater que cette fichue Question jurassienne a empêché toute décision politique sensée.» La résolution acceptée lundi par le Conseil de Ville pour accélérer le transfert dans le canton du Jura aura été la goutte de trop.

Pointée du doigt, la gestion financière de la cité prévôtoise a aussi été évoquée comme argument pour expliquer ces démissions. «Il y a tromperie derrière cet exercice, un manquement grave au devoir de respect du citoyen», a affirméPatrick Tobler.

«Depuis des années, le PLR tire la sonnette d’alarme afin que le Conseil municipal prenne des mesures efficaces pour enrayer le déficit structurel d’1million. Mais nous n’avons jamais été entendus par la majorité séparatiste, qui a toujours balayé nos propositions», a ajouté Patrick Roethlisberger, en relevant plusieurs dossiers à problèmes comme l’école ménagère, les Pavillons de la Birse ou la rénovation des vestiaires et de la buvette de la piscine. «On nous a sciemment dissimulé la vérité pour que ces projets soient acceptés.»

«Nous ne pouvons plus être coresponsables d’une politique nocive pour la ville et que nous ne cautionnons pas», a lancé Steve Léchot.

En guise de bravade, Patrick Tobler a proposé une suggestion pour assainir les comptes communaux: «Supprimer le Conseil de Ville et revenir à une assemblée municipale. Cela refléterait parfaitement la dégradation de Moutier au rang de village périphérique de Delémont qui attend notre commune.»

Quant à savoir si ces démissions ne reviennent pas à faire faux bond à toute une frange de la population, Morena Pozner (PSJB) le réfute. «Personnellement, je ne me sens pas capable de l’aider dans ce projet de rejoindre le canton du Jura. Je me suis toujours battue, et je continuerai de le faire, pour une ville qui rayonne dans un Jura bernois fort, mais n’ai été soutenue dans aucun dossier par les autonomistes. Je me sens inutile au sein de ce Conseil de Ville et je ne veux pas jouer la pom-pom girl.» Patrick Tobler a, lui, soutenu que les partis ne disparaissent pas et qu’il sera toujours possible d’exercer des pressions politiques, par un référendum, une pétition ou un communiqué.

C’est donc avec l’impression d’avoir été systématiquement minorée que la partie probernoise tire sa révérence. «Nous étions uniquement des alibis, puisque lors de l’élection du Bureau, on nous avait clairement refusé le siège de 1er vice-président, qui nous revenait de droit», a clamé Patrick Roethlisberger.

 

Ne pas être un frein
«Nous ne voulons pas être un frein aux illusions du camp qui a gagné, mais nous ne pouvons pas soutenir ce projet qui n’est pas le nôtre», a justifié Partick Tobler. «Il faut laisser la place à ceux qui sont motivés par cette perspective.»

La réconciliation, appelée par les autonomistes au lendemain du vote du 28mars, n’aura donc pas eu lieu, du moins au Conseil de Ville. «Aucune table ronde n’a été organisée par les vainqueurs. Cette volonté de réconciliation n’était au final que de vains mots», a regretté Steve Léchot. Le divorce est désormais définitivement prononcé.

 

Adieu Moutier
Interrogés sur leur intention de rester ou non à Moutier, les quatre élus ne se sont pas cachés. «Apparemment, certains avaient déjà les plans de ma future maison, à Corgémont», a plaisanté Morena Pozner. «Je déménagerai peut-être, mais ce sera une décision personnelle», a-t-elle ajouté. Steve Léchot non plus n’exclut pas la possibilité de s’en aller. «Lorsque je suis arrivé à Moutier, il y a 30ans, c’était une ville sympa. Le séparatisme a tout lessivé», a-t-il déploré.

«Jeunes, quand on descendait de la montagne, on arrivait à London», a relaté Patrick Tobler. «Aujourd’hui, la cité a perdu de sa prestance. Personnellement, il y a de fortes chances que je parte, mais pour des raisons sentimentales et non politiques.» Même son de cloche chez Patrick Roethlisberger. «J’ai toujours dit que je partirais, mais pas dans la précipitation», a indiqué celui dont l’entreprise de mécanique risque bien de s’expatrier également.

Désormais, chaque élu doit démissionner formellement et individuellement. Selon les quatre représentants UDC, PLR et PSJB, il est fort probable que les viennent-ensuite refusent aussi de siéger. Des élections complémentaires devraient donc être organisées.

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