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«On nous a volé la plus grosse courge du potager!»

Symbole de la relation de voisinage qui unit la Residenz au Lac et le X-Project, le petit jardin intergénérationnel a été pillé cette semaine. Un coup dur pour les aînés qui se chargeaient de l’entretenir.

Walter Sonderegger, Paul Züttel et Paul Burger (de g. à dr.) étaient très impliqués dans l’entretien du potager. dni

Par Didier Nieto

La consternation est immense. La déception l’est encore plus. «On avait travaillé toute la saison, on s’était donné beaucoup de peine et voilà le résultat», soupirent Pierre Burger, Paul Züttel et Walter Sonderegger. Les trois pensionnaires de la Residenz au Lac ne cherchent à masquer ni leur amertume, ni leur tristesse. Au début de la semaine, le petit jardin entretenu conjointement par le home et le X-Project a été pillé. Les voleurs ont dérobé des légumes et, surtout, la plus grosse courge du potager. «Elle devait bien faire dans les cinq kilos et elle était prête à être cueillie», regrette Paul Züttel. «Je n’arrive pas à comprendre qu’on vole quelque chose qui vaut cinq francs au magasin.»
Le fruit était destiné à la préparation d’une soupe qui aurait été servie à tous les résidants de l’établissement médico-social. «Ce n’est pas une grosse perte matérielle», tempère Pierre Burger. «Mais moralement, c’est un coup dur.»

Etonnante connexion
Les trois pensionnaires étaient très impliqués dans l’entretien du potager. Particulièrement au cours des dernières semaines, «car il fallait chaque jour beaucoup arroser à cause de la chaleur», souligne Walter Sonderegger. Ils avaient aussi participé, au printemps, à l’achat des graines et des plantons de légumes et à leur mise en terre. «On est allé faire les courses ensemble avec les jeunes du X-Project. Mais ce sont eux qui se sont chargés de retourner le sol», raconte Pierre Burger.
Créé il y a quatre ans le long de la rue d’Aarberg, le jardin représente bien plus qu’un modeste lopin de terre où poussent des légumes et fleurissent quelques tournesols. Il symbolise l’étonnante connexion entre deux institutions que tout oppose, mais qui cultivent avec soin leur relation de voisinage. «L’échange entre les générations est une vraie richesse qui favorise la compréhension mutuelle entre les seniors et les jeunes. Et pour les uns comme pour les autres, il est intéressant de partager des activités et des connaissances», s’accordent Marisa Halter et Marc Kaufmann, directeurs respectifs du X-Project et de la Residenz au Lac.

«Je les regretterai»
Pour développer les échanges, l’EMS et le centre socioculturel multiplient depuis cinq ans les projets communs: grillades, soirées jass, marché aux puces... «Ces jeunes, ils sont sensationnels. La dernière fois, ils ont joué de la musique, c’était la fête. Ils amènent de la vie. Sans eux, on ne verrait que des vieux!», s’amuse Pierre Burger. «J’ai toujours du plaisir à discuter avec eux. Mais vous savez, quand j’avais leur âge, je ne prêtais pas trop attention à ce que me racontaient les vieilles personnes, qui me rabâchaient les oreilles avec ce qu’il fallait faire et ne pas faire. Les jeunes d’aujourd’hui pensent sans doute la même chose de moi, c’est normal.»
Le pensionnaire appréhende déjà le départ du X-Project, qui, selon le calendrier actuel, ira s’installer au chemin de la Course en 2020. «Ce sont de bons voisins, je les regretterai, c’est sûr.» Ce déménagement ne signifiera cependant pas forcément la fin de l’idylle entre les deux institutions. «Nous ne laisserons pas tomber notre relation», insiste Marisa Halter. D’autant que, depuis peu, la crèche Kids-o-Lac, installée dans les murs du home, est aussi impliquée dans des projets intergénérationnels.

Pas de repos
L’une des prochaines réunions entre le X-Project et laResidenz au Lac aura lieu en octobre. Les aînés et les jeunes se retrouveront autour d’une raclette, accompagnée des pommes de terre qui poussent dans le jardin et qui ont réchappé au pillage. Après la récolte, le potager sera laissé de côté jusqu’au printemps, où la collaboration entre les deux institutions reprendra. Mais la pause hivernale ne signifie pas repos pour Pierre Burger, Paul Züttel et Walter Sonderegger. Ils veilleront à la bonne santé des bacs à herbes aménagés depuis peu sur la terrasse de l’EMS, et dont les feuilles servent à assaisonner les plats servis aux résidants. «Après le vol de la courge, j’étais vraiment déprimé. Et je n’avais plus envie de travailler au jardin, ni d’arroser les bacs», confie Paul Züttel. «Mais les cuisiniers ont besoin des herbes et des légumes. Alors il faut bien qu’on continue de s’en occuper!»

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