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Moutier

Ours, serpent de mer et soupe de chiffres au menu

Présenté par le Conseil municipal au législatif, le projet de l’école ménagère a fait l’unanimité, ce soir. Mais contre lui, puisqu’il a été jugé incomplet et renvoyé. Il a, bien sûr, aussi été question d’emplois cantonaux...

Avant de cuisiner au passage de l’Ours 8, les élèves devront encore patienter. Archives Dan Steiner

Par Dan Steiner

D’aucuns se souviennent ou consomment encore ces potages industriels dans lesquels baignent des pâtes en forme de lettres et de nombres. Eh bien c’est un peu une soupe de chiffres à laquelle a eu droit le Conseil de ville de Moutier, qui s’attablait pour la première fois de l’année ce soir, avant-dernière séance avant le vote communaliste du 28 mars. Ours et serpent de mer ont complété un menu étonnement frugal.

Ces deux derniers ont constitué les ingrédients principaux du plat de résistance. Les membres du législatif avaient en effet été conviés par le Conseil municipal à choisir une variante pour que les écolières et écoliers puissent enfin cuisinier dans des locaux au top. Ils devront encore ronger leur frein un moment à la rue du Clos. A deux abstentions près, le législatif a en effet voté le refus d’entrée en matière!

Auteure d’une motion acceptée sous forme de postulat demandant d’étudier la solution de l’école ménagère dans des conteneurs, Chantal Mérillat (RPJ) s’est dite «vraiment désolée» de vouloir retoquer le projet, néanmoins consciente de la nécessité qu’il aboutisse. «En juin 2020, nous avions bien précisé que nous serions vigilants et que nous attendions une étude de notre proposition assez approfondie pour que les projets soient comparables», a-t-elle rappelé.

«En résumé, un dossier comparatif techniquement et financièrement.» Dans son rapport, le Conseil municipal a en effet proposé une variante de location ficelée, à 85'000 fr. par an sur deux décennies, mais seulement «copié» la proposition des conteneurs modulables selon les besoins des usagers et peu onéreux du RPJ...

Refermé, le chapitre du Clos?
D’autres groupes ou partis ont suivi cet argumentaire, dont l’Ensemble-Prévôtois, qui, par la voix de Morena Pozner (PS), a relevé qu’il restait trop de questions sans réponse. Le collectif s’est par exemple étonné qu’on écarte d’emblée la solution des locaux actuels du Clos, dont le coût de la rénovation s’élèverait à 1,8 million de francs (contre 1,7 pour la location du passage de l’Ours), mais qui permettrait à la Ville d’en être propriétaire.

Responsable du dicastère des Bâtiments, le conseiller municipal Valentin Zuber a d’emblée noté l’importance de l’avis du législatif, qui «doit être convaincu, car c’est une démarche conjointe». Cette non-entrée en matière permettra ainsi à l’exécutif de discuter avec le propriétaire du bâtiment du passage de l’Ours, Laurent Schaffter.

Quant à la variante du Clos, elle n’est financièrement pas acceptable, a répondu Valentin Zuber. Proposée à la vente pour 140'000 fr., il y a quelque temps, la bâtisse vaudrait plutôt 300'000 fr., actuellement. Ce qu’a contesté Morena Pozner, selon les propres recherches d’Ensemble-Prévôtois. On y reviendra, une fois de plus.

Compte toujours, tu m’intéresses
Avant de se refarcir ce serpent de mer, les groupes y étaient allés de leurs traditionnelles déclarations, dont le but est de savoir si l’Ours est mal léché ou non. La quadrature du cercle, donc. On est évidemment revenus sur la salade de chiffres du canton de Berne concernant les emplois cantonaux à Moutier. «Lors du premier vote, Berne avait honteusement tenté de tromper la population en ‹oubliant› 10 millions de francs de recettes fiscales», s’est étranglé Julien Berthold, porte-parole de l’Entente jurassienne. «Quatre ans plus tard, les méthodes n’ont pas changé: Berne a manifestement manipulé les chiffres et s’est fait prendre à nouveau.»

Le couteau entre les dents, Patrick Tobler, pour le compte des non-séparatistes, a rétorqué que les explications dans Le JdJ d’aujourd'hui du vice-chancelier bernois, David Gaffino, avaient bien «remis les pendules à l’heure». Puis il a tenu à rappeler que c’est grâce à l’Ours et aux dirigeants de l’établissement que la pérennisation de l’Hôpital de Moutier est en bonne voie. En dessert: arguments gelés en faveur du non le 28 mars. Il est probable qu’on en reparle aussi prochainement.

Dans un autre registre, la Commission de gestion et de surveillance a tenu à apporter une modification à son rapport sur l’organisation de la police en Prévôté, qu’elle a étudiée pour l’une de ses deux analyses annuelles au sujet du fonctionnement de l’administration communale. En effet, les coûts pour l’année 2009 de la police, à cette époque encore scindée entre forces de l’ordre municipales et cantonales, n’étaient pas représentatifs.

Du coup, on a pris la moyenne de 2005 à 2008. Reste que les 558'837 fr. de dépenses nettes annuelles moyennes restent 20% moins élevées que les 642'368 fr. de 2019, et ce malgré un EPT en plus qu’actuellement. Un rapport accepté à la quasi-unanimité.

On rediscutera des chiffres avec la Berne fédérale
Comme l’aurait dit si «bien» l’entrepreneur-imposteur vaudois Jean-Pierre Fanguin, les questions d’hier, elles ont vite été répondues. Le Conseil municipal a estimé qu’on ne pouvait pas en faire plus pour lutter contre les tiques ou les plantes néophytes, que l’Ecole de maturité spécialisée, filière du Gymnase de Bienne, n’allait pas déménager, et que la Fondation Gobat pour la paix, bien qu’étant une initiative louable, ne faisait pas l’objet d’une dépense indispensable pour la Ville.

Pour la bonne bouche, on a refait un tour du côté de la Question jurassienne. Lucie Scaiola (PSA) a posé toute une série de questions au sujet des emplois cantonaux, demandant si l’exécutif est prêt à exiger un rapport indépendant ou à... recourir. Le responsable des Affaires jurassiennes, Valentin Zuber, a rappelé l’intention de l’exécutif de calmer le jeu quoiqu’il se passe et que la question des chiffres sera débattue lors de la prochaine séance tripartite.

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