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La Poste

Pas de quoi monter aux barricades

Deux élus socialistes demandaient au Conseil exécutif d’intervenir pour lutter contre les fermetures annoncées d’offices postaux.

Contrairement aux deux auteurs du postulat, le gouvernement estime que les agences postales, comme ici, n’ont pas que des désavantages.

Philippe Oudot

La nouvelle avait fait l’effet d’une bombe, le 26 octobre dernier: le Géant jaune annonçait en effet son intention de fermer 500 à 600 offices de poste dans le pays. De quoi pousser le député et syndicaliste Daniel Hügli (PS, Bienne) et sa collègue de parti Béatrice Stucki à monter au front. D’autant que La Poste, qui fait face à l’opposition grandissante de la population dans ce dossier, veut entraîner les gouvernements cantonaux pour mieux faire passer la pilule.

Craignant que les cantons et les communes ne se lancent dans un marchandage autour des derniers offices de postes restants et que cela ne soulève des tensions entre cantons, communes et quartiers des villes, les deux élus avaient déposé en novembre dernier un postulat urgent. Ils priaient le Conseil exécutif «d’étudier comment il pourrait s’opposer à la fermeture d’offices de poste sur le territoire cantonal, un mouvement qui entraîne une réduction du service public dans les communes». Dans la foulée, il lui demandait d’établir un rapport proposant des solutions «pour impliquer les communes très tôt dans le processus au lieu de les mettre devant le fait accompli».

Pas une bonne alternative
Pour Daniel Hügli et sa collègue, le système d’agence promu par La Poste en guise d’alternative aux offices de poste classiques n’est pas une bonne solution de substitution. En effet, expliquaient-ils, les agences ne peuvent effectuer ni remboursement sans titre, ni paiements en espèces supérieurs à 500 fr.

Qui plus est, elles ne peuvent remettre ni actes judiciaires, ni actes de poursuite, ni même ouvrir de compte ou procéder à des identifications. Bref, «ce système désavantagerait les quartiers et les communes sans office de poste, ce qui n’est pas sans effets sur la politique locale et régionale, et sur la cohésion cantonale».

La forme peut varier
Tout comme Daniel Hügli, le Conseil exécutif juge «capital» pour l’économie et la population de disposer des services postaux de qualité. Cela figure d’ailleurs dans le Plan directeur cantonal 2030. «Il est donc essentiel de disposer d’une offre satisfaisante, couvrant les besoins de chaque commune et de chaque quartier.» Il observe en revanche que la forme de cette offre peut varier. «Il s’agit d’évaluer au cas par cas, en tenant compte de toutes les circonstances, si les prestations doivent être fournies par un office de poste traditionnel ou par d’autres points d’accès», souligne-t-il.

Pour le Conseil exécutif en effet, les solutions proposées par La Poste peuvent aussi pallier les désavantages mis en évidence dans le postulat. Le Géant jaune prévoit par exemple d’augmenter le nombre de points d’accès. Les offres des agences peuvent être développées en fonction des besoins, et les heures d’ouverture sont plus longues que celles des offices de poste, parfois même 24h sur 24. Dans ce contexte, estime le gouvernement, «les agences postales peuvent revêtir un certain intérêt sous l’angle de la politique régionale, étant donné qu’elles renforcent les commerces de détail locaux et contribuent ainsi à leur maintien sur le long terme».

Au cas par cas
Comme le relève le gouvernement, La Poste entend collaborer avec les cantons concernant les modifications qu’elle planifie. Elle mène le dialogue sur le réseau des offices de postes directement avec les régions d’aménagement, les conférences régionales et les villes de Berne, Bienne et Thoune. La mise en œuvre des mesures prévues doit donc être élaborée «au cas par cas», souligne-t-il.

Pour le Conseil exécutif, il n’y a donc pas lieu de lutter contre les modifications du réseau postal, comme le demandent les auteurs du postulat, mais plutôt «de chercher la meilleure solution en ce qui concerne l’approvisionnement en matière de services postaux en dialoguant avec toutes les parties concernées. Ainsi, les communes ont la garantie d’être prises en considération suffisamment tôt dans le processus.»

Estimant que le processus en cours répond d’ores et déjà à la requête formulée dans ce postulat, le gouvernement propose au plénum de l’adopter et de le considérer comme étant comme classé.

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