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Tramelan

Passionné d’arts et de ski

S’il est principalement connu dans les colonnes du JdJ pour ses photographies, Siegfried «Sigu» Scheidegger est un touche-à-tout aux multiples centres d’intérêt.

Siegfried Scheidegger, dit Sigu, passe de l’autre côté de l’objectif, devant le cinéma de Tramelan dans lequel il œuvre à la projection. SGO

Par Sébastien Goetschmann

Bien connu dans le village, et au-delà, Siegfried, dit Sigu, Scheidegger est un grand amateur de sports et aussi d’arts, dans ses formes les plus diverses. Si la photographie trace un fil rouge tout au long de sa vie, elle est toujours reliée à l’une de ses nombreuses passions.

«Je me suis mis à la photo un peu par hasard», concède ce pur autodidacte. «A l’âge de 20ans, je faisais de la moto, cross et trial. Après une blessure au genou, j’ai eu peur de remonter en selle, alors j’ai commencé à suivre les compétitions derrière un objectif. A l’époque, je développais aussi mes clichés noir blanc moi-même.»

Ses sujets de prédilection sont les événements sportifs, les concerts, les paysages et le ciel sous toutes ses coutures.

 

Fada d’or blanc et d’Afrique
Enfant déjà, la pratique du ski tient une place importante durant les rudes hivers que l’on connaissait à l’époque. «Lorsque je ne devais pas aider mes parents à la ferme, je passais toutes mes heures libres sur les petites pentes de la montagne du Droit. Par la suite, j’ai fait beaucoup de camps de ski, surtout avec les écoles de Bienne et de Péry et j’ai même participé à quelques courses contre certains cadres nationaux de l’époque. Mais les seules que j’ai pu remporter se limitaient à la région», rigole-t-il.

Des années plus tard, son travail consistera à farter et remettre en état les skis de tous les habitants de la région, dans l’entreprise Geiser. «Mon boulot rejoint ainsi ma grande passion, bien que cela m’empêche moi-même de chausser les lattes autant qu’avant», regrette-t-il légèrement.

Auparavant, il avait effectué un apprentissage de mécanicien-électricien chez Kummer Frères SA, puis travaillé durant trois ans dans un petit atelier de la Boillat, à Reconvilier. «Mais bosser en usine ne me convenait absolument pas », dit-il, avouant avoir bien trop souvent scruté l’horloge.

Il se présente donc chez Geiser pour y faire de la charpenterie, puis on lui confie le travail et la location des skis à la fin des années 90.

Au milieu de ce parcours se glisse un intermède africain. Durant trois ans et demi, il a vécu dans le petit village de Koyon, au Tchad, pour y construire un hôpital. «J’habitais une case ronde couverte de paille, sans électricité ni téléphone, dans ce bled qui se trouvait totalement coupé du monde durant trois mois par année, à cause des inondations.»

Sur place, il joue le rôle de chef de chantier et forme les ouvriers tchadiens dans une région qui garde les séquelles d’une guerre civile à peine terminée. «Il existait encore des zones de conflit toutes proches et nous recevions parfois des blessés à l’hôpital», se remémore-t-il.

 

En avant la musique
Marqué par des groupes, comme Deep Purple ou encore des monuments de la chanson française que sont Higelin, Renaud ou Brel, Sigu ne se cantonne pas aux grands classiques. «J’écoute de tous les styles: pop, rock, jazz, musique classique, reggae africain et même du hip-hop. Mais pas de la musique traditionnelle suisse, que j’ai sûrement trop entendue étant enfant», assène celui que l’on peut croiser dans presque tous les concerts de la région, un appareil photo fixé au poing.

S’il s’est essayé à divers instruments, harmonica, guitare et clavier, entre autres, c’est avec sa voix que Sigu exprime lui-même le mieux sa passion musicale. «Je fais du chant choral depuis mes 16ans, longtemps avec l’ensemble vocal d’Erguël. Je suis également parti au Paraguay et au Brésil, avec la chorale mennonite, pour la conférence mondiale de l’église, en 2019. Nous avons chanté durant presque 20jours dans les quatre langues nationales.»

Naturellement, il appréhende aussi la musique à travers ses images. «J’ai rencontré de nombreux musiciens, principalement régionaux, dont certains comme Christophe Meyer et Kiki Crétin sont devenus des amis. J’ai aussi pu croiser quelques artistes de renom, tels que Patricia Kaas ou Stéphane Eicher, lorsque j’étais stage manager au festival Mont-Soleil. Je me souviens tout particulièrement du groupe Tryo, tellement accessible et avec qui on a fait la fête toute la nuit!»

Finalement, amateur de 7e art, Sigu s’investit au Cinématographe de Tramelan, où il est opérateur depuis plus de 25 ans. «D’ailleurs, normalement, je passe mes vacances d’été à Locarno au festival du film.» Dans ce domaine aussi, ses goûts sont variés et souvent hors des sentiers battus, à l’image du personnage.

 

Bio express

Enfance à la montagne:
Siegfried Scheidegger est né le 3 avril 1957. Il grandit dans la ferme familiale, sur la montagne du Droit, avec ses trois sœurs et suit toutes ses années d’école à Tramelan.

Formation professionnelle:
Toujours à Tramelan, il fait un apprentissage de mécanicien-électricien chez Kummer. Un bref passage à la Boillat, à Reconvilier et il revient dans son village comme charpentier, puis au service et à la location de skis.

Incartade en Afrique:
Dans les années 80, il passe un total de trois ans et demi dans un petit village du Tchad, pour y construire un hôpital.

Du temps pour ses passions:
D’ici deux ans, s sera à la retraite, mais entre la photo, le cinéma, la musique et tout le reste, il n’aura pas le temps de s’ennuyer.

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