Vous êtes ici

Abo

Tavannes

Période creuse pour la fondation Digger

Pas encore de sortie de crise pour les spécialistes du déminage, bien que quelques nouveaux projets se dessinent gentiment.

Gentien Piaget, vice-directeur de la fondation Digger, espère pouvoir rapidement se rendre dans les pays où des projets sont en cours. Sébastien Goetschmann

Par Sébastien Goetschmann

Comme pour la plupart des PME, dire que la situation financière de la fondation Digger est compliquée relève de l’euphémisme. «Les choses commencent à nouveau à bouger un peu», estime Gentien Piaget, vice-directeur. «Nous avons reçu une quinzaine de demandes, mais nous savons déjà que la plupart ne vont pas aboutir à un projet concret.»

Selon le responsable des opérations et du support technique, plusieurs demandes ne donneront rien car elles ne servent qu’à comparer les prix des devis. Dans les sollicitations qui risquent de véritablement déboucher sur du travail, Gentien Piaget mentionne le Zimbabwe, un pays qui ne possède encore pas de machine estampillée Digger.

«Il faut savoir que pour qu’un dossier arrive à terme, il faut compter à peu près deux ans, entre la prise de contact, la recherche d’un partenaire fiable sur place et le temps de trouver le financement nécessaire pour construire la machine.»

On l’imagine aisément, l’entreprise tavannoise aura besoin d’activités avant deux ans pour espérer survivre. Le conseil et le suivi de projets déjà en cours pourraient constituer une solution. «Nous sommes demandés en Angola pour offrir de la formation et nous devons assurer le suivi au Cambodge, où nous avons envoyé un engin l’an dernier», poursuit Gentien Piaget. «Mais tant que nous ne pouvons pas nous rendre sur place, les choses ne vont pas avancer.»

 

Technologies d’avenir
Une autre voie à explorer est celle du dispositif SCRAPER, qui permet de télécommander une machine de chantier à distance, en étant totalement immergé dans l’habitacle du véhicule, grâce à un casque de réalité virtuelle connecté à une caméra stéréoscopique et aux manettes professionnelles identiques à celles de l’engin.

«C’est un outil qui pourrait très bien être utilisé pour déblayer les décombres à Beyrouth en toute sécurité», imagine le vice-directeur de Digger.

Cette technologie pourrait être une des clés de la survie de la fondation. En effet, depuis la signature du traité d’Ottawa, en 1997, sur l’interdiction des mines antipersonnel, on constate une diminution du nombre de mines autour du globe.

«Cependant, d’autres menaces comme des explosifs utilisés par Daech au Moyen-Orient se développent», nuance Gentien Piaget. «Nous devons donc nous adapter, par exemple avec SCRAPER ou en équipant les chiens détecteurs d’explosifs de harnais munis de GPS.»

Le dispositif de commande à distance pourrait aussi être utilisé lors de catastrophes naturelles. Mais le marché, particulièrement en Europe, s’avère être très fermé.

Articles correspondant: Région »