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Valbirse

Plan de carrière

Le projet de création d’un site d’extraction de roches à la bien nommée «Pierre de la Paix» est en dépôt public. Le dossier revêt une importance régionale, puisque le Jura bernois doit être autonome en la matière.

Le site de la «Pierre de la Paix», au nord de Malleray, fait partie des emplacements les plus adéquats pour accueillir une carrière dans le Jura bernois. Archives

Par Sébastien Goetschmann

Il a déjà fait couler passablement d’encre le projet de carrière à la «Pierre de la Paix», au nord de Malleray. Le plan de quartier relatif se trouve actuellement en dépôt public, à Valbirse. La population a jusqu’au 8 mars pour le consulter et, éventuellement, s’y opposer.

«C’est en effet un sujet très émotionnel, notamment pour les riverains et les habitués de la place de pique-nique qui, contrairement à une idée fortement répandue, ne sera pas touchée», concède André Rothenbühler, conseiller communal responsable de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’environnement, de l’énergie et des transports.

L’an dernier, une pétition dénonçant la création de la zone avait recueilli 472 signatures. Plus loin dans le temps, des voix s’étaient élevées lors de la séance publique d’information du 4 décembre 2018. «A part les objections de principe sur l’ouverture d’une nouvelle carrière, les remarques et critiques concernaient le trafic sur la route de Moron», relève André Rothenbühler.

Malheureusement, après avoir examiné d’autres choix, le Conseil communal a constaté que cette voie est la seule possibilité d’accès à la carrière. Il faut dire qu’à Valbirse, la plupart des citoyennes et citoyens n’ont certainement pas oublié ce qu’il s’est passé en 2013, lorsque les matériaux extraits du chantier de la Transjurane ont été acheminés à la carrière de PréRond. En moyenne, plus de 90 passages de camions par jour avaient été enregistrés. «Et certains redescendaient parfois très vite», admet le conseiller communal, qui met en cause une mauvaise gestion du dossier à l’époque. «Or ce n’est pas ce qui est prévu ici, avec un plafond fixé à 20 allers-retours par jour.»

Cependant, pour qu’un cas tel que celui lié à la Transjurane ne se reproduise pas, un groupe de travail comprenant des représentants de la commune, de la bourgeoisie propriétaire du terrain, de l’exploitant (l’entreprise Pierre Faigaux SA) et des riverains, a été créé avec l’objectif de proposer des mesures d’amélioration pour sécuriser le tronçon.

«Nous avons commencé par effectuer des comptages en trois endroits sur la route de Moron, en juin 2019», rappelle André Rothenbühler. «Nous avons constaté que ce sont les voitures qui constituent, de très loin, l’essentiel du trafic. Et même sur le tronçon le plus fréquenté qui se trouve dans une zone 30, une moyenne de 2710 véhicules par jour ne constitue pas une densité de trafic problématique selon les normes de l’Office des ponts et chaussées.» Le sentiment d’insécurité serait donc plus subjectif que réel.

 

Tracé sécurisé
Pourtant, le groupe ne s’est pas arrêté à cette analyse, en œuvrant sur trois axes principaux: la sécurité, le bruit et la densité du trafic. «Nous avons analysé tous les tronçons et arrêté 17mesures au total, dont une partie a déjà été réalisée», avance le conseiller communal. «Celles-là vont de la réfection de pans de trottoirs au déplacement de caissettes des BKW, en passant par la création de passages sécurisés pour les écoliers. A titre d’exemple concret, un dos-d'âne sera posé juste au-dessus du passage à niveau pour ralentir le trafic.» Dans le fond, le projet de carrière à la «Pierre de la Paix», qu’il soit finalement accepté ou non, aura permis de rendre le trajet quotidien des écoliers et des riverains plus sûr.

Le plan de quartier ayant été approuvé par tous les services cantonaux, il lui reste encore à passer l’écueil de ce dépôt public. «Des séances de conciliation auront lieu les 30 et 31mars», indique André Rothenbühler, qui s’attend naturellement à ce que le projet rencontre des oppositions. Ce n’est qu’ensuite qu’il pourra être soumis au Conseil général, normalement lors de la séance du 21 juin prochain.

 

 

Autonomie régionale exigée par le canton

La création d’une nouvelle carrière dans le Jura bernois fait partie du Plan directeur régional EDT, adopté en 2017, et qui vise à définir les sites prioritaires, en fonction des besoins. Ainsi, le canton exige que le Jura bernois soit autonome en ce qui concerne «l’extraction de gravier, de sable et de roches, la gestion des matériaux d’excavation, l’élimination des déchets de chantier minéraux et des matériaux inertes ainsi que le transport de matériaux lié à ces opérations». Ce qui n’est pas le cas actuellement.

Or il est extrêmement délicat de trouver un site adéquat dans nos contrées. «C’est un véritable casse-tête dans cette région karstique, qui plus est jalonnée de vallées habitées, de zones de protection des eaux, de zones forestières et d’un relief en pente qui rend de potentiels emplacements inaccessibles», énumère André Rothenbühler, en qualité de directeur de Jura bernois.Bienne, l’association des communes du Jura bernois, de Bienne et d’Evilard.

Suite aux refus essuyés tant à Tavannes qu’à Grandval, le Plan directeur régional d’extraction, de décharge et de transport des matériaux s’est concentré sur l’extension de la carrière des Combattes, à Tramelan, et sur la construction de celle de la «Pierre de la Paix», à Valbirse. «Si ce projet venait à être refusé, les possibilités d’ouvrir une nouvelle carrière s’amenuiseraient fortement. Il y aurait toutefois du potentiel du côté de Saint-Imier (Combe à la Biche) et de Sonvilier (La Chaux-d’Abel)», indique André Rothenbühler.

En dernier recours, si aucune solution n’est trouvée pour atteindre l’autonomie demandée, le canton pourrait imposer un plan de quartier. «Cela voudra dire que la région aura échoué à décider par et pour elle-même», conclut le directeur de Jb.B, en espérant ne pas devoir en arriver à de telles extrémités.

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