Profiter des compétences de chacun

Philippe Oudot

Depuis quelques années, certains offices de la Confédération ont introduit ce qu’on appelle des tandems générationnels, à la grande satisfaction de tous ceux qui y participent. C’est ce que rappelait la députée UDC de La Neuveville Anne-Caroline Graber par voie d’un postulat qu’elle avait déposé en mai dernier et dans lequel elle demandait au Conseil exécutif de favoriser une telle mesure au sein de l’administration cantonale.

Constituée d’un senior et d’un junior, une telle structure permet aux deux participants d’«accroître leurs compétences professionnelles et humaines», relevait-elle. A raison d’une heure par semaine, «le senior pourrait faire profiter le junior de son expérience et des savoirs acquis tout au long de l’exercice de sa fonction, alors que le junior pourrait enrichir le senior par ses compétences dans les nouvelles technologies et les nouveaux codes de la communication».

Meilleure productivité

Selon l’auteure du postulat, le canton aurait tout intérêt à offrir à ses collaborateurs ces tandems qui permettraient d’accroître le plaisir, ainsi que la motivation des participants «et, par voie de conséquence, d’augmenter la productivité de leur travail». Anne-Caroline Graber précisait que cette offre ne serait proposée que dans les domaines où cela ferait sens, et que ces tandems devraient rester facultatifs, «aussi bien pour les entités administratives que pour les collaborateurs».
Et d’ajouter comme ultime argument que les faibles coûts d’une telle offre seraient très largement compensés par l’accroissement de la productivité du travail, si bien que «la mise en œuvre de ce postulat n’impliquerait finalement aucun coût supplémentaire».

Rien de très nouveau

Dans sa réponse, le Conseil exécutif assure être favorable au principe du partenariat éducatif, et donc aussi à celui des tandems intergénérationnels. Aujourd’hui déjà, poursuit-il, le canton applique avec succès le principe de tels partenariats. A titre d’exemple, il cite le «programme de mentorat du canton de Berne», accessible à tous les employés cantonaux.

«Celui-ci utilise l’expérience, le savoir et les réseaux des cadres expérimentés (seniors) pour aider et promouvoir les candidats à la relève qualifiés et motivés (juniors).»
Dans certaines unités de l’administration, ajoute le gouvernement, les nouveaux collaborateurs sont initiés à leurs nouvelles tâches au moyen d’un système de parrainage.

Concrètement, des personnes expérimentées sont les interlocuteurs des nouveaux collaborateurs durant leur première semaine de travail.

«Ce type de contacts informels permet aux nouveaux venus de s’habituer à leur nouvel environnement de travail et à se constituer un réseau», affirme le Conseil exécutif. Ce système de parrainage permet donc aux collaborateurs de générations différentes d’échanger leurs connaissances spécifiques.

Tandems linguistiques

Le canton propose d’autres offres pour favoriser les échanges entre les détenteurs de connaissances. Le gouvernement cite à cet égard les tandems linguistiques. «Ceux-ci permettent à deux agents respectivement francophone et germanophone d’améliorer pendant un an leurs connaissances dans l’autre langue et d’accroître dans ce cadre les compétences mentionnées par l’auteure du postulat.»

Parmi les autres offres, le Conseil exécutif cite encore la formation obligatoire aux fonctions de direction, qui oblige les cadres à exploiter les synergies dans la coopération intergénérationnelle. Par ailleurs, de nouvelles offres seront proposées dans le programme de cours de 2016, par exemple «le renforcement des agents et des équipes», ou «la motivation pour travailler en équipe efficacement et en toute satisfaction».

Celles-ci traitent des opportunités, mais également des pièges de la coopération intergénérationnelle, notamment quand un cadre est plus jeune que son collaborateur.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement assure que les mesures de développement du personnel existantes et l’introduction de nouvelles mesures font l’objet d’un examen régulier. «Les tandems intergénérationnels dont parle l’auteure du postulat font notamment partie de ces réflexions», souligne le gouvernement. Une nécessité, car le canton se caractérise par une proportion supérieure à la moyenne d’agents dans la catégorie des 60 à 65 ans, ajoute-t-il.

De ce fait, de nombreuses unités administratives s’organisent elles-mêmes selon ce modèle pour assurer leurs tâches au quotidien. Fort de toutes ces explications, le Conseil exécutif propose d’adopter le postulat en le classant comme étant réalisé.