Vous êtes ici

Abo

Canton de Berne

Projets en bonne voie

Une année après la présentation du programme de législature, le président du Conseil exécutif Christoph Ammann a tiré un premier bilan. Le canton est sur les bons rails, mais les défis à venir restent nombreux, notamment pour pouvoir financer les gros investissements nécessaires.

Christoph Ammann a qualifié de «très positif» le bilan de mise en œuvre du programme de législature.

Textes et photos Philippe Oudot


C’est au cœur du sitem-insel, le tout nouveau centre de médecine translationnelle construit à proximité immédiate de l’Hôpital de l’Ile, que Christoph Ammann a choisi de présenter un premier bilan du programme de la législature 2019-2022. Le gouvernement in corpore l’avait présenté en janvier 2019. Le choix du lieu ne doit rien au hasard: il illustre en effet symboliquement, mais aussi très concrètement, le développement du sitem-insel inauguré l’été dernier, qui a pour objectif de faire de Berne un site médical de pointe en Suisse. «Ce projet est emblématique», a souligné le président du gouvernement. «Il incarne la volonté d’aller de l’avant et le courage d’ouvrir de nouvelles voies, même si elles ne sont pas sans risques.»

Dans son programme de législature, le Conseil exécutif avait dévoilé sa vision pour les dix années à venir. Intitulée «Engagement 2030», elle a pour objectif d’accroître le potentiel de ressources et la capacité économique du canton, d’améliorer la qualité de vie de sa population, de renforcer la cohésion sociale et, enfin, de jouer les premiers rôles pour relever les défis dans le domaine de l’environnement.

Cinq objectifs
Pour y parvenir, le Conseil exécutif avait défini cinq objectifs stratégiques:
1) pousser la recherche et l’économie à travailler en réseau;
2) fournir des services efficaces à la population et à l’économie;
3) favoriser la cohésion sociale;
4) assurer la diversité du canton, notamment en renforçant le bilinguisme;
5) promouvoir les technologies d’avenir et le développement durable.

Comme l’a souligné Christoph Ammann, sitem-insel est un excellent exemple de collaboration entre la recherche et l’économie privée, entre partenaires publics et privés. Grâce à la loi sur l’encouragement de l’innovation, le canton vient ainsi de lui accorder des subventions à hauteur de 5,6 mios jusqu’à 2024 – pour autant que la Confédération en fasse de même.

Le conseiller d’Etat a cité deux autres projets majeurs de collaboration en réseau entre la recherche et l’économie. D’une part, le Swiss Innovation Park de Bienne. Si, pour l’heure, il fonctionne dans des locaux provisoires, il devrait disposer de son propre bâtiment à la fin de cette année: «Les scientifiques y déploient déjà une vaste activité de recherche et développent des projets en adéquation avec les besoins de l’industrie», a-t-il constaté.

Le seul site des EPF
L’autre gros projet cofinancé par le canton (pour 8mios) est le Swiss Center for advanced manufacturing. Cette plateforme de transfert de technologies mise en place à l’EMPA de Thoune travaille par exemple dans le domaine de la fabrication additive. Et pour souligner l’importance de ce centre, l’orateur a rappelé que l’EMPA était le seul site des Ecoles polytechniques fédérales dans le canton de Berne.

Parmi les autres projets, il a cité le Swiss Center for design and health, qui vise aussi à renforcer le site médical bernois, ainsi que l’objectif de faire de l’Ile «un campus médical à la pointe sur le plan mondial dans les dix prochaines années». Pour y parvenir, le canton, la ville de Berne et l’Insel Gruppe planchent sur une stratégie d’agrandissement, avec la construction d’un nouveau bâtiment principal et l’extension du site. Le canton entend également y réaliser de gros investissements pour l’Université dans les domaines de la recherche, de l’enseignement et de la formation, avec la construction de nouvelles infrastructures. D’ici à 2034, le Conseil exécutif estime à plus d’un milliard de francs le besoin d’investissement de l’Université sur le site de l’Ile.

Soucis du côté de Bienne
Ce dynamisme ne saurait toutefois occulter deux douloureux revers du côté de Bienne: d’une part, le couac dans la planification du campus de la Haute Ecole bernoise. «Nous devrions savoir d’ici à ce printemps comment le projet de construction peut être mis en œuvre techniquement et si les travaux de planification interrompus peuvent reprendre», a révélé Christoph Ammann. Il a assuré que le gouvernement ferait tout pour éviter toute perte de temps supplémentaire. Et d’autre part, le contournement ouest de Bienne par l’A5, qui reste un véritable serpent de mer.

S’agissant des services à la population et à l’économie, il a souligné que les choses avançaient, avec le développement du numérique dans l’administration. Plusieurs projets sont en cours de réalisation, comme la procédure électronique d’octroi du permis de construire ou la gestion électronique du registre foncier.

En ce qui concerne la cohésion sociale, six projets sont actuellement en cours. Dans le domaine de l’asile et des réfugiés, les partenaires régionaux sélectionnés ont pu démarrer leurs activités. Il a aussi cité les améliorations dans le domaine de l’aide à l’enfance et à la jeunesse, qui permettent de mieux protéger les enfants, les ados et leurs familles, et les soutenir dans leur développement.

Le canton, qui compte près de 100000francophones, veut renforcer les relations entre les deux cultures afin de favoriser le bilinguisme. «Nous voulons, par exemple, développer les échanges scolaires ou proposer davantage de classes bilingues.» Et de préciser que lors de la BEA, «le canton mettra son bilinguisme en valeur sur un stand monté pour l’occasion».

Un projet à 200 mios
Concernant le 5e objectif, Christoph Ammann s’est félicité de l’avancée du projet de la Wyss Academy, à savoir la création, à Berne, d’un centre international destiné à la protection du climat, à la biodiversité et à l’utilisation du sol. L’an dernier, le Grand Conseil a ainsi approuvé un crédit de 50mios pour ce projet, l’Université de Berne a mis à disposition le même montant. Et en décembre, un contrat avec Hansjörg Wyss a été signé, celui-ci s’engageant à apporter 100mios.

 

D’autres pistes pour remplacer le fonds

– Pour financer ses nombreux projets d’investissements, le Conseil exécutif avait prévu la création d’un fonds pour les investissements stratégiques. Mais celui-ci a subi un cuisant échec en septembre dernier, le Grand Conseil refusant sèchement la proposition.
– Comme l’a expliqué Christoph Ammann, le canton doit trouver d’autres solutions. Ces dernières semaines, une délégation du gouvernement a discuté avec la présidence de la Commission des finances et celle des infrastructures du Grand Conseil pour trouver une solution.
–Tout en se réjouissant de ces rencontres jugées constructives, le président du gouvernement a insisté sur la nécessité de «s’entendre au plus vite sur une approche commune pour assurer le financement des projets d’investissements importants. (…) Nous ne pouvons pas rester passifs et espérer que nous arriverons à bricoler des financements», a-t-il insisté.
– Une solution rapide d’autant plus nécessaire que les perspectives économiques ne sont pas au beau fixe: baisse des ventes dans la construction de machines, bouleversements dans l’horlogerie du milieu de gamme et incertitudes quant aux relations avec l’UE en l’absence d’un accord-cadre. Et de citer le secteur de la sous-traitance pour les technologies médicales. «car actuellement, les entreprises ne savent pas si les réglementations applicables dans les échanges avec l’UE – par exemple le label CE – seront encore valables dans quelques mois. Il est donc urgent de lever des incertitudes.»
– Sur le plan cantonal, il a dit espérer un soutien clair du Grand Conseil au projet de loi sur les impôts et à ses nouveaux instruments comme la patent box ou la déduction des coûts de R&D.

 

Le registre électoral, un pas important pour restaurer la confiance

Christoph Ammann a aussi évoqué la Question prévôtoise, jugeant «regrettable que la confiance construite ces dernières années se soit émoussée et que les deux parties en soient revenues aux reproches. Dans la fièvre de la discussion, il est même arrivé que l’impartialité de notre justice soit mise en doute», a-t-il déploré.

Il a toutefois estimé que les choses avaient changé – «nous commençons à remonter la pente». Et de rappeler qu’une délégation du gouvernement avait récemment rencontré le Conseil municipal de Moutier in corpore pour la première fois depuis le 18 juin 2017, afin de discuter des modalités et du calendrier d’une nouvelle votation. «Nous allons bien sûr poursuivre les discussions avec la commune de Moutier et, au sein de la Tripartite, avec le canton du Jura et la Confédération.» Dans ce contexte, il a qualifié de «pas important» pour restaurer la confiancele fait que «Moutier nous a donné accès à son registre électoral», ce qui est effectivement le cas depuis une semaine.

Comme l’a souligné le président du gouvernement, «le Conseil exécutif se préoccupe de l’avenir de Moutier. C’est une commune importante du Jura bernois, qui abrite plusieurs institutions et une partie de l’administration cantonale francophone. Son hôpital est important pour l’accès aux soins de la population. Nous sommes convaincus d’avoir assuré sa pérennité en cédant, il y a quelques semaines, une minorité de son capital à Swiss Medical Network.»

Christoph Ammann a assuré que le gouvernement était confiant en vue de la résolution définitive à la Question jurassienne, «ce qui est notre but à tous grâce à une votation sur l’appartenance cantonale de Moutier soigneusement planifiée et sécurisée». Quant à la date, elle sera discutée au sein de la Tripartite, mais Berne voit mal comment le scrutin pourrait avoir lieu avant le 7 février 2021. Et de conclure en affirmant que «le gouvernement espère que la population de Moutier se prononcera en faveur du maintien de la commune dans le canton de Berne, comme l’a fait la population des autres communes du Jura bernois».

Articles correspondant: Région »