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Moutier

Quand l’aube se mêle au crépuscule

Gérard Lüthi expose ses photos au Musée jurassien des Arts

Dans son exposition Le Crépuscule de l’aube, Gérard Lüthi présente une vingtaine de vues urbaines de grand format. Stéphane Gerber

(c-mpr) Le Musée jurassien des Arts de Moutier présente,  dès aujourd’hui, une exposition de photos de Gérard Lüthi, Le Crépuscule de l’aube.

Né en 1957 à Moutier où il vit, Gérard Lüthi utilise le médium photographique pour interroger le regard du spectateur. Dans cette série présentée pour la première fois, aube et crépuscule se mêlent. Sous ces lumières paradoxales, des vues urbaines paraissent à la fois familières et étranges. Une ambiguïté qui sème peu à peu le doute: à quel point pouvons-nous nous fier à ces images – et à la photographie en général – comme reflet exact du réel?

Interroger le regard du spectateur et affirmer la subjectivité du photographe, c’est ce que Gérard Lüthi poursuit dans sa démarche depuis de nombreuses années. Parmi ses séries précédentes, Recto verso (2009-2011) et Le Sens des choses (2008-2011) relativisaient à la fois notre perception du monde et ses reflets photographiques. Composée d’une vingtaine d’images de grand format, Le Crépuscule de l’aube poursuit ces questionnements avec de nouveaux accents sur la lumière et la mise en scène.

Des villes avant tout

Vues urbaines en majorité – Fribourg, Berne, Lausanne, Edimbourg ou Saint-Pétersbourg – les images de cette série en reflètent des rues, des édifices souvent connus. Parts diurnes et nocturnes se mêlent. On se croirait à ces heures entre chien et loup, à la tombée ou à l’orée du jour. Mais Gérard Lüthi brouille subtilement le jeu, comme le découvrira le spectateur qui scrutera avec plus d’attention ses images.

Un doute s’insinue. Lumières naturelles et artificielles, zones obscures et ombres portées ne sont-elles pas perturbées? Les passants ajoutent encore à cette ambiguïté, eux qui semblent jouer la carte de l’instantané et du véridique, tout en ajoutant au mystère par leur gestuelle ou leur tenue.

«Ce qui m’intéresse, c’est de créer un monde aux lumières ambiguës où la finalité des actions des quelques êtres humains présents nous échappe», souligne le photographe

Mais plus loin, il interroge notre rapport à la photographie, la confusion répandue entre image et réalité.

Or l’écart entre le réel et sa saisie photographique est souvent essentiel, qu’il se situe dans l’usage qu’on fait d’une image – la même peut être utilisée avec des légendes opposées – ou dans la manipulation qu’elle peut subir.

Même une simple photographie de vacances cadre et immortalise un instant fugitif vécu et définitivement passé.

Exposition Le Crépuscule de l’aube, du 24 octobre au 15 novembre et du 13décembre au 31 janvier, mercredi de 16h à 20h; jeudi à dimanche, de 14h à 18h. Le vernissage a lieu samedi 24 octobre à 18h.
En parallèle, réouverture de l’exposition Lumières et ténèbres à la lueur des collections.
Visites commentées, les mercredis 4 novembre et 13 janvier à 18h30

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