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SAINT-IMIER

Quatre mille balles, pas moins!

Le 1er mai interjurassien a été célébré dans la cité ouvrière pour demander le salaire minimum

Cent-cinquante manifestants environ ont défilé dans les rues de Saint-Imier dans un relatif silence, mais avec nombre de drapeaux et banderoles réclamant des salaires décents et encourageant à voter oui à l’initiative du 18 mai prochain. Stéphane Gerber
Blaise Droz
 
A 18 jours de la votation sur un salaire minimal à 4000 fr., la manifestation du Premier mai ne pouvait pas se pencher sur un autre sujet que celui qui alimente les conversations des citoyens autant que les grands débats politiques. L’oratrice choisie, Emilie Moeschler est la nouvelle secrétaire générale d’Unia Transjurane. Toute son intervention a été articulée autour du thème des salaires trop bas pour vivre décemment et qui concerne un grand nombre de femmes, de jeunes, mais aussi d’hommes parfaitement intégrés dans leur professions et dotés d’un CFC. Le temps fort de son discours a soulevé une belle salve d’applaudissements lorsqu’elle a dénoncé les milieux économiques qui évoquent la menace de la délocalisation pour s’opposer à un rempart contre les bas salaires. «Comment feraient-ils pour délocaliser ces professionnels de la vente, de la restauration ou des soins qui versent des salaires de misère? Vous seriez prêts à aller vous faire couper les cheveux en Pologne ou en Hongrie? J’en doute!», a-t-elle ironisé.
 
Le cortège d’abord
 
Comme le veut la tradition, la manifestation a débuté par un cortège parti du secteur de la gare pour rejoindre la salle de spectacles en déambulant dans la localité avec drapeaux et pancartes.
Bien sages, les 150 participants environ ont défilé pratiquement sileucieux à l’exception de quelques slogans lâchés avec presque autant de parcimonie que certaions salaires. Il faut dire que la foule n’était pas au rendez-vous pour assister au passage du cortège. Les premiers mai d’antan n’ont plus court, même dans une terre horlogère comme Saint-Imier.
Or, chez les taiseux il serait erroné de prétendre que «qui ne dit mot consent». La volonté de dire bientôt oui au salaire minimal était manifeste chez les militants de divers partis ou organisations syndicales dont Unia, mais aussi Syna et Syndicom, SSP VPOD, CS POP, dès qu’ils se sont réunis dans la salle de spectacles pour la partie officielle. Outre les militants de la base et quelques personnalités politiques, on notait la présence du maire de Saint-Imier et de la ministre jurassienne Elisabeth Baume-Schneider.
La partie officielle a débuté par le témoignage d’un ancien employé de l’entreprise de produits alimentaires AvM Merisan de Cortébert qui a dénoncé des conditions de travail jugées très limites. C’est cette même entreprise qui a reçu le prix humoristique de la «Rape d’Or», désignant l’entreprise régionale qui a agi de la manière la moins favorable à son personnel. Tel a été le verdict du jury ad hoc présidé par Emilie Moeschler. Cette dernière a insisté dans son discours sur le fait qu’un salaire minimal de 4000 fr. permettrait de réduire les dépenses d’aide sociales de 100 millions. «Cette somme est actuellement payée par nos impôts pour compenser ce que les employeurs ne paient pas. Et comme par hasard, la droite et les organisations patronales ne se plaignent pas de cet interventionnisme de l’Etat!», s’exclama-t-elle.
 
Déjà deux cantons
 
Elle a aussi fait remarquer qu’ailleurs en Europe et dans le monde, des salaires minimaux sont de plus en plus appliqués. En Suisse, après Neuchâtel le Jura a accepté l’initiative pour un salaire décent avec 54,25% des voix. C’est une vraie victoire pour le mouvement syndical et la gauche, estime-t-elle non sans relativiser: «Le Gouvernement jurassien a pris beaucoup de retard pour la mettre en œuvre et on ne sait pas encore exactement ce qui adviendra de cette initiative. Ce qui est sûr, c’est que la droite et les organisations patronales guettent avec impatience le résultat du vote du 18 mai en espérant qu’il soit le plus mauvais possible pour pouvoir mieux torpiller la mise en œuvre de l’initiative jurassienne», prédit-elle.
Quant au présentateur de la partie officielle, Thomas Sauvain, secrétaire régional du Syndicat des services publics et secrétaire général de l’Union syndicale du canton du Jura, il a rappelé qu’on ne voterait pas seulement sur le salaire minimal le 18 mai mais aussi sur l’achat des grippen. A chacun de savoir ce qui sera ou ne sera pas une dépense exagérée!

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