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Remo Widmer, l'homme qui fait bouger les foules

Remo Widmer s’est fait un nom en tant qu’animateur, mais il est aussi engagé dans plusieurs projets socio-culturels. Son talent? Parler en public et motiver les gens.

Remo Widmer pose devant la Tankstelle de Nidau, où il vit (photo Christian Kobi)

Christian Kobi

Qui ne l’a pas déjà vu traverser la ville sur son vieux vélo, son moyen de transport préféré? Ou  sautiller sur une scène en haranguant la foule, comme il y a un mois lors du rassemblement éclair qui avait vu 2000 élèves du CFP danser sur la place Centrale? Remo Widmer, c’est ce joyeux lascar qui donne l’impression d’être constamment en mouvement. Et dont l’énergie positive est contagieuse. «J’ai besoin de sentir les choses, de les voir, de les toucher, dit-il. Je ne suis pas quelqu’un qui apprend. Tout ce que je fais, je le fais au feeling.»

Cette spontanéité lui a ouvert de nombreuses portes. Aujourd’hui, lorsqu’une association de la région met sur pied une manifestation, c’est presque naturellement qu’elle se tourne vers lui pour s’occuper de l’animation. «J’aime bien la scène et, pour une raison que j’ignore, les gens m’écoutent quand je parle. C’était d’ailleurs déjà le cas à l’école où j’avais tendance à l’avoir toujours ouverte», se marre-t-il.  

Pour autant, il n’a jamais pensé à se professionnaliser et ne demande d’ailleurs pas d’argent pour ses animations. Pour «pouvoir payer ses frais fixes», comme il le dit, il travaille à 60% dans une agence immobilière où il s’occupe de la gérance de 200 appartements d’une coopérative d’habitation.

Une deuxième vie à Bienne
Jeune trentenaire, Remo Widmer a grandi «dans plusieurs villages entre Berne et Soleure». Il a commencé à flirter avec Bienne lors de ses études à l’école de commerce de La Neuveville, au milieu des années 2000. Plus qu’un coup de cœur, la naissance d’une belle histoire d’amour. «J’ai découvert une ville ouverte de laquelle se dégageait une belle énergie et où il était facile de faire de nouvelles connaissances. Pour moi, c’était un peu comme le début d’une deuxième vie», se souvient-il.

Les nouvelles connaissances qu’il se fait l’amènent rapidement à emménager à la Tankstelle, une maison appartenant à la commune de Nidau au pied de laquelle se trouvait jadis une station-service. Là y vit depuis quelques années une joyeuse communauté. «Au début, c’était surtout un endroit de débauche où on organisait des fêtes quasiment tous les week-ends», lâche-t-il dans un large sourire.

Mais au fil du temps, les centres d’intérêt des colocataires évoluent. Petit à petit, les débats dans le jardin tournent autour de leur manière de consommer et de se nourrir, une préoccupation commune. De ces discussions naît l’association FAIR, fondée en 2011 et qui s’engage dans divers projets en faveur du développement durable et de l’intégration. Remo Widmer en est le vice-président. «Nous avons commencé par des petits projets, qui consistaient à aider les organisateurs de manifestations, comme les X-Days, à mieux respecter les standards écologiques.»

Pas rester les bras croisés
Puis le réseau s’est agrandi. Les projets se sont faits plus nombreux. «Je me souviens d’une discussion que nous avons eue durant l’été 2015. Partout, on ne parlait que de la crise des réfugiés. Nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas rester les bras croisés», se remémore Remo Widmer.

Les membres de l’association organisent alors diverses activités destinées autant aux réfugiés qu’aux locaux (cours de langues, football, danse, chant, etc.). «L’idée n’était pas uniquement de les aider, mais de profiter les uns des autres. Personnellement, j’en ai beaucoup appris sur les autres, leurs religions, leurs cultures. Toutes ces expériences, on ne les apprend pas dans les livres.»

L’aboutissement de leur idée sera l’ouverture de la «Haus pour Bienne», en décembre dernier, en collaboration avec Stand up for Refugees. «Pendant deux ans, nous n’avons fait que ça. C’était usant, mais tellement prenant.» Aujourd’hui, un comité a repris le flambeau et s’occupe des activités dans la maison située à la rue du Contrôle. «Mais nous continuons à superviser le tout. C’est super que des jeunes s’engagent pour poursuivre ce projet», ajoute Remo Widmer.

Prendre du recul
Lui en revanche dit avoir besoin de souffler. «Mais je ne veux pas tout laisser tomber. Il est important que les projets que nous avons lancés se perpétuent.» Et ensuite? «Je sens qu’il sera temps de changer d’environnement. Pourquoi ne pas partir à l’étranger et tout recommencer à un autre endroit?», s’interroge-t-il.

En attendant, Remo Widmer continuera de se lever «chaque matin avec le sourire», lui, l’adepte de la pensée positive. «J’estime avoir beaucoup de chance dans la vie. Lorsque je monte sur scène ou que je parle en public, je veux simplement en donner un peu en retour. C’est mon talent. Chacun de nous en a un, il suffit de le trouver et de le cultiver, comme une plante qu’on arrose pour qu’elle grandisse.»

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