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Pandémie

Repas de fêtes: la soupe à la grimace

Les traditionnels banquets de fin d’année et souper en famille sont mis à mal par la situation sanitaire et les nouvelles mesures anti-Covid. Les restaurateurs sont les premiers à en pâtir. Le point dans la région.

Avec le durcissement des mesures sanitaires, les restaurateurs font face à une flambée d’annulations de repas de fin d’année. LDD

Par Marisol Hofmann

Cette fin d’année n’est pas des plus glorieuses pour les restaurants. Le durcissement des mesures sanitaires, depuis cet automne, avec, tout d’abord, l’extension de l’obligation de présenter un certificat Covid et l’introduction toute récente de la règle des 2G – il faut être soit vacciné soit guéri pour entrer dans les espaces intérieurs des établissements publics – ont une fois de plus fragilisé la branche. «Les soupers de groupes de fin d’année ont quasiment tous été annulés, soit environ 200 couverts en un mois», regrette Diego Albanese, chef de l’Hôtel-restaurant de la Clef, aux Reussilles.
Pour Vincenzo Piccini, chef cuisinier du restaurant imérien «Au D», il est encore tôt pour connaître le véritable impact des nouvelles mesures entrées en vigueur ce lundi. «Nous verrons cela au retour des vacances, début janvier. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas très réjouissant pour les restaurateurs», commente celui dont l’établissement vient d’entrer dans le prestigieux guide gastronomique Gault&Millau (Le JdJ du 8 décembre). Depuis l’introduction de la règle des 2G, plusieurs réservations ont été annulées, de même que des commandes de repas de groupes à l’emporter, les personnes ne pouvant plus se réunir sur leur lieu de travail.
Fabien Mérillat, gérant de l’Hôtel-restaurant de l’Etoile, à Perrefitte, a également reçu quelques coups de fil depuis lundi. Les banquets de fin d’année seront moins nombreux que d’ordinaire. Pour le patron, ce n’est pas une surprise.
Les trois établissements ont constaté, de manière générale, des changements d’habitudes de la part de leurs clients. «Paradoxalement, la fréquentation reste bonne les week-ends, de manière presque similaire aux années précédant la pandémie. Elle a toutefois nettement baissé la semaine, notamment pour les repas de midi», a pu constater Diego Albanese. «Les gens se sont habitués à moins sortir. De plus en plus d’employés restent dans l’entreprise pour passer leur pause», explique-t-il. Avec l’obligation du télétravail, ce phénomène est davantage renforcé. «Il y a également une part de peur chez certains clients qui préfèrent ne pas se risquer à venir au restaurant», observe Fabien Mérillat.
A cette baisse de fréquentation et de chiffre d’affaires s’ajoutent les tracas logistiques et administratifs. «Nous avançons à tâtons. Il est compliqué de s’organiser à l’avance», note Diego Albanese. «Nous avons fait le choix de planifier les équipes et la marchandise semaine par semaine.»
Les restaurateurs déplorent en outre que le durcissement des mesures ne soit pas accompagné par un accès facilité aux aides étatiques, ce pour quoi se bat d’ailleurs GastroSuisse. «Les démarches sont longues et dissuasives, ce qui engendre davantage de stress», considère le chef cuisinier des Reussilles.
Les restaurateurs, comme beaucoup d’autres, ont dû apprendre à avancer avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Voilà comment Fabien Mérillat image la situation. «Cela n’est pas sans conséquences sur la santé mentale, il ne faut pas l’oublier», souligne-t-il.
Et la situation ne va pas s’améliorer de sitôt. C’est du moins le sentiment partagé par nos interlocuteurs. «J’ai beau être un optimiste de nature, je ne suis pas serein pour les mois à venir», admet Vincenzo Piccini. «La situation est déjà assez difficile. Si la règle 2G+ devait entrer en vigueur, ce serait vraiment la catastrophe. Pas uniquement pour les restaurateurs, mais pour toute la chaîne, dont les fournisseurs.»
 
Barmans mécontents
Les bars pâtissent également de l’introduction de la 2G. «On a déjà perdu 50% de notre chiffre d’affaires depuis le mois d’octobre et ça ne va pas s’améliorer, au contraire», s’inquiétait récemment, au micro de Canal 3, Hans-Rudolf Winiger, gérant du bar Tiffany et vice-président de GastroSeeland. Le fait de devoir rester assis pour consommer et la peur ont, selon lui, un effet dissuasif sur la clientèle. Daniel Schneider, gérant du Singe, à Bienne, relevait quant à lui les désavantages que présente la règle des 2G+, dans une ville où les tests ne sont pas toujours facilement accessibles.

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