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Requérants, oui, déboutés, non!

Les membres de la Députation francophone ne sont pas contre l’idée d’accueillir des requérants d’asile à Prêles, mais à condition que ce ne soit pas des déboutés.

L’ancien Foyer d’éducation de Prêles et sa nouvelle affectation n’ont pas fini d’agiter le landerneau politique. Avec ou sans neige! Photo: Matthias Käser

Par Pierre-Alain Brenzikofer

La Députation francophone s’est réunie mardi soir sous la présidence de Peter Gasser (PSA, Bévilard) pour préparer la session qui débute lundi. Fidèle à sa vocation, elle s’est une fois de plus concentrée sur les affaires concernant son auguste portion de territoire.

Une fois de plus, si l’on peut dire, le Centre de retour pour requérants d’asile déboutés, que le gouvernement prévoit d’installer dans l’ancien Foyer d’éducation de Prêles, a tenu la vedette. Anne-Caroline Graber (UDC, La Neuveville) demande en effet par voie de motion une ouverture conditionnelle du centre. Plus radical, si l’on peut dire, Hasim Sancar (Les Verts, Berne) s’oppose quant à lui audit centre de retour.

«Ces deux motions seront traitées conjointement, explique Peter Gasser. Mais nous demanderons que celle d’Hasim Sancar soit traitée en premier, ce qui nous paraît logique.»

Dans sa grande majorité, les députés francophones voteront en faveur de la motion Sancar. «Attention, nous ne nous opposons pas à un centre pour requérants d’asile, mais nous ne voulons pas qu’il s’agisse de requérants déboutés», insiste notre interlocuteur. De quoi rappeler qu’un requérant d’asile débouté doit quitter l’établissement à huit heures le matin et y revenir le soir: «Durant toute la journée, les intéressés n’ont strictement rien à faire... C’est cela que nous ne voulons pas.»

Rien contre les requérants
Et Peter Gasser de répéter que les Romands n’ont strictement rien contre les requérants: «Mais le premier projet du Conseil exécutif consistait à héberger des familles, ce qui est totalement différent.»

Et si le parlement refuse la motion Sancar, la Députation se rabattra sur la motion Graber qu’elle soutiendra. Laquelle réclame notamment des investissements pour assurer la sécurité et des assurances concernant l’approvisionnement en eau, denrée paraît-il rare sur cet agreste Plateau.

Toujours à propos de la motion Sancar, le libéral-radical Pierre-Yves Grivel (Bienne) se propose de prendre langue encore une fois avec le conseiller d’Etat Philippe Müller, dans l’optique d’obtenir des précisions supplémentaires: «Notre collègue nous a d’ailleurs demandé si nous nous manifesterions autant si ce centre de retour était prévu à Zweisimmen, par exemple», glisse encore malicieusement le président. Le fameux principe du «Tout à fait d’accord, mais pas à côté de chez moi», donc...

Ces maudits panneaux
L’absence de français sur les panneaux de l’A5 à Bienne continue d’agiter les bons esprits. Au nom de la Députation, Samantha Dunning (PSR, Bienne) déposera une motion exigeant un peu plus de bilinguisme – donc du français – sur ces fameux panneaux. Une intervention relayée au niveau fédéral par le conseiller national Manfred Bühler (UDC, Cortébert).

Toujours sous l’étendard de la Députation, Virginie Heyer (PLR, Perrefitte) déposera une autre motion réclamant un moratoire sur la fermeture des offices postaux.

Une tasse de Moutier
Inéluctablement, la petite troupe romande a porté un regard attentif sur la motion de Thomas Brönnimann (Verts libéraux, Mittelhaüsern), consacréee à la situation confuse qui règne à Moutier. Eh bien, sans confusion aucune, la Députation se rallie à la position du gouvernement sur les quatre points de l’intervention.

Apporter une clarification sur les conditions à remplir pour pouvoir répéter la votation? «Le gouvernement accepte ce point, explique Peter Gasser. Il relève notamment qu’il convient d’attendre le résultat des recours. S’ils sont rejetés, le résultat de la votation entrera en force. Mais si la votation est annulée, le gouvernement part de l'idée qu’une répétition de la votation sera nécessaire.»

Présenter au Grand Conseil des scénarios juridiques et politiques? Berne propose d’adopter et de classer ce point, en expliquant s’il s’agit d’abord d’une affaire communale et que le Grand Conseil n’a pas à s’en préoccuper en l’état actuel des choses. Mais, comme le glisse Peter Gasser, il faudra déjà voir les considérants du jugement.

Communiquer au parlement la position du gouvernement? Promis, ce dernier le fera très volontiers par l’intermédiaire de la Commission parlementaire des institutions politiques et des relations extérieures, la toute-puissante CIRE.

Restait à évoquer la stratégie immobilière. Cette fois, Berne propose le rejet de ce point, rappelant que le moment n’est pas venu, que les bâtiments l’hôpital de Moutier n’appartiennent pas au canton, mais à l’Hôpital de Moutier SA. Quant au sort des autres bâtisses, il fera l’objet d’une négociation entre Berne et le Jura, en cas de changement d’appartenance cantonale.

Voilà, voilà.

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