Vous êtes ici

Abo

Violence domestique

Rester à la maison ne sauve pas des vies

La crise sanitaire n’aide pas les victimes à demander de l’aide ou à quitter leur domicile.

Le télétravail ne rend pas facile la vie des femmes victimes de violence domestique. LDD

Julie Gaudio

«Le message ‹rester à la maison pour sauver des vies› est totalement contradictoire avec la violence domestique», s’exclame Myriame Zufferey, la directrice de Solidarité femmes Bienne et région, à la veille de ce deuxième semi-confinement. «Le Covid-19 rend encore plus difficile la possibilité pour les femmes de quitter le domicile, notamment si elles dépendent financièrement de leur conjoint. Leur situation est encore plus précaire», affirme Myriame Zufferey.

En outre, la directrice de Solidarité femmes estime que la crise sanitaire, et l’injonction à télétravailler, constituent une charge émotionnelle supplémentaire pour les victimes de violence domestique: «Elles subissent un double contrôle: à la maison, avec leur conjoint qui décide qui peut faire quoi, quand et où. Mais aussi lorsqu’elles sortent: elles doivent porter un masque, sont limitées dans leurs déplacements, etc.»

Les toilettes comme lieu de refuge

Dans ces conditions, appeler à l’aide n’est pas toujours aisé. «Juste après l’annonce du semi-confinement au printemps dernier, Solidarité femmes n’a plus reçu d’appel pendant une semaine et cela nous a fait un choc», se souvient Myriame Zufferey. Mais très vite, les consultations par téléphone ont repris. «Des femmes nous appelaient parfois des toilettes car c‘était le seul espace de liberté qu’elles avaient pu trouver», poursuit Myriame Zufferey.

Pourtant, même si le coronavirus est «une crise dans la crise» pour les victimes de violences domestiques – «comme une pandémie dans un Etat en guerre», image Myriame Zufferey –, Solidarité femmes Bienne et région n’a pas constaté une hausse significative des appels à l’aide en 2020. «Les consultations en ambulatoire ont certes augmenté par rapport à 2019, mais sur la moyenne, la hausse n’est pas plus alarmante que les autres années. Nous verrons peut-être plus les conséquences de la crise en 2021», détaille Myriame Zufferey.

De même, Solidarité femmes n’a pas enregistré plus de demandes d’accueil d’urgence que les années précédentes. «Nous fonctionnons toujours par vagues, et la crise sanitaire n’a rien changé à cela», résume la directrice. Mais le Covid-19 a compliqué la tâche de Solidarité femmes pour trouver rapidement un hébergement à destination des femmes et des enfants testés positivement au coronavirus, «qui doivent rester en isolation, et justement pas chez eux en raison des violences domestiques», souligne Myriame Zufferey. «Actuellement, nous avons trouvé une solution pour Bienne et région et espérons que celle-ci sera financée par les autorités pour quelques mois encore.»

Le plus important à retenir, insiste Myriame Zufferey, est «que les victimes ont le droit de demander de l’aide et de partir de chez elles, même si Alain Berset dit ‹restez chez vous›».

En cas de besoin, les victimes peuvent contacter:
- Solidarité femmes Bienne & région: 032 322 03 44.
- La hotline AppElle!: 031 533 03 03.
- La police au 117.
Et les auteur.e.s de violence peuvent demander de l’aide au 0765 765 765.

Articles correspondant: Région »