Vous êtes ici

Abo

Politique locale

Roulez, jeunesse!

Des jeunes sont prêts à retrousser leurs manches. La preuve avec quatre frais conseillers communaux, âgés de 22 à 28 ans.

Des jeunes au front: Audrey Burkhardt (Petit-Val, 28 ans, sans parti), Ismaël Mohni (Valbirse, 26 ans, PLR), Stéphanie Amstutz (Tavannes, 22 ans, UDC), Corentin Jeanneret (Saint-Imier, 22 ans, PLR). Photo Stéphane Gerber

Michael Bassin

Stéphanie Amstutz, Audrey Burkhardt, Corentin Jeanneret et Ismaël Mohni partagent plusieurs points communs. Le premier, c’est qu’aucun n’est trentenaire. Le deuxième, c’est que tous ont intégré l’exécutif communal de leur localité en début d’année. Comme quoi, des jeunes sont prêts à assumer des responsabilités en politique, à passer des soirées à potasser les dossiers et à défendre un projet face à un législatif.

Leurs parcours sont différents. Mais tous ont été sensibilisés à la chose publique durant leur enfance. Cela s’est notamment traduit par des discussions familiales. «Je me souviens de débats, à table, ou durant l’émission Infrarouge», raconte Stéphanie Amstutz, 22 ans, responsable du département Culture et sports à Tavannes. «Je n’ai aucun arrière-plan politique, mais mes parents m’ont toujours encouragée à m’y intéresser», confie Audrey Burkhardt, 28 ans, en charge des dicastères Finances et Sport, loisirs, culture et tourisme, à Petit-Val.

Des idées et de l’entrain

D’autres ont, en plus, côtoyé des proches engagés. Ismaël Mohni, 26 ans, chef des services techniques et entretien des routes, à Valbirse, a par exemple vu son papa siéger à l’exécutif de Bévilard. «On a toujours parlé politique à la maison», se souvient-il. Corentin Jeanneret, 22 ans, à la tête de l’Economie et du tourisme, à Saint-Imier, n’est autre que le petit-fils de Monique et John Buchs, qui furent respectivement présidente du Conseil de ville et maire. «Comme Obélix, je suis tombé dedans tout petit», sourit-il.

Nourrir un intérêt pour la politique, c’est une chose. Mais pour envisager d’assumer un mandat, il faut une bonne dose de motivation en sus. «Je souhaite défendre mes valeurs et faire bouger les choses, à mon niveau. Durant la dernière législature au Conseil de ville (réd: organe qu’il a même présidé), j’ai constaté que c’était possible», témoigne Corentin Jeanneret, dont l’une de ses interventions a permis la restauration d’un monument en mémoire des victimes de la Première Guerre mondiale. «A l’exécutif, les prises de décisions sont presque quotidiennes», ajoute l’Imérien.

Même envie chez Ismaël Mohni: «J’ai du temps et le désir de faire évoluer la commune. La fusion est enthousiasmante et je souhaite poursuivre le bon travail qui a été entrepris», partage le citoyen de Valbirse, qui n’avait fait partie d’aucun organe politique avant de se mettre sur une liste, à fin 2018.

De l’entrain, Stéphanie Amstutz et Audrey Burkhardt en ont un paquet à revendre. «Le système suisse permet de faire avancer les choses par le biais de la politique. J’ai une idée à la minute et je suis prête à m’investir», indique la Tavannoise, qui, en qualité de première viennent-ensuite, a remplacé Michael Schlappach, démissionnaire.

«De manière générale, on entend souvent des gens se plaindre sans agir. Moi, j’aime m’engager et je veux le faire à Petit-Val, commune dans laquelle je réside depuis cinq ans, pour faire avancer la région», explique la seconde, qui a été élue lors de l’assemblée communale de décembre, après avoir dû, comme les autres candidats, se présenter en deux minutes face à une salle bondée.

Même pas peur

Les quatre conseillers ne perçoivent pas leur âge comme un handicap. Surtout que certains assument déjà des responsabilités sur leur lieu de travail, à l’image d’Ismaël Mohni, conducteur de travaux dans une entreprise de construction. «Lorsqu’on entre dans un nouveau domaine, il faut évidemment acquérir de l’expérience; c’est un challenge. L’âge est une chose, mais ce qui compte avant tout ce sont la motivation et l’application!» estime ce dernier. Même discours dans la bouche d’Audrey Burkhardt, cheffe de projet dans l’entreprise familiale de décolletage: «Non, je n’ai pas peur de siéger avec des collègues plus âgés. C’est grâce à eux que je vais apprendre. C’est bien qu’il y ait un mélange de générations au Conseil.» Et puis, à les entendre, les jeunes conseillers ont pu compter sur la bienveillance de leurs pairs. Nul n’a été dénigré par rapport à son âge et, mieux, plusieurs disent se sentir épaulés. Quant à devoir faire face aux critiques – pas forcément en rapport à leur âge – de la part de citoyens? Ils s’y préparent tous. «Tant que c’est constructif, il n’y a aucun souci avec ça», affirme Stéphanie Amstutz.

S’ils avaient à transmettre un message aux jeunes de leur génération, nos interlocuteurs les encourageaient à s’impliquer dans la vie publique. «Engagez-vous, vous avez tout à y gagner!» lance Corentin Jeanneret, étudiant en Master en droit. «Que ce soit dans une société locale ou en politique, c’est en étant dedans qu’on se rend compte du fonctionnement des choses. C’est aussi une manière d’acquérir des compétences et de faire des connaissances.» Stéphanie Amstutz, qui enseigne à l’école primaire, abonde: «ATavannes, les 15-25 ans peuvent par exemple exposer leurs projets au sein de la Commission de la jeunesse, qui est apolitique et pour laquelle nous recherchons du monde.»

Quant à leur propre avenir en politique, les quatre mousquetaires affirment vouloir déjà abattre le job qui les attend dans leur nouvelle fonction avant de se projeter. Mais certains reconnaissent, tout de même, «avoir des rêves» ou «ne pas être fermés à d’autres engagements par la suite». Comme quoi, ceux-ci maîtrisent déjà le langage politicard!

 

A chacun son rapport au parti

Sur les quatre jeunes conseillers communaux, seule Audrey Burkhardt n’est membre d’aucun parti. Elle apprécie. «Mon engagement n’a rien de partisan, je veux faire ce qui est bon pour la commune.» Ismaël Mohni, lui, porte les couleurs du PLR. «Etre membre d’un parti n’est pas une contrainte», estime-t-il. «Au niveau villageois, cela n’a certes pas une grande influence. Mais cela permet une transparence par rapport à nos idées.» Corentin Jeanneret, lui, vit à 100% les valeurs du PLR. Son engagement en politique vise notamment à défendre les libertés individuelles. Stéphanie Amstutz, elle, a sauté le pas du parti, l’UDCen l’occurrence, au moment des élections, à fin 2017. «Oser intégrer une formation, peu importe laquelle, en tant que jeune semble être une démarche compliquée. Beaucoup sont intéressés par les enjeux de société ou leur avenir, mais ont peur d’être étiquetés. Certains n’ont pas compris mon engagement dans un parti. Mais il faut un peu de courage, comme pour tout dans la vie!», conclut celle qui, en tant qu’agrarienne, veut mettre son pays et son village en tête des priorités. Mba

Articles correspondant: Région »