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Vu de Chaindon (5)

Sacrés cochons, quelle course!

Sur une idée du président de la Foire, Ervin Grünenwald, la journée du dimanche vivra une compétition qui vaudra porcément le détour. Aux spectateurs de miser sur le bon cheval. Enfin...

Au contraire de la course de l’OLMA saint-galloise, les cochons qui détaleront joyeusement à Reconvilier, intrigués par ce qu’ils pensent trouver à l’arrivée, ne seront pas recouverts d’une couverture, mais seront reconnaissables à un foulard de couleur.

Par Dan Steiner

La série du JdJ
Toute cette semaine, LeJournal du Jura se penche quotidiennement sur quelques-uns des mille et un aspects de la Foire de Chaindon, manifestation unique connue aux quatre coins de la Suisse et même plus loin. Après l’histoire, l’une des stars du cortège, les souvenirs d’un restaurateur et le bien-être des animaux, on enchaîne avec cette course particulière.

Le meilleur moyen de faire courir les porcs? Les affamer? Point du tout. «Ils n’ont pas forcément faim, mais ils sont surtout curieux.» Il sait de quoi il parle,Willi Staubli. L’agriculteur argovien amènera ses stars, dimanche. Sur le champ de foire, ses sept petits cochons spécialement entraînés tenteront de faire gagner leurs sponsors: pas les entreprises qui les ont nommés l’espace d’une journée, mais les visiteurs de la Foire de Chaindon qui auront acheté les tickets correspondant au bon cheval. Façon de parler, porcément!

Cela fait en effet 2 0ans que l’éleveur – il possède environ 60 cochons – de Muri fait se produire ses porcelets lors des six ou sept courses qu’il organise annuellement. «Cela varie selon la demande», informe-t-il. «Je le fais comme hobby, mais surtout par plaisir.» Il a aussi essayé avec des canards, mais ceux-ci étaient bien plus difficiles à coacher.

Imaginé par le patron de la foire reconvilieraine, Ervin Grünenwald, cette compétition rarement vue en Romandie donnera aux spectateurs la chance de se divertir de façon plutôt originale. «Nous avons trouvé l’agriculteur via internet», relève-t-il. D’abord dubitatif, celui qui est également cultivateur de fruits et de légumes a finalement accepté l’invitation des responsables d’une fête qu’il... ne connaissait pas. «D’où l’intérêt de chercher des gens de Suisse alémanique, histoire de faire parler de nous», analyse Ervin Grünenwald, fin tacticien.

Pour ceux qui se demanderaient tout de même comment sont traités les concurrents, le boss de la Foire indique que l’aval a été donné par les vétérinaires cantonaux argovien et bernois. «Et le repos imposé entre deux manches est de 2h.» Les bestioles batifoleront ainsi sur les quelque deux hectomètres du parcours parsemé de quelques obstacles à 11h15, 13h15, 15h15 et 17h15.

Tout lard de choisir l’appât
Peut-on connaître l’âge, la taille et le poids des concurrents, histoire de préparer sa stratégie? «Les porcelets ont 10 semaines, comme cela, ils sont plus beaux que les cochons adultes, plus gros. Le poids, par contre, ce n’est pas important», sourit Willi Staubli. Sera couronné vainqueur l’animal qui touchera la nacelle d’arrivée avec le groin. «Il y aura de la nourriture, disons, ‹normale›, mais aussi des pommes et des sucreries...» fait savoir leur jovial éleveur-entraîneur.

Ancien membre de l’organisation de la Foire et engraisseur d’environ 400 porcs, Tom Gerber se réjouit de voir ce que cela va donner, une course de cochons dans son village. «Je trouve l’idée rigolote», sourit-il. Et, à son avis, les bêtes vont-elles jouer le jeu? «Ça, c’est la question...»
Evidemment expert dans cet animal, le député au Grand Conseil bernois insiste sur sa vivacité d’esprit. «Ils sont victimes des mêmes idées préconçues que l’âne, bête et têtu. Mais, comme celui-ci, le porc est très intelligent, plus qu’une vache, par exemple», martèle l’élu évangélique.

Un cochon n’ira ainsi jamais de la lumière à l’ombre, car il est sensible aux variations de luminosité. «Il vaut mieux perdre 30minutes à installer une lampe au fond d’une bétaillère que de tenter de l’y pousser», rigole Tom Gerber. Qui ajoute toutefois qu’on ne traite pas certaines personnes de «têtes de cochon» pour rien...

Un événement familial
Toujours est-il que ces petites bêtes roses, au demeurant très propres, vous feront peut-être gagner quelques sous, frais de port compris. C’est auprès des sociétés locales que les tickets seront disponibles, les quatre manches étant par ailleurs indépendantes. Les recettes seront ainsi divisées entre ces dernières et les vainqueurs. «Du coup, si la vente des tickets marche bien, la redistribution sera plus importante», précise Ervin Grünenwald. Limpide.

La compétition meublera ainsi immanquablement quelques moments creux du dimanche. «Une manière d’attirer du monde, notamment les familles. C’est aussi pour cette raison que le prix des billets est à 2 francs et non à 10...»

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