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Economie

Séduire les entrepreneurs suisses

La Chambre d’économie du Jura bernois a invité hier des représentants de l’organisation Swiss Centers, basée à Shanghai, pour exposer les risques et opportunités de s’implanter en Chine.

Zhen Xiao (debout, en costume bleu) a présenté la situation actuelle de la Chine, tant au niveau sanitaire qu’économique. LDD

Julie Gaudio

A quelques jours du début des Jeux Olympiques de Pékin, la Chine revient au centre de l’actualité. Hier matin, dans les salles de conférences Chez Camille Bloch à Courtelary, c’est l’économie de l’Empire du Milieu qui a captivé les entrepreneurs de la région. A l’occasion d’un petit-déjeuner des services organisé par la Chambre d’économie publique (CEP) du Jura bernois, des spécialistes de la Chine ont exposé la situation actuelle du pays et des entreprises suisses implantées là-bas.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, Zhen Xiao, CEO des Swiss Centers Group SA a informé sur la crise sanitaire: «La Chine pratique la politique de tolérance zéro à l’égard du Covid.» Tout voyageur entrant sur le territoire chinois doit se soumettre à une batterie de tests et à une quarantaine de 14 jours, dans des hôtels spéciaux. «Guangzhou a construit 5000 chambres destinées aux quarantaines, et Shanghai prévoit de faire de même. Grâce à cette méthode, le pays a pu contenir la vague Omicron localement», a-t-il poursuivi.

Acheter, acheter, acheter

Si à l’intérieur du pays, les Chinois peuvent retrouver «une vie presque normale», ils sont en revanche quelque peu découragés de s’aventurer hors des frontières. Mais ils se contentent de ce qu’ils ont chez eux, d’autant que leur pouvoir d’achat a connu un boom. «Grâce à l’augmentation importante de ses exportations ces trois dernières années, la croissance de la Chine a rapidement grossi. L’an dernier, elle a enregistré le meilleur PIB en 10 ans», a détaillé Zhen Xiao.

Conséquence directe: la majorité de la population fait désormais partie de la classe moyenne et dispose d’un potentiel de consommation important. Les Chinois recherchent, en outre, des produits de qualité. «Ne pouvant plus se rendre à Paris ou à Interlaken pour acquérir les objets de luxe, ils visitent les boutiques des grandes marques européennes implantées en Chine», a décrit Zhen Xiao, en montrant une queue d’acheteurs devant une boutique Louis Vuitton de Shanghai. Et de s’exclamer: «La Chine enregistre deux nouveaux milliardaires tous les trois jours!»

Séduire les étrangers

Mais la crise sanitaire a également montré l’interdépendance de l’Empire du Milieu avec les pays occidentaux. «Pour fabriquer un avion chinois, le pays a besoin des technologies allemandes, françaises et américaines. Or, toute tension diplomatique entre la Chine et ces pays peut menacer son développement économique», a prévenu Zhen Xiao. Pour cette raison, le pays asiatique souhaite encourager les entreprises étrangères à s’implanter là-bas. Plus facile à dire qu’à faire.

Pour aider les entreprises helvétiques, petites ou grandes, à se développer en Chine, des entrepreneurs suisses ont créé en 2000 les Swiss Centers, une organisation à but non lucratif. «Nous fournissons tout type de services aux firmes suisses, afin qu’elles s’ouvrent au marché chinois. En aucun cas nous encourageons les délocalisations», a assuré Romain Barrabas, Customer Relations Executive des Swiss Centers Group SA. Tornos et Georg Fischer comptent parmi les sociétés qui font confiance à Swiss Centers pour gérer leur développement en Chine.

L’organisation, basée à Shanghai, peut ainsi mettre à disposition des locaux pour la production, des entrepôts pour stocker, ou servir d’employeur local pour une firme helvétique. «Nous gérons sept personnes à Shanghai pour l’entreprise Sonceboz SA», a cité Romain Barrabas comme exemple. L’organisation, qui agit comme facilitateur, peut également intervenir en cas de problèmes douaniers. «Lindt nous a contactés cet été en raison d’un colis de chocolat bloqué à la douane. Etant parfaitement à l’aise avec les subtilités administratives chinoises, nous avons rapidement débloqué le paquet et évité de livrer une fondue de chocolat», a-t-il révélé, faisant apparaître des sourires dans l’assemblée.

Parmi cette dernière, composée d’hommes en grande majorité, beaucoup d’entrepreneurs ont avoué ne pas connaître les Swiss Centers, ou alors, depuis quelques mois seulement. «Les mentalités changeant entre les pays, voire les cantons, il est intéressant d’avoir un partenaire sur place qui connaît le marché chinois», a salué Nicolas Schindelholz, CEO de Hub Factory. «Née il y a deux ans, mon entreprise est pour l’instant implantée dans les cantons de Neuchâtel et du Jura. Mais pourquoi pas la Chine?» A côté de lui, Jérôme Houlmann, responsable de la succursale de Delémont de la fiduciaire BDO, a abondé en son sens: «Un tel facilitateur est important pour les petites structures de notre région.»

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