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Baromètre industriel de la CEP

Soutien salvateur des RHT

Tous les indicateurs sont stables, mais à un niveau inhabituellement bas. Les entreprises restent toutefois sereines pour 2021. Jusqu’à quand?

Patrick Linder, directeur de la CEP, anticipe pour le prochain trimestre des indicateurs économiques stables, mais anormalement bas. SGO

Par Sébastien Goetschmann

Patrick Linder, directeur de la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP), a commenté, hier, le baromètre industriel pour le premier trimestre 2021.

Contrairement aux indicateurs prédictifs des trimestres précédents, à la baisse, la situation semble désormais se stabiliser. Mais les prédictions concernant la marche des affaires, la situation financière, les investissements et les perspectives d’avenir se trouvent à un niveau particulièrement bas. La situation est donc fragile et temporaire.

Cette stabilisation indique que les réglages mis en place par les entreprises du secteur secondaire sont efficaces, mais reflète surtout l’effet de l’outil de soutien des réductions de l’horaire de travail (RHT), qui se révèlent être indispensables pour de nombreuses usines. Cela pose toutefois la question de leur durée. «Elles courent actuellement jusqu’à septembre 2021», relève Patrick Linder. «Dans un souci de planification, il serait bon que cette mesure puisse être prolongée, au moins jusqu’à 24 mois, comme cela avait été le cas dans le contexte du franc fort.» Actuellement, la durée maximale est de 18 mois.

Pour imager son propos, Patrick Linder explique que l’hémorragie a été stoppée et que l’on entre maintenant dans une phase de rémission difficile à cerner. «Une reprise nette du secteur secondaire dans ce délai reste hypothétique en raison du développement actuel de la pandémie, mais surtout de ses incidences différées. Cette perspective doit ainsi inviter à réfléchir, d’ores et déjà, à la durée du soutien dans ces circonstances exceptionnelles, le maintien des capacités industrielles s’imposant comme une priorité stratégique pour la Suisse», commente le directeur de la CEP.

 

Secteur mondial congestionné
Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, Patrick Linder a rappelé que les entreprises de la région, qui ont pour dénominateur commun les microtechniques, sont dépendantes du marché mondial.

Si la situation du secteur secondaire dans le Jura bernois est actuellement compliquée, ce n’est pas une problématique liée à l’industrie régionale, mais bien à une économie mondiale à l’arrêt, qui engendre un volume d’affaires particulièrement bas.

«L’impossibilité de voyager à l’étranger bride aussi les relations entre clients, fournisseurs ou prestataires, et complique le remplissage des carnets de commandes», indique Patrick Linder, qui relève tout de même que quelques petites firmes spécialisées dans un secteur de niche tirent leur épingle du jeu avec une augmentation de commandes attendue.

 

L’incertitude règne
Les effets observés actuellement découlent de la première vague de Covid-19. Les incidences de la seconde ne sont donc pas encore mesurables et laissent les entreprises du secteur secondaire dans le flou quant à l’avenir. «La visibilité du calendrier de reprise est difficile à avoir et c’est ce qui inquiète le plus les acteurs concernés», estime le directeur de la CEP.

Selon lui, même si les entrepreneurs sont sous pression et dans l’incertitude, ils conservent pourtant leur motivation, sachant qu’ils ont la capacité de s’adapter et la certitude d’être compétitifs dans leur domaine d’activité.

D’un autre côté, Patrick Linder, toujours pragmatique, espère que les décideurs mettront à disposition des moyens qui permettent de garantir les capacités d’innovation et de créativité des entreprises de la région. Des caractéristiques qui font la force de l’industrie du Jura bernois et qui joueront un rôle moteur dans la reprise économique.

 

Poursuivre la rechercheet développement
En conclusion, les problèmes structurels constatés ces dernières années, notamment dans le secteur de l’industrie automobile, ont donc été fortement intensifiés par la situation sanitaire globale, qui promet le déploiement d’effets à long terme.

Le défi auquel les entreprises du Jura bernois devront répondre sera de maintenir leurs capacités industrielles. Et cela passera nécessairement par le développement de solutions d’avenir créatives et innovantes.

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