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Bienne: journées philosophiques

Sur le thème de «l’homme et la bête»

Durant quatre jours, la 8e édition de la manifestation a convié le public à s’interroger sur le lien entre l’homme et les animaux, lors de conférences et de tables rondes

Animée par Gautier de Salis, coprésident des Journées philosophiques, cette table ronde a convié la coprésidente des Verts suisses Adèle Thorens ainsi que la philosophe et chercheuse française Florence Burgat (de g. à dr.). Photo ©: Patrick Weyeneth/JdJ

Léa Hofmann

La Ville de Bienne accueillait de jeudi à hier la 8e édition des Journées philosophiques. Durant quatre jours, le public a pu s’interroger lors de conférences et de tables rondes sur la thématique complexe et parfois ambiguë de «L’homme et la bête».

Le lien entre le respect des animaux et le respect de l’environnement était le sujet de la table ronde animée par Gautier de Salis, professeur de philosophie aux gymnases de Bienne et coprésident des Journées philosophiques, samedi devant une quarantaine de personnes. La conseillère nationale et coprésidente des Verts suisses Adèle Thorens, ainsi que la philosophe française et chercheuse sur la condition animale dans les sociétés industrielles Florence Burgat participaient à cette table ronde à l’Aula de la HES.

Frontière ténue entre l’homme et la bête

La discussion sur le thème «Respecter l’environnement, respecter les animaux» a été lancée par la projection d’un extrait du film «2001, l’Odyssée de l’espace» de Stanley Kubrick, où l’on voit un singe utiliser un os comme une arme.

Pour Adèle Thorens, la frontière entre l’humain et les animaux est beaucoup plus floue que ce que l’on peut penser. «Est-ce qu’il y a vraiment une frontière absolue entre les êtres humains et les animaux. Et si oui, quelle est-elle? Il y a une idée comme quoi l’humain est spécial grâce à sa capacité de représenter les choses par des images», a expliqué l’écologiste vaudoise.

De son côté, Gautier de Salis a évoqué le respect, une notion qui reste à ses yeux assez abstraite car même si l’on respecte les animaux, on les tue dans des abattoirs. Pour Florence Burgat, la notion de respect est un concept «robuste», car même dans les industries de l’agroalimentaire ou dans les milieux de la chasse, la notion d’éthique n’est pas totalement absente.

Dignité des animaux

Un terme qui a été évoqué à plusieurs reprises par les participants à la table ronde a été celui de la dignité des animaux. Ont-ils droit à une dignité et si oui est-elle respectée. Adèle Thorens a présenté son point de vue en brandissant la Loi fédérale sur la protection des animaux. «Avec la loi, on se dit, c’est super, on parle de valeur propre de l’animal. Mais sur le terrain, la loi est pondérée par d’autres exigences», a-t-elle relevé


«J’ai de la peine à me dire qu’on n’a pas le droit de tuer des animaux pour les manger. La question est de savoir si la vie de l’animal a été digne. Et la réponse est souvent non. Les animaux que l’on mange n’ont pas d’autre alternative. Ils vivent pour qu’on les mange. Il faudrait changer nos habitudes d’alimentation et d’élevage pour que les animaux aient une vie digne avant qu’on les mange», a estimé Adèle Thorens.

Une analyse que ne partage pas Florence Burgat. «Je pense que c’est plus incohérent de manger des animaux qui ont eu une vie digne que de manger des animaux qui ont été élevés pour être mangés.»

La table ronde s’est enrichie d’un échange avec le public. Une personne s’est ainsi demandée si ce n’était pas simplement le juste déroulement de la chaîne alimentaire que de manger des animaux qui eux-mêmes mangent d’autres animaux.

Un avis qui a n’a pas fait l’unanimité. «On mange des animaux qui ne mangent pas d’animaux, donc ce n’est pas vraiment la chaîne alimentaire», a argumenté Florence Burgat.

En guise de conclusion, les intervenants ont estimé que le comportement de l’homme envers l’animal n’est pas correct et que l’espèce humaine ne peut pas survivre sans les autres espèces animales.

Une douzaine de manifestations se sont déroulées dans plusieurs lieux de la Ville de Bienne entre jeudi et hier.

Quelque 400 personnes ont assisté aux diverses manifestations. Une fréquentation qualifiée de bonne par Raimund Rodewald, coprésident des Journées philosophiques.

Cet événement bilingue est organisé tous les deux ans depuis 2001. Il s’agit de partager la philosophie avec le grand public sur des thèmes souvent complexes mais que les conférenciers rendent plus abordables.

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