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Moutier

Treize défections, 4440 papables, un candidat officiellement lancé

A quelques mois des élections pour la législature 2023-2026, la dernière dans le canton, il n’est pas étonnant de constater que l’intérêt à combler les sièges vides au Conseil de ville n'est pas énorme de la part des partis traditionnels.

Deux semaines avant l’échéance, on est loin de l’habituelle effervescence. Comme ici, en 2018. Archives Stéphane Gerber

Par Dan Steiner

A Moutier, on le sait, on ne fait jamais rien comme tout le monde. Une démission en bloc au sein d’un Législatif n’a à coup sûr rien d’une première. Or la nécessité de combler les sièges vacants au travers d’une élection à 4’400 papables, exigée par un service d’un Canton qu’une partie de la population souhaite quitter depuis des décennies, n’a rien de commune, elle. Il faut donc reconnaître aux Prévôtois le don de rompre la monotonie.

 

Or, paradoxalement, c’est dans une relative indifférence que se déroule la campagne actuelle pour remplacer les 13 élues et élus non séparatistes au Conseil de ville, dont le point d’orgue est fixé au 13 février. A deux semaines de l’élection, une seule personne issue d'un parti traditionnel est sortie du bois pour occuper l’un des strapontins boudés. Pas étonnant qu’il s’agisse d’un écologiste. «Ces dernières années, Les Verts du Jura bernois ont toujours mené une politique sociale et écologiste, sans prendre position dans le cadre de la Question jurassienne», expliquaient-ils il y a une semaine, à l’heure de lancer Léonard Paget, 19 ans, dans la course. Un communiqué commun avec la section du nord. «Maintenant que la question est close, Les Verts du Jura bernois et du Jura se lancent comme mission de s’impliquer pour le futur développement jurassien de la ville.»

 

Attention aux homonymes

Aucun dépôt de listes, aucune volonté de s’impliquer pour boucher les trous de la part des partis politiques actuellement en place au Conseil de ville. Du moins pas officiellement. «Nous avons eu une séance récente et des gens sont intéressés», fait toutefois remarquer le maire de Moutier, Marcel Winistoerfer, élu PDC de son état. «Comme dans chaque parti, j’imagine.» Mais personne ne semble trouver utile, écologistes mis à part, de se profiler cet hiver. C’est que, dans quelques mois seulement, on rebrassera l’ensemble des cartes en vue de la dernière législature «bernoise», celle de 2023 à 2026.

 

Une feuille, 13 lignes à remplir, pas une de plus, mais une ou plusieurs de moins selon l’envie; pas de cumul possible mais la nécessité de coucher sur papier le nom d’une personne reconnaissable parmi les 4’400 candidatures potentielles, auxquelles il s’agit de retrancher les 28 membres actuels du Législatif local. Reconnaissable, car parmi tout ce beau monde, les autorités ont mis en lumière la présence d’une quarantaine d’homonymes, soit environ 20 paires de patronymes identiques. «Pour remplir son bulletin, il s’agit d’être le plus précis possible», pointe Christian Vaquin, le chancelier. Année de naissance, profession, adresse: tout est bon pour différencier les gens. Dans le cas contraire, le vote sera biffé.

 

Obligation de siéger, sauf si...

Il n’est toutefois pas impossible d’élire une ou un démissionnaire, mais il s’agirait plutôt d’éviter. Reste que chaque personne élue au soir du 13 février est tenue de siéger, selon le règlement, rappelle Christian Vaquin. Celles qui présentent par écrit à la Ville un juste motif (maladie, empêchement professionnel, âge, etc.) pourront toutefois être exemptées par le Conseil municipal. Le quorum étant atteint, le Conseil de ville a pu siéger depuis juin dernier, mais la Municipalité se devait d’essayer de combler les trous.

 

Marcel Winistoerfer espère surtout que les gens qui feront désormais le nombre aient récolté au moins une cinquantaine de voix, pas deux ou trois. «Mais la situation est inédite. Même l’Office des affaires communales et de l’organisation du territoire a dû réfléchir à la façon de faire pour cette élection», sourit-il. Lui-même, soit dit en passant, prendra une décision sur son avenir à la mairie durant l’été, en fonction des mouvements politiques en vue des élections de novembre. A quelques encablures du transfert dans le Jura, il est cette fois certain qu’il y en aura, des mouvements.

 

Article publié le lendemain:

 

Partis traditionnels en retrait, particuliers actifs

Candidat officiellement annoncé par une formation politique de la région, même si Les Verts ne sont aujourd’hui pas présents au Conseil de ville de Moutier, l’écologiste Léonard Paget n’est toutefois pas le seul à briguer l’un des 13 sièges vacants au Législatif, en vue de l’élection du 13février. Comme le fait remarquer Benoit Marchand, en lien avec le peu d’intérêt général des partis «traditionnels» relaté dans notre article d’hier au sujet des modalités du scrutin, lui-même s’est bel et bien annoncé.


Mais sur les réseaux sociaux. Et il n’est pas le seul. «Normalement, je distille canulars, fake news et tentatives d’humour de mauvaise qualité sur cette page», s’amuse le décolleteur né en 1977, sur son profil Facebook. Or, cette fois, c’est du sérieux, poursuit celui qui est aussi responsable du téléski des Golats. «J’annonce ma candidature. La Question jurassienne étant réglée, il n’y a plus lieu de s’afficher comme probernois ou autonomiste. Il est temps pour la ville de se pencher sur ses problèmes de déficit structurel, d’ordures dans les rues ou encore de l’image médiatique désastreuse que nous avons dans le reste de la Suisse.» Il souhaite aussi créer un appel d’air pour des candidats neutres sur la Question en vue des élections de novembre.

 

«Dédramatiser»
Patron du Soleil depuis 15 ans, Patrick Muster (1977) n’en pense pas moins et s’est lui aussi dit prêt à siéger via un post Facebook, où il est déguisé en lapin chasseur. «Mon but est de dédramatiser la politique à Moutier», lâche-t-il. Sa démarche, sincère, vise cependant à créer de la bonne humeur et à faire une campagne drôle. «Cela fait des années que l’on est tiraillé et qu’il ne faut pas causer de politique», soupire le restaurateur.


Autre gérant, mais du Golf indoor de la rue Industrielle, cette fois, Sébastien Queloz (1977) a lui aussi fait part en ligne de son intérêt. Débarqué à Moutier pour le hockey, il souhaite pour sa part «rendre la pareille à cette ville qui m’a bien accueilli, mais qui pourrait encore évoluer». Finalement, si la campagne reste calme, ça bouge quand même!

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