Un Biennois sillonne la Suisse pour sauver la vie de son fils

L’histoire de Pierre Kindler est du genre à serrer le cœur, si l’on ose dire. Ce Biennois de 59 ans est père de jumeaux de trois ans qui vivent auprès de leur mère au Brésil. L’un des deux enfants, Pedro, souffre d’une anomalie cardiaque: l’orifice du septum interventriculaire, qui se ferme normalement à la naissance, est resté ouvert. Un problème qui engendre une mauvaise circulation du sang et entraîne un ralentissement de la croissance.

Sur des images vidéo, on voit le garçonnet assis par terre en train de jouer. Au premier abord, tout semble normal. Mais on le voit alors ramper, traînant derrière lui des jambes étiques, aux muscles atrophiés. À trois ans, Pedro ne peut pas se tenir debout. «Il doit être opéré d’urgence, sinon son temps de vie est compté», craint le papa.

Pierre Kindler sillonne donc actuellement la Suisse, dans une vieille Citroën 2CV qu’un collègue lui a offerte. Sa mission: récolter des fonds pour financer l’opération cardiaque qui, espère-t-il, sauvera son fils. Il a également ouvert un site web (www.gofundme.com) et une page Facebook.

100'000fr. nécessaires

En peu de temps, il a déjà réuni plus de 10000 fr. sur un compte réservé aux dons. Jusqu’ici ce sont surtout des amis et d’anciens collègues de Bienne qui ont mis la main au porte-monnaie. Mais d’autres donateurs, que Pierre Kindler ne connaît pas, se sont montrés généreux. Deux d’entre eux ont même versé chacun 1000 francs. Il estime qu’il devra récolter 100000 fr. pour couvrir tous les frais. Le déplacement de Pedro en Suisse coûterait à lui seul 10000 francs.

Quant à l’opération, Pierre Kindler espère que le célèbre chirurgien cardiaque René Prêtre s’intéresse au cas de son fils. Dans le «Sonntagsblick», le chirurgien a d’ores et déjà fait savoir que sa fondation, «Le petit cœur», était disposée à participer aux frais.
Avant même sa naissance, les images aux ultrasons avaient détecté des malformations chez Pedro, dont le foie se trouvait à l’extérieur du corps. Quelques heures après sa mise au monde, il avait donc dû être opéré une première fois. En l’absence d’œsophage, le nourrisson avait également dû être alimenté artificiellement. Sa malformation cardiaque, décelée par la suite, a nécessité une première intervention chirurgicale au Brésil.

Pedro a déjà passé onze mois de sa courte existence à l’hôpital et a failli mourir plusieurs fois. «Les médecins qui s’occupent de mon fils sont excellents, et je suis régulièrement en contact avec eux. Une autre opération au Brésil serait tout à fait envisageable, mais je souhaite que ce soit René Prêtre qui l’effectue», explique le Biennois, qui précise que l’assurance-maladie brésilienne de l’enfant limite sa prise en charge d’une opération cardiaque à quelques hôpitaux bien déterminés.

De plus, les délais sont longs. De son côté, René Prêtre attend du Brésil le dossier médical de Pedro, notamment son échocardiographie. Il s’agira également d’établir un passeport pour que l’enfant puisse entrer en Suisse.

«Un petit gars joyeux»

Pierre Kindler vit à Bienne auprès de sa mère. Il a fait un apprentissage de commerce il y a plus de 40ans, à Bienne, avant de travailler à la réception d’un hôtel à Gstaad. Puis il a parcouru le monde, travaillant en Afrique du Sud, en Australie et finalement au Brésil, où il a fondé une famille. Aujourd’hui, il se bat pour sauver la vie de son fils, «un petit gars joyeux, qui rit beaucoup, bien qu’il soit très malade». Admiratif, il se demande parfois où Pedro trouve l’énergie d’être si gai alors que sa santé est si précaire. (bal-mg)