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Bienne: solidarité femmes

Un Caméléon aux vertus réparatrices

Un groupe de paroles destiné aux enfants concernés par la violence domestique a été mis sur pied en mars. Une offre inédite en Suisse

Mélanie Meier, psychologue animatrice du Caméléon et intervenante Lavi, et Myriame Zufferey, directrice de Solidarité femmes, œuvrent pour soulager les femmes et les enfants victimes de violence. Anita Vozza

Marjorie Spart

La mascotte se nomme Camy.  C’est une marionnette de caméléon. «Elle permet aux enfants de lui confier des secrets, de la faire parler à leur place ou simplement de les rassurer.» Mélanie Meier, psychologue de l’enfant, coanime depuis le mois de mars, un groupe de paroles uniquement destiné aux bambins concernés par la violence domestique. Un groupe du nom de Caméléon où la mascotte a toute sa place et son sens. «Camy peut prendre les sentiments ou les secrets trop lourds pour les enfants», glisse-t-elle.

L’association Solidarité femmes a décidé de mettre ce groupe de paroles pour enfants sur pied «parce que la violence – psychologique ou physique, vécue directement ou comme témoin – provoque une vraie souffrance chez les enfants». Selon la spécialiste, il est primordial d’offrir une plateforme d’écoute et de partage aux bambins. «Participer à un groupe de paroles possède deux avantages: cela permet d’aider à résoudre des situations actuelles, mais aussi à prévenir certains troubles futurs ou certains comportements que les victimes de violence risquent de répéter plus tard», explique Mélanie Meier qui valorise aussi le fait qu’en groupe, les enfants se sentent moins seuls. «C’est important qu’ils comprennent qu’ils ne sont pas les seuls à vivre des situations difficiles.»

Une entité à part entière

Ainsi, toutes les deux semaines, le Caméléon accueille une poignée d’enfants de 4 à 15 ans, pour une séance d’une heure. «Nous préparons chaque séance comme une entité à part entière, avec un début et une fin, détaille la psychologue. De la sorte, les enfants peuvent venir une fois ou plusieurs sans avoir l’impression de manquer quelque chose.»

Durant les séances, les animatrices traitent d’un sujet précis: les émotions, les bons ou mauvais secrets, apprendre à dire non, etc. Au début de la rencontre, les animatrices expliquent le thème du jour et en présentent les grandes lignes: «On aide à mettre des mots sur les émotions comme la peur, la colère, l’injustice On les aide à comprendre ce qu’ils ressentent», commente Mélanie Meier. Ensuite, une activité est organisée pour illustrer les émotions, notamment par le biais des cinq sens. «A la fin de la séance, chaque enfant est invité à  colorier une parcelle d’un caméléon géant et, en contrepartie, il repart avec un petit ‹porte-bonheur› qui l’aidera à faire face à ses émotions. Celui-ci est assez symbolique, comme lorsque nous avons offert aux enfants un petit lion pour représenter le courage», poursuit-elle.

Parents et enfants satisfaits

Depuis la mise sur pied du groupe, il a toujours connu une bonne fréquentation. «Beaucoup sont déjà venus plusieurs fois. Selon les échos qu’ils nous donnent, les enfants s’y sentent bien et en sécurité», assure Mélanie Meier, très heureuse de pouvoir offrir «un petit monde pour les enfants, qui n’appartient qu’à eux».

Et du côté des mamans, l’enthousiasme semble également bien présent: «Beaucoup ont l’air soulagées qu’il existe un lieu où leurs enfants peuvent parler en toute liberté de ce qu’ils vivent ou ressentent», commente la psychologue. Un avis partagé par une maman dont les enfants fréquentent assidûment le Caméléon: «Mes enfants reçoivent ici beaucoup d’amour. Ils se sentent en sécurité.»

Si cette jeune femme a proposé à ses enfants d’intégrer le groupe, c’est aussi pour que des spécialistes puissent déceler si la situation conflictuelle qu’elle a vécue avec son ex-mari n’a pas de répercussions néfastes sur eux. Elle aime aussi les thèmes abordés: «Les enfants peuvent voir comment les choses doivent réellement être. Présentées par des tiers, ces vérités ont plus de poids.» Depuis que ses enfants fréquentent ce groupe, cette maman a constaté de menus changements: «Mes enfants évoquent un peu leurs sentiments.»

Sortir de la violence

Le caméléon  Le groupe de paroles le Caméléon se tient deux fois par mois, le mercredi après-midi, durant une heure. Les enfants concernés par la violence peuvent s’y inscrire (032 322 03 44). La participation est gratuite. Mélanie Meier et Alexia Schöni coaniment ce groupe bilingue. Elles présenteront le groupe, ses objectifs et des premiers résultats ce soir à 19h30 dans les locaux de Solidarité Femmes (rue du Contrôle 12).

Solidarité femmes  Le Caméléon est organisé par l’association Solidarité femmes région biennoise. Celle-ci est un centre de consultation ambulatoire pour les femmes, les jeunes et les enfants victimes de violence domestique. Elle possède aussi une structure stationnaire d’urgence – la Maison d’accueil pour les femmes et leurs enfants – pour permettre aux victimes de se protéger rapidement. Solidarité Femmes offre une structure de soutien à celles qui sont victimes de violence physique ou psychologique.

Plus d’infos sur le site www.solfemmes.ch

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