Vous êtes ici

Abo

conseil de ville

Un coquet «squat» bientôt régularisé

Un bâtiment propriété de la fondation Charles Neuhaus abrite depuis 1842 des logements. Or, le plan de zone n’autorise pas cette affectation. Mais la donne devrait changer

Le bâtiment de l’ancienne fabrique d’indiennes est en vente depuis une année. Pour que la bâtisse puisse continuer d’abriter des logements, le Conseil de Ville, puis le peuple, devront avaliser un changment de zone. Archives

Julien Graf

Pour occuper comme il se doit leurs deux dernières séances avant la trêve estivale, ce soir et demain, les conseillers de ville débattront, entre autres des comptes 2014, présentés en avril dernier par le Conseil municipal (lire ci-contre). Ils s’attaqueront aussi à la modification partielle de la réglementation fondamentale en matière de construction de la Ville dans le secteur de la rue Karl-Neuhaus.

Derrière cet objet à l’énoncé pour le moins rébarbatif se cache pourtant une histoire cocasse: les parlementaires, puis le peuple le 18 octobre prochain, seront appelés à régulariser ce qui peut être considéré – en raccourcissant un brin – comme le plus ancien squat de Bienne! Une occupation «illégale» qui prévaut depuis le 19e siècle. Sans que personne n’y ait trouvé à redire.

Vendre puis rénover

Explications. Le bâtiment en question est un petit bijou situé dans un écrin de verdure au cœur de la cité seelandaise. Protégée au niveau fédéral, la maison est attenante au bâtiment, le long de la promenade de la Suze. Propriété de la fondation Charles Neuhaus, le monument aurait urgemment besoin d’être assaini. Il est dans un si mauvais état que la fondation s’est résolue l’an dernier à le vendre(notre édition du 10 juillet 2014).

Construite en 1799 pour abriter la manufacture d’indiennes Verdan-Neuhaus, la bâtisse a, dès 1842, été partiellement transformée en logements. Problème: la fabrique, tout comme les bâtiments Schwab et Neuhaus du NMB, est située dans une zone dite d’utilité publique dans laquelle des affectations privées ne sont pas admissibles.

En un mot comme en cent: toutes les personnes y ayant résidé, dont la servante de DoraNeuhaus, dernière descendante de la dynastie éponyme, n’en auraient pas eu le droit. «Lorsque nous avons mis la maison en vente, nous ne savions pas que l’affectation de la zone ne permettait pas d’utiliser le bâtiment comme logement», concède Martin Bösiger, président de la fondation Charles Neuhaus.

Pour remédier à la situation, le Conseil municipal, d’entente avec la fondation, propose au législatif de faire passer ce bout de parcelle d’une zone d’utilité publique à une zone dite mixte A. La manœuvre permettra ainsi au nouvel acquéreur des affectations d’ordre privé. Logements, ateliers, bureaux ou autres pourront ainsi être aménagés en toute légalité.

Propriétaire bienveillant

Redoutant la privatisation de l’ancienne fabrique, le groupe régional Bienne-Seeland de la fondation Patrimoine bernois avait fait opposition à cette modification partielle. Mais rassuré par les promesses de la fondation Neuhaus, l’organisation l’a ensuite retirée.

C’est que les têtes pensantes de la fondation n’ont pas cédé le bijou au plus offrant. Pas question qu’il devienne un objet de spéculation. «Pour permettre et garantir la bonne conservation du bâtiment, la fondation Neuhaus a décidé de le vendre à un acquéreur soigneusement sélectionné», note le Conseil municipal dans son rapport à l’intention des parlementaires.

A condition que la modification partielle soit entérinée ce soir – ce qui ne devrait être qu’une formalité – , et que les citoyens apportent leur assentiment en octobre, le contrat d’achat entrera en vigueur. «L’acheteur est un Biennois qui désire s’y établir après avoir assaini les lieux. Le contrat est déjà signé», affirme Martin Bösiger. L’ancienne fabrique d’indiennes a été vendue pour plus d’un demi-million de francs. La fondation utilisera cet argent pour assainir ses autres immeubles.

Comptes 2014 et mets préfabriqués

Ce soir et demain les parlementaires se pencheront aussi sur les comptes 2014. Mi-avril, la Ville avait présenté un déficit de 8,5 millions de francs pour l’année écoulée. Un résultat qui représente toutefois une amélioration de 10 mios par rapport aux prévisions.

Le Budget 2014 prévoyait en effet des prélèvements dans les financements spéciaux de 14,4 mios pour s’assurer que la fortune nette reste positive mais la Ville n’a pas puisé dans ces réserves.

A fin 2014, la fortune nette s’élevait à 10,2 mios contre 18,8 au terme de l’exercice précédent (notre édition du 11 avril).

Le législatif abordera aussi la question des repas livrés en liaison froide depuis Bâle par SV Group dans les écoles à journée continue. Il devra prendre connaissance d’un rapport du Conseil municipal à ce sujet (notre édition du 13 juin). Si la qualité des plats proposés est «satisfaisante», l’exécutif a toutefois décidé de résilier le contrat avec le groupe bâlois avec effet à mi-2016. Cette manœuvre doit permettre une éventuelle mise en place de l’initiative «Pour une alimentation saine», déposée en janvier et munie de quelque 2800 paraphes.

Articles correspondant: Région »