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Bienne

Un couple bilingue et biparti

Présidente et premier vice-président du Conseil de ville, la socialiste alémanique Salome Strobel et le radical romand Pascal Bord vivent heureux en ménage depuis huit ans.

Pascal Bord et Salome Strobel forment un couple uni, sans être affiliés au même parti politique. Peter Samuel Jaggi

Julie Gaudio

Le 13 janvier dernier, lors de la première séance du Conseil de ville de l’année 2021 – et celle de la nouvelle législature – Salome Strobel (Parti socialiste, SP) a été élue présidente du parlement, et Pascal Bord (Parti radical romand, PRR) premier vice-président. Proches au Conseil de ville, les deux parlementaires le sont également dans leur vie privée.

Sans partager la même langue d’origine, ni le même parti politique, Pascal Bord et Salome Strobel forment un couple uni et amoureux depuis 2013. «Nous ne nous sommes pas rencontrés dans le cadre de nos fonctions politiques, mais à travers des activités annexes», révèle Pascal Bord, entré au Conseil de ville en janvier 2013 sous la bannière de l’UDC, avant de passer au PRR deux ans plus tard.

Une passion en commun

«Certains membres de mon parti n’ont pas compris mon choix d’être en couple avec Pascal et m’ont dit que j’étais ‹folle›, d’autant plus lorsque Pascal était à l’UDC», sourit Salome Strobel, au parlement biennois depuis juin 2009. Pourtant, les deux politiciens affirment s’entendre à merveille. «Nous ne nous situons pas aux extrêmes de nos partis, donc notre couple fonctionne bien», poursuit Salome Strobel. En outre, «nous essayons de ne pas travailler sur les mêmes dossiers si nous savons que nos avis divergent», détaille Pascal Bord, avant d’ajouter: «Nous voulons tous les deux faire avancer notre ville, avec des sensibilités différentes.»

De retour chez eux après de longs débats au Conseil de ville, Salome Strobel et Pascal Bord savourent le plaisir de pouvoir se raconter leur séance passée, en mélangeant le français et le suisse allemand. «Parfois, je suis énervée et je dis à Pascal: ‹Pourquoi t’as voté ça?›», relate Salome Strobel. «Mais je me calme vite! Et il est agréable de pouvoir discuter des séances avec quelqu’un qui était présent et qui comprend ce que je fais», admet-elle en souriant, devant son compagnon qui opine du chef.

«En réalité, en privé, nous parlons plus des thèmes abordés ou du déroulement des séances futures. Mais nous ne nous lançons pas dans des débats partisans», complète Pascal Bord. Les deux politiciens assurent aussi ne rien dévoiler de ce qui est discuté lors des réunions avec leurs groupes politiques respectifs.

Sans changer radicalement de bord, les deux politiciens s’influencent mutuellement. «Il est enrichissant de comprendre comment l’autre fonctionne et arrive à sa position. Cela permet de mieux aborder les dossiers», note le radical romand.

Des enfants qui s’engagent

De son côté, la socialiste sensibilise son compagnon sur ses thèmes de prédilection. «Même si Pascal se déplaçait à vélo avant de me rencontrer, il fait plus d’efforts pour l’environnement maintenant. Par exemple, je l’ai converti au bio», affirme malicieusement Salome Strobel, avant d’être corrigée par Pascal Bord:«pas converti au bio, sensibilisé!»

Les élections de l’année dernière n’ont pas seulement permis au couple de se faire réélire, elles ont aussi lancé en politique la fille de Pascal Bord, Nathalie, ainsi que celle de Salome Strobel, Gianna. La première a suivi les pas de son père, en s’inscrivant sur la liste PRR, tandis que la deuxième a suivi ceux de sa mère, en s’affichant sur la liste JS (Jeunes socialistes). Arrivée première des viennent-ensuite, Nathalie, 21ans, n’a pas été élue, tandis que Gianna, qui fêtera ses 20ans cette année, a fait son entrée au Conseil de ville devant sa mère fraîchement élue présidente. «Je me réjouis que Gianna s’intéresse à la politique et qu’elle s’engage», salue d’ailleurs Salome Strobel.

Issue d’un parti situé à gauche de l’échiquier politique, voire «à l’extrême gauche» pour certains, Gianna peut-elle s’entendre avec un PRR? «Ils s’envoient des piques humoristiques. Pascal a par exemple offert à Noël le ‹Petit livre rouge› de Mao à Gianna, tandis qu’elle lui a donné un livre de Karl Marx en échange!» se souvient en riant Salome Strobel. Point de joute verbale autour de la table, donc. Pourtant, pour Pascal Bord, «les jeunes socialistes ont une vision idéalisée du monde. Celle-ci leur permet de faire décoller le débat, mais il faut atterrir et être réaliste», estime-t-il. «C’est bien que ces jeunes aient encore cette envie de changer le monde!», renchérit sa compagne.«Je l’avais à leur âge mais je suis devenue trop réaliste maintenant», conclut Salome Strobel, avec une légère pointe de nostalgie.

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