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Maison Farel

«Un édifice témoin d’une époque»

Le bâtiment élaboré par l’architecte Max Schlup dans les années 1950 ouvre ses portes dimanche aux visiteurs dans le cadre des Journées européennes du patrimoine

Construite entre 1956 et 1959, la Maison Farel est caractéristique de la doctrine architecturale de l’époque. LDD/Fa. Hirsch

Didier Nieto

Au quai du Haut, la Maison Farel attire les regards depuis plus de 50 ans. Sa façade entièrement vitrée contraste avec celles des bâtiments adjacents, à l’allure plus traditionnelle. «Cette architecture brute, où les matériaux sont mis en avant, est très représentative des années 1950», explique Karin Zaugg, responsable du Service des monuments historiques de la Ville. «L’utilisation de l’espace au rez-de-chaussée, conçu comme une sorte de parcours, est aussi caractéristique.»

Créée par l’architecte biennois Max Schlup, la Maison Farel dévoilera ses mystères dimanche à l’occasion d’une journée portes ouvertes. Celle-ci s’inscrit dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, placées cette année sous le signe des échanges et des influences. «La Maison Farel correspond parfaitement à ce thème. Elle illustre les échanges et les discussions du mouvement appelé l’Ecole soleuroise, dont Max Schlup faisait partie», détaille Karin Zaugg.

Première cantonale

Autre lien avec la thématique:  l’immeuble a été érigé «pour permettre à des personnes de se retrouver et d’échanger». Construite entre 1956 et 1959, la Maison Farel a été commandée à Max Schlup par la Paroisse réformée de Bienne. Pensée comme un centre social, elle porte le nom de Guillaume Farel, un théologien français qui a joué un rôle important dans l’expansion de la réforme protestante en Suisse romande, plus particulièrement à Bienne.

L’édifice est composée de deux bâtiments reliés l’un à l’autre. D’abord une maison-tour de six étages – qui abrite des appartements, des salles communes et des anciennes chambres destinées à des jeunes filles pas encore mariées. Puis, à l’arrière, une bâtisse qui fait office d’église et dont le toit oblique rappelle le Palais des Congrès, une autre création de Max Schlup.

«En passant devant la maison, on ne remarque pas qu’il s’agit d’une église. C’était le but. Chaque volume a été pensé pour être utilisé de manière polyvalente. C’était une tendance architecturale de l’époque», précise la responsable.

Autre particularité de l’édifice: sa façade «rideau légère», «la première du canton de Berne», souligne Karin Zaugg. Constituée de verres et de fines structures métalliques qui ne dépassent pas 3 cm d’épaisseur, la façade n’a aucune fonction porteuse. «Elle est comme un manteau qui enrobe des piliers en béton, image-t-elle. C’était une conception très moderne pour l’époque. Une technique ensuite appliquée au bâtiment de l’entreprise Diametal, aux Champs-de-Boujean, ou à la tour de la rue du Faucon.

Nombreuses faiblesses

La modernité de la Maison Farel, qui accueille actuellement les bureaux de la paroisse réformée et ceux d’autres institutions sociales, n’est cependant plus qu’un lointain souvenir. «Aujourd’hui, on ne pourrait plus construire de bâtiment pareil», reconnaît Karin Zaugg. «Témoin d’une époque», l’édifice compte de nombreuses faiblesses: il ne répond pas aux normes anti-incendies, il n’est pas adapté aux personnes à mobilité réduite et les façades en verre ne garantissent aucune isolation thermique.

Ayant renoncé à entreprendre de coûteux travaux de rénovation, la paroisse réformée a vendu son bâtiment à un consortium d’architectes biennois au printemps. «Notre but est de corriger les défauts de la maison tout en conservant son esprit. Nous voulons adapter le concept d’utilisation aux lieux, et non l’inverse», assure Ivo Thalmann, l’un des cinq nouveaux propriétaires. Le bâtiment étant classé digne de protection, les architectes ont de toute façon l’obligation de maintenir sa structure interne.

Dimanche, avant la visite guidée, Ivo Thalmann participera d’ailleurs, avec plusieurs experts, à une discussion publique sur la manière de conserver ou transformer des édifices historiques.

Info

Journées européennes du patrimoine
Visite guidée de la Maison Farel (quai du Haut 12) dimanche à 11h30, 13h30 et 14h45. Discussion avec les experts à 10h.

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