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Cinéma

Un festival sur petit écran

La 56e édition des Journées de Soleure s’est tenue en version numérique uniquement. Sa directrice, la Biennoise Anita Hugi, se réjouit du bilan très satisfaisant.

La tenue des Journées de Soleure en ligne n’a pas empêché sa directrice, Anita Hugi, de s’entretenir avec les cinéastes. LDD

Julie Gaudio

Rendez-vous incontournable du cinéma suisse chaque année, le festival des Journées de Soleure s’est tenu, entre le 20 et le 27 janvier, pour la première fois de son histoire en version numérique uniquement. «Notre mission est de montrer et de célébrer la production helvétique», rappelle la Biennoise Anita Hugi, directrice des Journées de Soleure depuis l’été 2019. «Or, avec la fermeture des cinémas, les films n’ont souvent pas pu être montrés, et ils seront mis en concurrence avec de plus grosses productions étrangères lorsque les salles rouvriront», poursuit-elle.

En outre, souligne la directrice, «l’année a été très forte pour le 7e art suisse. J’ai été enchantée par les nombreuses propositions que nous avons reçues.» La tenue de la 56e édition des Journées de Soleure paraissait dès lors encore plus importante à ces yeux, «pour ne pas perdre de vue toute cette création».

Un nouveau prix pour la relève

Sur le site du festival, force est de constater que la programmation est riche et variée. «En sept jours, nous avons proposé plus de 220 films, 100 échanges avec les cinéastes, et nous avons maintenu tous les prix», se réjouit Anita Hugi. Une nouvelle récompense a même été créée cette année, le prix Opera Prima (voir encadré), qui vise à récompenser les premières œuvres du cinéma suisse. «L’année dernière, j’étais très impressionnée du nombre de premières œuvres que nous avions», raconte Anita Hugi. «En créant cette distinction, je souhaite offrir de la visibilité à ces nouveaux cinéastes, les encourager, mais aussi les faire découvrir au public.» Beaucoup de réalisateurs de la cité seelandaise faisaient partie de la sélection Opera Prima, «et cela m’a fait très plaisir», sourit la Biennoise.

Les Journées de Soleure s’appliquent non seulement à mettre la lumière sur le cinéma suisse d’aujourd’hui et de demain, mais le festival tient également à ne pas oublier son passé. Ainsi, le programme spécial «Histoires du cinéma suisse» était consacré cette année à sept réalisatrices de films suisses: Lucienne Lanaz, Gertrud Pinkus, Tula Roy, Marlies Graf Dätwyler, Isa Hesse-Rabinovitch, June Kovach et Carole Roussopoulos, à l’occasion des 50 ans de l’obtention du droit de vote pour les femmes en Suisse. «Les femmes se sont souvent lancées dans la réalisation car on ne leur offrait pas de grands rôles. Mais aussi pour aborder des thèmes, comme la sexualité, qui étaient jusque-là tabous», analyse Anita Hugi. «Pourtant, ces cinéastes marquantes sont parfois oubliées, car leurs films ne sont plus du tout accessibles.»

Un bilan très réjouissant

Ainsi, en partenariat avec la Cinémathèque suisse, dix de leurs films ont été numérisés, et présentés en avant-première dans le cadre du festival. Lucienne Lanaz, cinéaste de Grandval, a par exemple pu s’entretenir par vidéo avec le public, autour de son documentaire «Cinéjournal au féminin», réalisé avec Anne Cuneo, Erich Liebi et Urs Bolliger en 1980. «Son film restauré, et ceux de ses consœurs, seront mis en ligne sur la plateforme Filmo à partir du 6 février», ajoute Anita Hugi.

Pour faire connaître encore mieux ces réalisatrices, les Journées de Soleure ont organisé un atelier numérique afin d’apprendre à écrire des biographies sur l’encyclopédie en ligne Wikipedia. «Certaines d’entre elles n’avaient pas encore de fiches, ou alors des succinctes rédigées seulement dans une seule langue», pointe la directrice des Journées de Soleure. «Avec cet atelier, auquel 50 personnes ont participé, nous voulons montrer que nous agissons, plutôt que de nous plaindre!»

Finalement, le bilan de cette première édition numérique demeure tout à fait satisfaisant pour Anita Hugi, tant du côté du public que de celui des cinéastes. «Nous avons eu des retours très positifs de la part de nos habitués. Et notre meilleure visibilité en ligne nous a permis d’attirer un autre public, plus jeune, qui ne connaissait pas forcément notre festival», se félicite la directrice des Journées de Soleure. Avant même d’obtenir les chiffres définitifs, communiqués demain midi, Anita Hugi a confié hier que 26 000 billets ont été vendus en sept jours et 57 000 visiteurs ont consulté le site web du festival. «Je suis très étonnée d’un tel succès, mais absolument ravie», conclut la directrice des Journées de Soleure.

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