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Les nouveaux entrepreneurs/5

Un garde-temps nommé «Renan»

David Gagnebin a grandi à St-Imier et fait renaître une tradition familiale. Il va lancer un nouveau modèle de montres en hommage au village de Renan, lieu d’origine de ses ancêtres suisses.

David Gagnebin a fait renaître il y a trois ans la marque de montres créée par son grand-père en 1932. Tanja Lander
  • Dossier

Julien Baumann

Un certain David qui ne tremble pas devant les géants, ça ne vous rappelle rien? Il ne s’agit pas de la célèbre parabole biblique, mais de l’histoire d’un Imérien qui a décidé de relancer la marque de montres G. Gagnebin & Cie fondée en 1932 par son arrière-grand-père.

La manufacture avait mis la clé sous le paillasson au milieu des années soixante. Passionné par l’horlogerie depuis son plus jeune âge, David Gagnebin – né en Colombie en 1981 et adopté la même année par ses parents suisses – fait ainsi renaître une tradition familiale et régionale.

G. Gagnebin & Cie fait à nouveau partie du paysage horloger depuis 2013. Le siège de l’entreprise est à Bienne et son fondateur David Gagnebin a dessiné deux collections de montres dont la fabrication est confiée à des entreprises externes. À écouter le jeune entrepreneur, on sent que son projet est davantage qu’un business comme un autre. «Je parle de mes montres avec mes tripes et pas seulement comme un vendeur», dit-il avec conviction.

Potentiel sur Internet et les réseaux sociaux
Preuve de son attachement à l’histoire de la région, David Gagnebin va baptiser sa prochaine collection «Renan», en hommage au village du Vallon de St-Imier.

«J’ai fait des recherches sur les origines des Gagnebin jusqu’au 15e siècle et j’ai remarqué qu’on avait tous un ancêtre commun qui vivait à Renan, explique-t-il. En plus, c’est une localité importante pour l’horlogerie. Plusieurs noms d’horlogers reconnus sont cités à Renan à la fin du 19e siècle.»

Cette nouvelle montre est encore à l’état de projet et ne sortira pas avant l’année prochaine. David Gagnebin compte sur une collecte participative de fonds sur Internet pour financer la production. L’action sera lancée officiellement en deuxième partie de cette année.

Depuis sa renaissance en 2013, G. Gagnebin & Cie a développé deux collections principales de montres mécaniques à remontage automatique. Pour lancer cette première série, David Gagnebin a procédé à des souscriptions. Il a dû chercher des promesses d’achats avant de pouvoir démarrer la fabrication. S’il doit encore travailler à temps plein – comme designer horloger à Bienne – pour subvenir à ses besoins, le jeune entrepreneur ne compte pas jeter l’éponge.

«Je me suis donné trois ans pour voir quelle tournure cela prendrait. Aujourd’hui, je suis plutôt content. Il y a des choses positives et négatives. Les ventes n’explosent pas mais sont en constante augmentation.» Avant de pouvoir espérer vivre de son rêve, David Gagnebin doit se faire un nom.

Après trois ans d’expérience, il dit miser sur les possibilités qu’offrent Internet. Il explique avoir vendu une quinzaine de montres via les réseaux sociaux et glisse cette anecdote au passage: «Une dame vivant aux Etats-Unis, qui s’appelle Gagnebin et dont les ancêtres viennent de Renan a eu vent de ma démarche sur Facebook. Elle a décidé de m’acheter une montre pour l’offrir à son fils.» Pour renforcer sa présence sur le Web, David Gagnebin va lancer prochainement un nouveau site avec shop en ligne.

La marque joue aussi la carte des ambassadeurs avec une collection en série limitée signée par le joueur de tennis Marco Chiudinelli. Une action en faveur de la fondation Digger à Tavannes a connu le succès l’an dernier avec l’écoulement de la totalité des 30modèles créés pour l’occasion. David Gagnebin précise à ce propos que l’une de des montres de cette collection a été acquise par un Conseiller fédéral fraîchement élu. «Et j’ai vu dans un reportage à la télé qu’il la portait!», raconte-t-il fièrement.

Pas de contradiction avec les montres connectées
David Gagnebin compte aussi sur son pays d’origine pour élargir sa clientèle. Il retourne régulièrement en Colombie où il a d’ailleurs rencontré son épouse. Les affaires sont visiblement déjà sur de bons rails. Au fil des rencontres, il a pu exposer ses montres dans un salon d’horlogerie à Bogota l’automne dernier et confie avoir déjà réalisé plusieurs ventes sur place.

S’il mise sur la tradition suisse de l’horlogerie mécanique, David Gagnebin suit de près les évolutions technologiques. Les mutations entraînées par les montres connectées ne l’effraient pas pour autant. «La montre traditionnelle a perdu sa vocation d’afficher l’heure depuis des décennies, mais les gens continuent d’en acheter. Je suis avec attention le débat entre pro et anti smartwatch. Je ne pense pas qu’il y ait de contradiction. Je connais des gens qui ont les deux!»

www.g-gagnebin.ch

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