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Mont-Crosin

Un jeune homme qui suit son sillon sans dévier

Commencée en culottes courtes, la carrière agricole de Mikaël Zürcher n’a pas de raison de s’arrêter

Les vaches, les chèvres, le pâturage et son mur de pierres sèches, c’est l’image du bonheur de Mikaël et Bianca. Bernard Schindler

Bernard Schindler

Il ne sait pas, Mikaël Zürcher, quand sa vocation de paysan est née. Elle a toujours existé, elle est toujours inébranlable aujourd’hui. A 23 ans, il est depuis trois ans déjà le fermier du domaine d’Henri Spychiger, au lieu-dit Sur-la-Côte, à Mont-Crosin. Il s’est lancé avec les seuls atouts de sa ferme conviction, de son énergie tranquille, de sa formation à peine achevée et du soutien de son propriétaire.

Ancien gérant du Landi au Torrent de Cormoret, son père n’a pas de domaine à lui léguer!

Cent-cinquante têtes

Plutôt sage, pas vraiment fan d’école, l’élève Mikaël a côtoyé des enseignants suffisamment compréhensifs pour lui permettre de vivre son originalité.

Ses résultats étaient sur la pente ascendante les deux dernières années obligatoires, cas peu fréquent. L’aventure agricole s’est concrétisée à l’âge de 8 ans: Mikaël a reçu une lapine en cadeau! Il a fait le nécessaire pour qu’elle ait une descendance, les nichées se sont multipliées.

Jeune éleveur, son sens des responsabilités s’est développé très tôt, il a tout assumé jusqu’à la commercialisation.

Les bouchers du coin sont ses clients, il réinvestit les bénéfices dans l’extension et la diversification de son élevage. Quelques années plus tard, le cheptel compte 150têtes, lapins, poules, oies, canards, pigeons et, finalement, six chèvres et un poney.

De quoi meubler ses loisirs! Il ira parfois en vacances à la Montagne de Saules, chez tante Sylvia et oncle Herbert, agriculteurs.

Il est dans son milieu, il ne veut rien d’autre. En fin de scolarité, comme l’eau du fleuve coule à la mer, Mikaël a suivi sa pente naturelle, sans se tarauder l’esprit de questions sans objet.

Il a commencé son apprentissage d’agriculteur, une année à la Tanne, la suivante aux Ponts-de-Martel, la dernière chez Henri Spychiger. Certificat en poche, il est resté une année comme employé chez ce dernier.

La traction animale

Le patron tient un domaine assez particulier, il jauge l’employé, l’idée d’une succession germe.

Le domaine fonctionne avec une part prépondérante donnée à la traction animale. Les six chevaux francs-montagnards assument les trois quarts des travaux sur 35 ha de surface agricole utile, la totalité du débardage des 10 ha de forêt et, en plus, ils promènent les touristes en calèche autour des éoliennes. Trois poulains attendent leur tour et il reste peu de choses pour le petit tracteur vert.

A 1 200 m d’altitude, les cultures se résument à quelques ares de pomme de terre.

La grande récolte, ce sont les foins, en deux fauches. Le domaine est en pleine AOP tête-de-moine, un avantage quant au prix du lait, mais il faut soigner le fourrage. Le style plaît à Mikaël, il a mis ses chèvres préférées au milieu des 25 vaches laitières et des génisses. Le propriétaire est content de son homme de main, l’affaire est conclue.

Henri Spychiger prendra une retraite progressive, Mikaël n’hésite pas une seconde:  «Si on n’est pas fils d’agriculteur, on n’a qu’une seule chance comme ça dans sa vie. Il faut la saisir!». A 20 ans, il est fermier!

Trois ans bien remplis

La journée commence à 4h30 et finit à 18h30, les pauses sont courtes. Les loisirs? «J’aime pas les vacances!», rétorque Mikaël. Tout va bien. Mais les obligations militaires l’ont rattrapé, dans ce qui reste des troupes du train évidemment.

Pointé sous-officier de par la puissance du règlement plutôt que de son plein gré, il décide de n’en pas rester là. Il est maintenant lieutenant, responsable des jeunes chevaux de l’armée. Son père, avec Henri Spychiger et un peu de main-d’œuvre externe, ont permis de passer le cap.

L’an dernier, il a trouvé le temps de se marier. Bianca est fille d’agriculteurs de La Chaux-d’Abel. Même stature svelte que Mikaël, un visage et un sourire d’ange, elle est heureuse: «Je n’aurais pas voulu une autre vie!», parole immédiate et spontanée. Provisoirement, elle travaille encore à l’extérieur mais elle est active à la ferme à tous ses moments libres.

Le couple rayonne, il a confiance, il est convaincu qu’un bel avenir se dessine à Sur-la-Côte, même si le chemin de la facilité est ailleurs.

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