Salomé Di Nuccio
«Je n’excelle dans aucune discipline sportive, mais je les maîtrise toutes!» Menuisier au Noirmont, Gérard Chaignat est un sportif amateur réaliste, sachant faire feu de son bilan personnel. En enchaînant une douzaine d’activités sportives en l’espace d’une seule journée, il s’est lancé, à la soixantaine, dans une expérience inédite, qui fait désormais l’objet du film «Franches-Défi». Sur fond de voix off du protagoniste: «Il retrace l’ensemble de mon parcours, du lever du jour jusqu’au moment où je rentre le soir».
Tramé d’images et de témoignages, son long-métrage sera projeté, le 18 janvier, au Noirmont, puis le 24 janvier à Tramelan.
Parti à trottinette
Féru de sport depuis sa prime jeunesse, Gérard Chaignat couvait de longue date ce projet assez inédit. En réduisant son engagement professionnel, en 2015, l’artisan a ressorti l’idée de dessous ses planches.
Conçu, après coup, en plusieurs étapes, «Franches-Défi» résume donc une journée de sport intensive aux Franches-Montagnes, combinant toutes les activités voulues entre 6h et 17h30. Course à pied, escalade, spéléologie, VTT, canoë, vélo de course, parapente, natation et autres pratiques dérivées. Parti discrètement du Noirmont en trottinette, le sexagénaire a quadrillé une bonne partie du district et des côtes du Doubs. Au gré d’une boucle d’environ 60kilomètres, il ne s’est accordé que quelques pauses pour se ravitailler.
Sans se «mettre la pression», l’amateur s’est quelque part surpassé. S’il lui était simple de remonter en trottinette, retenter le parapente n’allait pas de soi. «Après un accident et plusieurs mois d’hôpital, je n’avais plus volé depuis 30 ans. Il a fallu que je m’y remette complètement!»
Préparée en amont sur plusieurs semaines, l’aventure s’est déroulée exactement un 26 août. Entre les mois suivants, puis 2016, sa reconstitution s’avéra longue. «On était tributaire de la météo. En devant restituer une journée de grand beau, il fallait retrouver une luminosité et un ciel en conséquence.»
Dans un registre de reporter, Gérard Chaignat s’est retrouvé au centre d’un vrai travail d’équipe. «J’ai pas mal filmé et photographié moi-même, mais une bonne quinzaine de personnes ont participé aux prises de vues.» Soutenu par plusieurs membres de sa famille et des amis, il a tout de même fait appel à un professionnel de l’image. Soit le Taignon Robert Spaderna, apte à le suivre dans les hauteurs à l’aide d’un drone. «Il m’a aussi un peu coaché au départ, en me conseillant sur les formats d’images à utiliser.»
De sorte à enrichir son documentaire, le Noirmontain y a inclus une galerie de personnages du cru. «Je tenais à interviewer des gens qui vivent sur ce parcours, et que je considérais un peu atypiques.» On reconnaît notamment Thérèse Parrat, restauratrice à Muriaux, tout comme Fritz Freiburghaus, truculent artisan scieur des bords de l’étang de La Gruère. «C’est un bosseur incroyable, avec un accent suisse allemand terrible!»
Aidé par Daniel Chaignat
Monté et finalisé depuis décembre dernier, «Franches-Défi» a été adapté d’emblée à l’écran géant, grâce aux compétences de Daniel Chaignat, président de la coopérative Cinématographe-Royal de Tramelan et Tavannes. Projeté, en fin d’année lors d’une séance privée, Gérard Chaignat a eu vent de bons échos et d’une remarque. Pourquoi diable n’a-t-il pas intégré l’équitation? A question pertinente, réponse logique: «C’est comme le golf, je n’en ai.... jamais pratiqué.»
En référence à cette journée de sport pas comme les autres, le protagoniste n’estime pas avoir accompli un exploit. «Je pense que beaucoup de sportifs seraient capables de le faire et même plus vite.» Sa grande satisfaction, c’est d’avoir donné vie à un projet original, «en transmettant mes passions par l’image.»
A la suite des trois projections programmées, des athlètes de tous niveaux s’en inspireront-ils?
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