Un joyau à 80 mios

Par Philippe Oudot

D’ici à 2029, le Musée des Beaux-Arts de la capitale devrait pouvoir accueillir ses visiteurs dans des conditions optimales et faire de Berne un pôle muséal d’importance internationale. En début de semaine, la Fondation faîtière du Kunstmuseum Bern et Zentrum Paul Klee, ainsi que la ville de Berne ont en effet présenté le projet qui permettra à l’institution de rayonner dans les meilleures conditions.

Malgré la nécessité d’un assainissement et d’une extension, plusieurs projets étudiés jusqu’ici n’avaient pas abouti, en particulier pour des questions de coûts et de protection du patrimoine. Sur la base d’une nouvelle étude de faisabilité réalisée en 2019, le conseil de fondation a examiné trois variantes et a retenu celle présentée cette semaine et baptisée «Zukunft Kunstmuseum Bern». Outre l’assainissement du bâtiment actuel, elle prévoit la construction d’un nouvel édifice qui sera construit dans le prolongement de l’actuel.

Solution d’avenir
Comme l’a relevé Jonathan Gimmel, président de la Fondation faîtière, il a fallu changer d’optique «pour trancher ce nœud gordien» et aboutir à ce projet, qui va s’intégrer dans le réaménagement que prévoit la ville de Berne. Un réaménagement dont le principe avait été accepté par les Bernois en… 1990, mais qui n’a toujours pas été réalisé. Au vu de la situation complexe – nombreux propriétaires fonciers, intérêts divers, trafic sur la rue Hodler – le conseil de fondation a rencontré tous les intéressés pour optimiser son projet, qui représente un investissement de quelque 80mios de francs.

Directrice de l’institution, Nina Zimmer a souligné l’importance de ce projet. «Il fera du musée non seulement un lieu d’exposition, de conservation et de recherche pour les spécialistes de l’art, un centre pour la médiation culturelle, mais également un espace de vie et de rencontre pour les visiteurs et la population bernoise, avec son café, sa librairie et ses aménagements extérieurs».

Un généreux mécène
Si ce projet pourra voir le jour, c’est en particulier grâce au soutien de Hansjörg Wyss, partenaire de longue date du musée. C’est déjà lui qui, au travers de la Fondation GegenwART qu’il a fondée, a permis à l’institution de disposer d’une riche collection d’art moderne. Ce généreux mécène a déjà investi quelque 20mios de francs dans cette fondation et pour les deux projets d’assainissement qui ont échoué.

Pour ce nouveau projet, Hansjörg Wyss va mettre à disposition 20mios de francs et en ajoutera cinq pour trouver une solution permettant de résoudre le casse-tête que constitue le trafic sur la rue Hodler, qui passe juste devant le musée. Et ce n’est pas tout: il a encore promis cinq millions supplémentaires si le conseil de fondation réussit à trouver auprès d’acteurs privés la somme de 7,5mios pour financer le projet.

Lors de la présentation, le maire de Berne, Alec von Graffenried, s’est réjoui du soutien du mécène bernois, soulignant que le projet muséal et le réaménagement du quartier «sont une chance qui va permettre d’intégrer le musée à la partie supérieure de la vieille ville et de mettre en valeur le cœur de la cité». Directrice des Travaux publics de la ville, Marieke Kruit a renchéri, affirmant que ce projet de musée conjugué à la modification du plan de circulation à la rue Hodler «permet de faire d’une pierre deux coups!»

En chiffres

– 80mios Coût estimé du projet.
– 40 mios Participation du canton.
– 40mios Engagements financiers de privés, de fondations, dont 20mios de Hansjörg Wyss.
– 10mios Couverture des risques assurée par la Fondation faîtière.