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Asile

«Un non coûterait plus cher»

Une large coalition de partis soutient le crédit pour l’hébergement et l’encadrement des requérants d’asile mineurs non accompagnés, qui est combattu par l’UDC et l’UDF.

Madeleine Graf-Rudolf (Les Verts), Stefan Costa (PLR), Markus Wenger (PEV), Mirjam Veglio (PS) et Christoph Grimm (vert libéral, de g. à dr.) ont défendu avec force le crédit sur lequel les Bernois se prononceront le 25 novembre prochain. Philippe Oudot

Par Philippe Oudot


L’accueil et l’encadrement des requérants d’asile mineurs non accompagnés (RMNA) figure au menu des votations cantonales du 25 novembre prochain. Et, une fois n’est pas coutume, partis de gauche et de droite, à part l’UDC et l’UDF, soutiennent ensemble le crédit 2018-2020 de 38 mios adopté par le Grand Conseil (100 voix contre 47), mais attaqué par référendum. Cette large coalition a défendu ce modèle, hier, à Berne, et développé ses arguments.

Au nom des Verts, la députée Madeleine Graf-Rudolf a rappelé que la solution proposée avait été élaborée suite au refus d’un crédit de 105 mios répartis sur quatre ans pour l’octroi de l’aide sociale en matière d’asile que l’UDC, déjà elle, avait combattu par référendum. C’était en 2017. Mais depuis, le Conseil exécutif a élaboré un nouveau modèle, moins coûteux et qui tient compte des besoins spécifiques en termes d’hébergement et d’encadrement de ces requérants mineurs arrivés en Suisse sans leurs parents. Comme jusqu’à présent, c’est la société Zentrum Bäregg GmbH, au bénéfice d’une large expérience, qui est mandatée pour assurer l’hébergement et de l’encadrement des RMNA.

Encadrement spécifique
Comme l’a rappelé le député PEV Markus Wenger, les jeunes ne peuvent pas être pris en charge dans des structures d’accueil ordinaires pour adultes. Ils ont besoin d’un encadrement spécifique qui tient compte de la protection des enfants et des jeunes consacrée par la Constitution fédérale: «La solution proposée répond non seulement à cette exigence, mais elle permet aussi de réduire les coûts, conformément à la volonté exprimée par le corps électoral en 2017.»

Ainsi donc, le forfait journalier par RMNA passera de 171 fr. aujourd’hui à 140 fr. Et pour les adolescents à partir de 17ans, qui sont déjà en mesure de mener une vie plus autonome, le montant passera à 80 fr. par jour. Cela représente des économies allant de 30 à 90fr. par enfant et par jour. Et lorsque les jeunes atteignent leur majorité, c’est le tarif adulte à 36fr.50 par jour qui s’applique.

Apropos de ces forfaits, le député vert libéral Christoph Grimm s’en est pris à l’argumentation de l’UDC. Celle-ci entretient le flou en continuant de parler de 100mios (la somme initialement prévue pour quatre ans), alors que le crédit actuel se monte à 38mios pour la période 2018-2020. «Et encore, il s’agit-là du scénario le plus pessimiste, basé sur les chiffres de 2015-2016, années où l’afflux de réfugiés était massif. Al’époque, on comptait 380RMNA, alors qu’ils sont un peu plus 200 aujourd’hui.»

Si les effectifs restent aussi bas, les coûts pour le canton pourraient d’ailleurs être réduits de plus de 12 mios d’ici à fin 2020. Et Christoph Grimm d’ajouter qu’«un non coûterait plus cher, car si ce crédit venait à être refusé, on en resterait au statu quo, si bien que le forfait journalier de 171fr. par jour serait maintenu».

Représentante du PS, la députée Mirjam Veglio a quant  à elle insisté sur la nécessité d’offrir à ces requérants mineurs un accueil conforme à leurs besoins. D’autant qu’ils ont souvent vécu des expériences traumatisantes avant d’arriver en Suisse, et qu’une bonne partie d’entre eux vont y rester à long terme. «Il faut donc les scolariser et les intégrer en leur offrant la possibilité de faire une formation, ce qui leur permettra ensuite d’être financièrement indépendants et de ne pas dépendre de l’aide sociale», a-t-elle souligné.

Position paradoxale
Pour sa part, le député PLRStafan Costa a dit ne pas comprendre l’argumentation de l’UDC. Elle, qui se veut championne des économies, combat un objet qui permet justement au canton d’épargner quelque six millions de francs par année. «En cas de refus, le régime actuel resterait en vigueur jusqu’au terme du contrat. C’est donc une position totalement paradoxale», a-t-il asséné. Et d’ajouter qu’avec son référendum, le parti agrarien avait déjà alourdi la facture, car le contrat avec Zentrum Bäregg GmbH ne pourra prendre effet qu’au 1er mars 2019, alors que sinon, il aurait déjà pu démarrer au 1er janvier.

Par ailleurs, Christoph Grimm a rappelé qu’en raison de leur vécu, certains RMNAsouffraient parfois de graves troubles psychiques et pouvaient présenter un comportement dangereux pour eux-mêmes et pour autrui. Ces jeunes – une vingtaine par année – pourront être placés dans des institutions appropriées chargées de leur encadrement et de leur hébergement.

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