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Trouvaille

Un peu de Champoz au National

Avec la non-réélection de Manfred Bühler au Conseil national, lors des dernières élections fédérales, le Jura bernois pensait ne plus être représenté sous la Coupole. Jusqu’à ce qu’on découvre que…

Avec Bastien Girod, conseiller national zurichois qui a grandi à Bienne et est originaire de Champoz, le Jura bernois est aussi un peu représenté aux Chambres fédérales. Archives-Keystone

Par Nicole Hager

Au soir des élections fédérales, le Jura bernois avait la gueule de bois. Son unique représentant au Conseil national, l’agrarien Manfred Bühler, de Cortébert, n’était pas reconduit dans ses fonctions. Un résultat vécu par beaucoup comme une tragédie.

Si notre région n’a plus d’élu sous la Coupole, elle y est tout de même un peu représentée par un conseiller national aux couleurs partisanes actuellement très tendance, le Vert Bastien Girod. Comme le site de l’encyclopédie en ligne Wikipédia en atteste, le politicien zurichois est originaire de Champoz. Il confirme: «Mon grand-père paternel y a vécu ses premières années. Ensuite, sa famille a déménagé à Berne.» Ce départ précoce explique le peu de liens que l’écologiste a maintenus avec le Jura bernois. Il en a déjà un peu plus avec Bienne, où il a passé une bonne partie de son enfance et de son adolescence.

Zurichois, mais…
Malgré son jeune âge (bientôt 39 ans), Bastien Girod n’est pas un nouveau venu sur la scène fédérale. Il siégera au Conseil national pour une quatrième législature, après y avoir fait son entrée en 2007 déjà. Evidemment, il se dit sensibilisé à la cause du Jura bernois, berceau de sa famille, mais se déclare Zurichois avant tout. «J’ai en priorité une responsabilité envers la population du canton de Zurich. Mais de par mes origines, je suis évidemment plus sensible aux questions qui se rattachent au Jura bernois qu’à toute autre région en dehors de celle de Zurich.»

Aujourd’hui maître de conférences à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, le politicien écologiste est aussi expert en matière de protection du climat. Lors de son dernier exposé face à 300moniteurs d’auto-école, sur la question des transports publics, il a d’ailleurs évoqué la situation de son village d’origine, soulignant que la question s’y posait de manière très différente que dans une ville comme Zurich.

Pendant qu’il répond à nos questions par téléphone, on entend en arrière-fond les deux petites filles du politicien chevronné gazouiller gentiment. Peut-être viendront-elles un jour sur les terres de leurs ancêtres, à Champoz. Un village au positionnement politique singulier.

Verts des villes, Verts des champs
Nulle part ailleurs, le parti agrarien n’obtient de tels scores. «Je pouvais imaginer qu’on y votait pour l’UDC, mais pas aussi massivement», s’étonne le conseiller national, qui s’empresse de demander les résultats de son propre parti. Surprise: en 2019, les Verts sont en progression, même à Champoz!

Lors des dernières élections fédérales de cet automne, ils y ont remporté 6,6% des voix et se classent au 3e rang des partis plébiscités, derrière l’indétrônable UDC (63,8% des suffrages) et le Parti évangélique (12,3%). «C’est déjà mieux qu’avant», se réjouit Bastien Girod. «Nous ne sommes pas encore bien implantés à Champoz, mais ça va dans le bon sens. Nous avons un réel potentiel à la campagne. La preuve, c’est que nous avons parmi nos membres de nombreuses personnes issues du monde agricole. La députation bernoise compte ainsi un paysan bio dans ses rangs. A Berne, nous n’avons plus seulement des candidats issus des villes. C’est un progrès.»

Après le succès de son parti en octobre dernier, la question d’un siège pour Les Verts au Conseil fédéral se pose désormais très sérieusement. Si sa formation devait effectivement se lancer dans la bataille, Bastien Girod le dit sans ambages: «En principe, je suis à disposition de mon parti pour une candidature au Conseil fédéral.»

 

Au gymnase en mode bilingue avant l’heure

Bastien Girod, quels liens avez-vous gardés avec la région?
Honnêtement, ils ne sont pas très intenses. Je suis déjà allé plusieurs fois sur le Mont-Girod. Mon dernier passage remonte à plusieurs années.

Que savez-vous du Jura bernois?
J’ai des connaissances très générales, comme à propos du sort de Moutier, par exemple.

La question du bilinguisme vous parle certainement plus.
Effectivement. Jusqu’à mes quatre ans, avec ma famille, nous avons vécu à Genève. A la maison, tout le monde parlait en français. On a ensuite déménagé à Bienne. J’y ai suivi ma scolarité en allemand et je ne m’exprimais dès lors plus qu’en allemand. Mes parents se sont adaptés. Mon niveau de français est resté celui que j’avais à mes quatre ans. Mais cela suffit pour échanger sur les questions politiques sous la Coupole (rires)!

Vous avez donc vécu à Bienne?
Oui, jusqu’à l’âge de 20 ans. J’ai fréquenté le gymnase. Alors que la filière bilingue n’existait pas encore, j’ai réalisé un semestre au gymnase français. Acette époque, j’ai aussi eu l’occasion de travailler trois semaines à la Boillat, à Reconvilier.

Par rapport à Champoz, saviez-vous qu’il s’agit du village de Suisse romande où l’UDC établit ses meilleurs scores?
Je pouvais imaginer qu’on y votait pour l’UDC, mais pas aussi massivement.

Par extension, on peut supposer que vos aïeux votaient UDC. Ils penseraient quoi de ce descendant devenu militant chez les Verts?
Ils se réjouiraient quand même (rires). La famille doit passer avant la politique.

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