Vous êtes ici

Abo

Moutier

Un puissant rayonnement

Créateur de luminaires haut de gamme, Steve Léchot fait briller Moutier dans de célèbres institutions. Ses produits ont par exemple illuminé le Musée BMW de Munich, le café du Palais Royal à Paris ou la fondation du célèbre architecte Norman Foster à Madrid.

Photo Stéphane Gerber

Michael Bassin

Quel rapport entre le Palais fédéral à Berne, le Musée BMW à Munich et le café du Palais Royal à Paris? Toutes ces institutions renommées sont – ou ont été – illuminées en partie par des luminaires de Moutier. Plus précisément par des créations signées Steve Léchot.
La liste en impose. Pourtant, le natif d’Orvin n’était guère prédestiné à devenir un designer de lampes haut de gamme et prisées des lieux branchés. Après avoir effectué un cursus gymnasial scientifique, Steve Léchot décide de mettre le cap sur l’ECAL pour suivre les beaux-arts classiques. «Mais j’avais zéro plan de carrière. Je voulais juste ouvrir mon esprit à un autre univers», raconte-t-il aujourd’hui dans son atelier de Moutier. Au terme de ses études, le jeune créateur doit cumuler les boulots pour gagner sa croûte, alternant entre mandats artistiques et animation d’ateliers créatifs en psychiatrie.
Le bricolage à succès
Le déclic interviendra lors d’un passage chez Michel Hirschi, le créateur des bijoux Michel H. «J’ai vu qu’avec ses dix doigts et en mettant en œuvre une bonne idée, il était possible de gagner sa vie.» S’ensuivent plusieurs années de tâtonnements et d’expérimentations, qui déboucheront finalement sur le Graal. Celui-ci prendra la forme d’une sculpture améliorée. «J’ai eu l’idée d’intégrer de la lumière dans l’un de mes bricolages. Celui-ci a été exposé dans un centre culturel, puis des magasins m’ont contacté pour vendre ce truc, jusqu’à ce qu’une grande firme me le rachète et en fasse l’un de ses best sellers. A l’époque je ne savais même pas ce qu’étaient des royalties», rigole-t-il. Ce «bricolage», comme il l’appelle sans se prendre la tête, a même obtenu le Red Dot, soit un prestigieux prix de design décerné en Allemagne.
Selon le quinquagénaire, il n’existe pas de recette miracle au succès, «si ce n’est qu’il faut être original et avoir de l’intuition». Et Steve Léchot l’admet volontiers: «il faut également «une part de chance». Cela dit, son dynamisme, sa passion et son ouverture au monde ont grandement contribué à cette réussite. Désormais, avec sa bonne demi-douzaine de luminaires vendus dans des magasins spécialisés aux quatre coins de l’Europe, il exporte Moutier et la Suisse loin à la ronde. Car ses créations contiennent plusieurs composants fabriqués dans la cité prévôtoise ou dans d’autres régions du pays.
Unic à Saint-Domingue
Le nom de son dernier bébé se nomme Unic. Et il cartonne. «Ce lampadaire a nécessité une année et demie de développement. Cela représente trois classeurs fédéraux et plus de 100 000 francs», indique l’entrepreneur, qui emploie deux personnes à mi-temps. C’est que ce nouvel objet allie technologie fine, mécanique de précision et esthétisme épuré. Doté d’un double éclairage indirect (plafond et mur) puissant, ce lampadaire led avec système optique met en avant la lumière et non sa structure. Vendu pour 2280 francs, il ne trouvera assurément pas sa place dans tous les salons. Mais il a été nominé pour la finale des German Design Award 2019, a été commandé par l’ambassade suisse à Saint-Domingue et a été sélectionné par le célèbre architecte Norman Foster pour l’éclairage de sa fondation à Madrid.
C’est ce qui s’appelle rayonner.

Articles correspondant: Région »