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Problématique du deuil

Un symposium pour éclairer les vivants

Toujours à l’écoute des familles, connaissant les soucis inhérents à un décès, l’entrepreneur de pompes funèbres François Vorpe va mettre sur pied à Tavannes une série de conférences-débats sur le thème de la mort.

C’est dans le cadre tout empreint de sérénité du Centre évangélique Tavannes que François Vorpe organisera en novembre ce premier symposium consacré à la mort et au deuil. Photo: Stéphane Gerber

Pierre-Alain Brenzikofer

«Quand il est question du deuil et de la mort, j’estime qu’il est très important de favoriser un dialogue transparent. Ce n’est qu’en procédant de la sorte qu’on pourra répondre à diverses interrogations qui restent parfois sans réponse. A moins qu’elles ne soient mal interprétées ou tout simplement incompréhensibles...»

Perpétuellement à l’écoute des familles en deuil et de leurs soucis causés par la perte d’un être cher, l’entrepreneur tavannois François Vorpe a décidé d’empoigner le taureau par les cornes. En novembre prochain, il organisera ainsi au Centre évangélique Tavannes toute une série de conférences-débats sur le thème précité. Un véritable symposium, en fait, mettant en présence moult intervenants. Lesquels s’efforceront de répondre aux interrogations des personnes touchées par le deuil, avant, pendant et après.

Ces conférences se tiendront le jeudi 2 et le vendredi 3 novembre au centre précité: «Cet endroit propose un environnement tout à fait adéquat pour ce genre de séminaire. La sérénité y est en effet de mise, juge François Vorpe. Il peut accueillir plus de 500 personnes, dispose d’un système audiovisuel en tous points exceptionnel, ainsi que de places de parc à profusion.»

Surtout, l’entrepreneur affirme avoir reçu un accueil enthousiaste de la part des responsables du lieu, Paul Neuenschwander et Marcel Niederhauser: «Ils ne m’ont fixé aucune condition particulière ni imposé la moindre restriction, explique-t-il. J’entends surtout que les participants à ces séminaires puissent intervenir en tout temps. Les débats devront absolument être interactifs. Chacun devra pouvoir poser ses questions et s’exprimer sans gêne. C’est pour cette raison que j’entends miser sur des interlocuteurs très compétents.»

Avec les Eglises
Il faut bien admettre que dans l’exercice de sa profession, François Vorpe est très souvent confronté au malaise de familles qui peuvent se montrer surprises, étonnées, voire déçues de certaines prestations. «Bien sûr, elles peuvent aussi être réconfortées par la juste attitude des divers intervenants liés à la perte d’un être cher.»

Bref, ce sont ces réactions variées qui l’ont encouragé à mettre sur pied son projet et à faire appel à divers «spécialistes», s’il est possible de s’exprimer de la sorte. En tête de liste, François Vorpe a évidemment placé les représentants des Eglises et communautés régionales, protestantes, catholiques et évangéliques. «Il s’agira pour ces personnes de faire la lumière quant à leur engagement, mais aussi de répondre à l’attente de la population.»

Forcément, l’organisateur a convié le directeur d’un EMS, lequel pourra répondre aux nombreuses questions liées à l’arrivée d’un aîné dans un tel établissement. On saura aussi ce que la famille attend d’une pareille prise en charge.

Un médecin de la vallée de Tavannes sera présent pour faire face aux nombreuses interrogations des personnes souhaitant léguer leur corps à la science. Ce docteur donnera également des précisions sur les dons d’organe, ce qui n’est pas la même chose. On évoquera enfin la meilleure façon de délivrer un diagnostic face à une échéance irréversible, le patient et sa famille pouvant être heurtés par des annonces par trop brutales.

Ce qui nous mène au thème des soins palliatifs, qui sera abordé par une psychothérapeute spécialisée dans ce domaine.

Présence du Care Team
Bien évidemment, François Vorpe n’a pas oublié de réserver une place à l’ASAD, ou Service d’aide et de soins à domicile de la Vallée de Tavannes et du Petit-Val, qui présentera toute la panoplie de soins qu’il prodigue dans la région pour le plus grand bien de nombreuses familles.

Caritas sera également de la partie. Oui, cette association qui s’engage en faveur des personnes touchées par la pauvreté.

Quant au Care Team du canton de Berne, qui fournit un soutien spirituel d’urgence ainsi qu’une aide psychologique d’urgence lors de catastrophes, de situations d’urgence ou d’événements traumatisants, il viendra s’expliquer sur son rôle très important quand il y a lieu d’annoncer un décès à une famille et de l’entourer. Ici, l’objectif du soutien psychosocial est de parvenir à une stabilisation psychique et une autonomie maximale des personnes touchées.

Mais pas question de s’arrêter en si bon chemin.La police cantonale, confrontée aux accidents mortels et autres suicides, s’en viendra donner son point de vue. Un notaire sera confronté aux nombreuses questions relatives aux refus de successions comme aux héritages, pendant qu’une historienne s’épanchera sur les nombreux rites funéraires développés par la société.

Quant à François Vorpe, il mènera la discussion relative à l’évolution des pratiques funéraires dans la région. Il appuiera le changement de sensibilité de ces nombreuses familles qui souhaitent de plus en plus limiter une cérémonie funèbre à la sphère familiale.
«J’aborderai même le thème de l’écologie», sourit-il. A cette fin, il apportera un cercueil justement certifié écolo, dont l’apparence rustique déroutera peut-être les adeptes du beau.

Pour que le tableau soit complet, fleuristes et marbriers s’en viendront développer un changement d’attitude dans le deuil et sa perception dans l’espace-temps. «On n’a plus forcément recours aux couronnes et aux gerbes», conclut l’organisateur.
Enfin, la FondationLa Pimpinière s’en viendra présenter ses urnes funéraires en terre cuite, qu’elle produit depuis quelques années déjà.

Un coup d’essai
En tout cas, le Tavannois tente ici un coup d’essai. S’il a en quelque sorte inventé ce concept, glisse-t-il, c’est pour tenter d’apporter à la population de l’apaisement et des connaissances: «Il y a souvent de la gêne ou de l’ignorance face à de tels sujets. J’espère qu’en créant ce lieu d’échanges, tel ne sera plus le cas.»

En cas de succès, le symposium sera probablement répété chaque année.

 

EXI: «Incontournable à notre époque»
«Pour la liberté de choix»
François Vorpe estime que chacun a le droit de choisir sa mort. Raison pour laquelle il a fait appel à EXIT ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité). Laquelle, il n’en doute pas un seul instant, attirera énormément de monde à Tavannes: «Quoi qu’on en pense, EXIT appartient véritablement à l’air du temps, plaide-t-il. En tant qu’entrepreneur de pompes funèbres, je suis souvent confronté à des demandes de familles qui voudraient que je mette mes locaux à disposition de cette association. C’est totalement impossible. Mon espace de recueillement ne se prête pas à cela. Par contre, je décèle dans ces nombreuses demandes un profond désarroi de la part de personnes souhaitant faire appel à EXIT et qui ne trouvent aucun lieu pour concrétiser leur désir.»
Ainsi que le révèle notre interlocuteur, certains homes accueillent l’association dans leurs murs, d’autres pas du tout: «En tout cas, je tiens à remercier sincèrement le Centre évangélique Tavannes, qui accepte que ce débat ait lieu dans ses murs. Car qu’on soit pour ou contre EXIT, les questions existent bel et bien.»
Dans son rôle, François Vorpe n’intervient que quand un décès lui est annoncé. Mais, insiste-t-il, cette décision de faire appel à cette institution devient une réalité toujours plus insistante.

 

de multiples intervenants:
Le premier symposium consacré au deuil et à la mort se tiendra au Centre évangélique Tavannes, le jeudi 2 novembre et le vendredi 3 novembre, de 17h à 22h30. Chaque soir, cinq à six ateliers interactifs seront proposés au public.
François Vorpe a prévu de faire appel aux représentants de diverses églises, à un directeur d’EMS, à un médecin, à un spécialiste des soins palliatifs, à une association de soins à domicile, à Caritas suisse, au Care Team, à l’association EXIT, à la police cantonale. Seront aussi présents une historienne des rites funéraires, un notaire, des fleuristes et des marbriers, La Pimpinière pour ses urnes en terre cuite et, bien évidemment, François Vorpe lui-même. Le conseiller d’Etat Pierre Alain Schnegg vient de confirmer sa venue. L’entrée sera libre et une petite restauration sera offerte aux participants. Si ce coup d’essai réussit, le Tavannois prévoit de le transformer en rendez-vous annuel.
 

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