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Saint-Imier

Un travail de maturité qui s’arrache

Un étudiant a écrit un court roman dans le cadre de ses études. Et il se vend bien

Il faut croire que les hauts de Saint-Imier sont porteurs d’inspiration. Le livre de Merlin Orval se vend (presque) comme des petits pains. Dan Steiner

Dan Steiner

Aucune ambition extraordinaire n’a poussé Merlin Orval, Imérien de 20ans, à écrire un roman d’une trentaine de pages. Sinon celle de satisfaire aux critères de son travail de maturité (TM) et d’y obtenir un bon résultat. Et pourtant, plus d’un an après le rendu de son travail au Lycée Blaise-Cendrars de La Chaux-de-Fonds, celui-ci se vend sur Amazon, dans les libraires Payot et on en passe. Un succès inespéré. Et involontaire.

Primé par la libraire chaux-de-fonnière La Méridienne, «Un banc sur les collines de Buda» a donc fait mieux que lui permettre de décrocher la note maximale à son TM. «Lorsqu’on m’a annoncé que j’étais présélectionné pour le prix littéraire, j’étais déjà content», révèle l’ancien bachelier en biologie-chimie, qui vient de terminer sa première année de médecine à l’Université de Lausanne. «A côté de l’obtention du bac, je m’en contentais déjà.»

Une fois récompensé, plusieurs copains ont lu son récit et ont poussé Merlin à le publier. «J’ai suivi leur conseil et j’ai envoyé une version électronique à une maison d’édition que je connais bien pour avoir lu quelques-uns de ses auteurs.» Une seule demande à un éditeur. Un mois d’attente. Une réponse positive. Une belle réussite.

Une version initiale, dans un format sommaire, a alors été éditée à l’automne 2014, le 3octobre précisément. En rupture de stock sur leur site, celui de Payot et de La Méridienne, le livre a été édité une seconde fois. La version brochée du premier jet a ainsi laissé sa place à une couverture «en dur». Du solide donc et pas à compte d’auteur, soit tous frais payés.

Aucune pub particulière

Qu’est-ce qui a donc bien pu faire de ce roman de seulement 30pages un tel succès? «Je n’en ai pas la moindre idée», avoue modestement l’écrivain d’un jour. «Je n’ai pourtant fait aucune publicité.»

Mais ça a marché. Si seuls deux commentaires ont été enregistrés sur le site internet de l’éditeur, dans la page de commande du livre, ils ne tarissent pas d’éloges sur son œuvre: «Déboussolant et palpitant à souhait. Quelle imagination fertile, avec une intrigue psychologique qui nous tient tout au long du récit! Félicitations et espérons qu’il y en aura d’autres !», écrit un(e) internaute. «Une forme dynamique», écrit l’autre en souhaitant un bel avenir au jeune Imérien.

Haletant et mystérieux jusqu’à son épilogue, le roman parle d’un immigré hongrois à New York, le jour du 11septembre2001. «La ville n’est pas le sujet principal du livre. Je l’ai choisi car il est l’un des marqueurs émotionnels les plus importants de ces dernières années», révèle Merlin. «Beaucoup de Hongrois s’y sont également rendus.»

Choqué par l’événement, son personnage voit défiler son passé flou d’enfant. Il se revoit à Buda, ancienne partie de l’actuelle Budapest, la capitale hongroise. Mais «l’enfant, dans son état d’inconscience, de latence, ne donne pas de clés à l’adulte. Comment rendre compte d’une improbable élucidation du passé?», peut-on lire dans la quatrième de couverture.

Offre du FC Bâle refusée

Né d’ancêtres hongrois, Merlin Orval assure pourtant qu’aucune motivation particulière par rapport à ses origines familiales ne l’a poussé à utiliser ce pays comme cadre pour son héros. «Je l’ai plutôt découvert à travers diverses lectures pour mes cours de français, au lycée.» Ce sont donc les Sándor Márai ou Imre Kertész, le Nobel de littérature 2002, qui ont inspiré l’ancien footballeur, intrigué par la période de l’invasion soviétique dans la république orientale.

Cette belle réussite littéraire n’est cependant pas susceptible de faire dévier Merlin de son objectif de devenir anesthésiste. Pas plus que ne l’a été cette offre de contrat de 5 ans, déposée sur sa table par le FC Bâle durant ses années juniors entamées au FC Saint-Imier. «Plusieurs connaissances se sont brûlé les ailes. On a toujours un peu de regrets, mais en continuant mes études, j’ai fait le choix le plus sûr. Au moins, je ne risque pas de compromettre ma carrière à cause d’une blessure», rigole-t-il.

Et l’écriture, ou un nouveau livre? «J’avais toujours eu envie d’écrire et ce travail de matu était l’occasion idéale. Mais avec les études, je n’ai plus trop le temps. Il est toujours dur d’écrire le deuxième. On a l’impression d’avoir tout donné pour le premier. Mais si une idée sérieuse me vient, sait-on jamais...»

Info

Un banc sur les collines de Buda
Edité par Edilivre, l’ouvrage est notamment disponible sur son site internet www.edilivre.com.

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