Une app pour plus de sécurité

Marjorie Spart

Céline Ella Vez a elle-même vécu des situations choquantes. Alors qu’elle était adolescente, un homme l’a attrapée par le bras, dans la rue, après l’avoir suivie un moment. «Je lui ai échappé parce que je me suis mise à courir le plus vite possible. Et aussi parce qu’il avait le pantalon au milieu des genoux. Vingt ans après cette mésaventure, ce qui me reste le plus en tête est le sentiment de tétanie qui m’a empêché de crier ou d’appeler à l’aide», résume la Biennoise de 37 ans.

La jeune femme a constaté que, dans son entourage, de nombreuses personnes avaient vécu des situations stressantes sur la voie publique et que toutes partageaient le même sentiment «d’avoir perdu ses moyens». «On n’arrive plus à réagir correctement, à utiliser son téléphone pour demander de l’aide...» Elle a donc créé l’application, ‹GottaFriend›» pour pallier cet état de choc, explique-t-elle.

Avec des anges gardiens
Très concrètement, cette app permet à une personne qui ne se sent pas en sécurité d’appeler, de manière simplifiée, trois amis de son répertoire téléphonique. «Ce sont ses anges gardiens», glisse Céline Ella Vez. «Lorsqu’une personne craint d’effectuer un trajet à pied, elle allume l’application et demande à ses ‹anges gardiens› d’en faire autant. Ces derniers suivent alors son parcours en temps réel, grâce à la géolocalisation du téléphone. Si son allure augmente, un message d’alerte apparaît. L’utilisateur peut confirmer que tout va bien, ou au contraire actionner le signal d’appel de ses anges gardiens.»

Céline Ella Vez a découvert une app similaire lors d’un voyage à l’étranger. «On m’avait conseillé de l’utiliser quand je me promenais seule. Et je me suis sentie bien plus rassurée», confirme-t-elle.

En plus de pouvoir avertir ses anges gardiens que quelque chose d’anormal se passe, l’application permet de  joindre la police de manière simplifiée. «La police, elle, peut intervenir plus rapidement, en cas de réel danger.» Céline Ella Vez est consciente que «GottaFriend» ne sauvera pas forcément la vie de quelqu’un, «mais elle l’aidera à faire face à une situation stressante ainsi qu’à se sentir plus en sécurité». Il est vrai que si une personne se fait suivre ou agresser dans la rue, même prévenus ses anges gardiens ne pourront pas forcément venir lui prêter main-forte, surtout s’ils se trouvent de l’autre côté de la ville...

L’app permet surtout aux victimes de sortir de ce sentiment de tétanie et de peur qui les empêchent de bouger, de réagir efficacement ou même de sortir le soir.

Totalement gratuite
Mue par la volonté de venir en aide aux autres, cette dernière tient à ce que «GottaFriend» soit gratuite et facilement accessible. «Il est clair que si les gens doivent payer pour l’installer, personne ne voudra devenir ange gardien», prévient-elle.

Comme la jeune femme ne se situe pas dans une démarche à caractère lucratif, et qu’elle ne peut pas financer seule le développement de cette application, elle a lancé une recherche de fonds, via la plateforme gofundme.com. Grâce aux 5000 fr. qu’elle espère trouver – elle en a déjà réuni plus de la moitié –, elle pourra optimiser son application. Celle-ci devrait être totalement opérationnelle et disponible fin juin.