Une «bonne» année cinéma

Julie Gaudio

Qu’est-ce qu’une «bonne» année cinéma? Si l’on se fie au critère du nombre d’entrées, alors 2019 en est une à Bienne. Edna Epelbaum, directrice de Cinevital, qui exploite six salles dans la cité seelandaise, confie que «le nombre d’entrées a progressé de 10% par rapport à 2018». Un bon score qu’elle attribue à la programmation dans les salles car, assure-t-elle, «c’est le contenu qui attire le public». «Nous essayons de proposer une grande diversité de films mais aussi des contenus alternatifs [telles les retransmissions de concerts, opéras, séries] pour toucher un large public», déclare-t-elle.

Une diversité qui se reflète dans les hits de l’année à Bienne, où l’on retrouve tant des grandes productions américaines que des films suisses. Récompensé par trois Oscars l’année dernière, dont celui du meilleur film, «Green Book: sur les routes du Sud» réalise le meilleur score de 2019 dans les salles Cinevital selon sa directrice, sans toutefois dévoiler le chiffre. «Le Roi Lion» arrive en deuxième position, suivi par «Joker» avec Joaquin Phœnix. Les films suisses «Bruno Manser – La voix de la forêt tropicale» (toujours à l’affiche) et «Zwingli» font partie du top 10 à Bienne. Du côté de la production biennoise, le documentaire «Alexia, Kevin et Romain», réalisé par Adrien Bordonne, s’offre la 35e place de la liste des records d’entrées dans la cité seelandaise.

Un James Bond attendu

Difficile en revanche de connaître les flops de l’année. Un terme qu’Edna Epelbaum n’apprécie d’ailleurs guère, par respect pour ceux qui réalisent «des œuvres d’art». Elle reconnaît toutefois que pour «Cats», une superproduction américaine sortie en fin d’année et avec Taylor Swift comme tête d’affiche, «on peut parler d’un flop à l’international». Universal, qui produit ce film, pourrait perdre plus de 70 millions de dollars, selon le site américain Deadline.

La société de production pourra cependant «se consoler» en2020 avec la sortie très attendue, au printemps, du nouvel épisode de la saga «James Bond», intitulé «Mourir peut attendre». Une nouvelle réjouissante pour Edna Epelbaum, qui estime que «la Suisse est très attachée à James Bond, plus que la France ou l’Allemagne.» Elle n’hésite pas à affirmer que la Suisse est même «LE pays de James Bond». A titre de comparaison, le dernier opus de la saga, «Spectre», sorti en 2015, avait comptabilisé plus d’un million d’entrées dans le pays, d’après Pro Cinema, l’association suisse des exploitants et distributeurs de films. Un score qui le fait figurer dans le top 10 des films ayant réalisé le plus d’entrées en Suisse depuis 1995.

Des concerts au cinéma

Tout en mettant toujours le cinéma au cœur de son offre, Cinevital souhaite proposer plus de contenus alternatifs afin de toucher un plus large public. Plusieurs expériences sont actuellement testées dans les autres salles exploitées par Edna Epelbaum. A Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et Delémont, un «Ciné-tricot» a été lancé en septembre dernier pour se tenir tous les premiers vendredis du mois, permettant à ceux/celles qui le veulent de tricoter durant une séance. Si les premiers essais se révèlent concluants, l’évènement pourrait être introduit à Bienne. De même, dans la capitale jurassienne, des séances à destination des personnes autistes ont été mises en place. Les films sont projetés avec une lumière tamisée dans la salle et un volume sonore réduit.

Les retransmissions de concerts continueront  également de ponctuer la programmation biennoise, même si leur succès est plus difficile à prévoir, juge Edna Epelbaum. En 2019, la retransmission du concert de Metallica a par exemple «vraiment très bien marché», commente-t-elle, tandis que la performance de Shakira n’a pas attiré les foules.