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La Ferrière

Une diathèque préservée de l’oubli

Plus de 500 plaques de verre et un projecteur utilisés à l’époque, lors de conférences, par le pasteur Jean-Louis Herzog (1875-1943), ont été découverts et transmis à l’institution basée à Saint-Imier. Une belle destinée pour cet intéressant matériel.

Photo Michael Bassin

Michael Bassin

Actif au début du 20e siècle, Jean-Louis Herzog fut pasteur à Neuchâtel, La Ferrière et Bévilard notamment. Mais il ne maîtrisait pas que les sermons. Avide de savoir en tout genre, l’homme donnait aussi des conférences scientifiques ou encyclopédiques. Et pour pouvoir les illustrer, il s’était constitué une belle collection d’images sur plaques de verre qu’il projetait. Retrouvé dans un réduit à Vauffelin, ce matériel est désormais entre de mains expertes à Mémoires d’Ici, le centre de recherche et de documentation du Jura bernois.

Les 574 plaques ont toutes été visionnées, numérisées et intégrées à la base de données de l’institution basée à Saint-Imier. Autant de documents iconographiques qui seront mis en ligne sur le site internet de Mémoires d’Ici cette année encore.

S’agissant des plaques originales, elles sont conservées dans des conditions adéquates: papier non acide, locaux à température et à humidité régulées. «Le procédé au gélatino-bromure d’argent utilisé à l’époque fait que les images peuvent se dégrader rapidement. Et le verre est fragile», explique Frédérique Zwahlen, documentaliste à Mémoires d’Ici, qui souligne l’intérêt de ces images: «De par leur support, elles ont un caractère unique pour notre institution. En effet, si nous possédions déjà des négatifs sur plaques de verre, c’est la première fois que nous accueillons des plaques positives destinées à la projection.»

Un engin très fragile
Ces plaques de verre sont soit des photographies réalisées par Jean-Louis Herzog, soit des images produites par des maisons d’édition que le pasteur s’était procurées. Elles touchent à plusieurs thèmes: sciences naturelles, art religieux, villes et monuments suisses, volcans et tremblements de terre, vie du scoutisme et des unions chrétiennes, blessures de guerre, etc. Sans oublier l’astronomie, l’un des dadas du pasteur Herzog qui possédait d’ailleurs un observatoire à La Ferrière. «Ces plaques de verre sont aussi intéressantes parce qu’elles étaient utilisées par une personnalité de la région et qu’elles sont le reflet d’une époque, notamment sur les méthodes pédagogiques de ce conférencier», indique Frédérique Zwahlen.

Mémoires d’Ici n’a pas uniquement reçu une collection de «diapos», mais aussi le projecteur. Il s’agit d’une étonnante machine stockée dans une caisse en bois et dont la grosseur de l’ampoule nous ramène clairement au siècle passé. Un engin très fragile. «Il ne constitue pas une priorité pour nous. Mais si, un jour, nous souhaitons aller au bout de la démarche, nous ferons appel à un spécialiste», assure Frédérique Zwahlen.

Grâce à un autre pasteur
Si tout ce matériel du pasteur Herzog est désormais sauvé de l’oubli qui lui était promis, c’est grâce à un autre pasteur, Erich Brunner. Aujourd’hui à la retraite, le désormais habitant de Malleray avait recueilli ces plaques de verre et le projecteur lors de son arrivée à Vauffelin, paroisse où il a exercé dans les années 70-80. «A la cure, il y avait un petit local rempli de livres anciens, de vieux journaux et d’autre matériel divers. Un tri s’avérait nécessaire!», se souvient-il. Certains documents ont ainsi enrichi les archives paroissiales de Vauffelin, d’autres sans importance ont fini à la poubelle. Quant aux plaques et à la machine, elles ont continué d’accompagner le pasteur Brunner lors de ses déménagements. Puis, en 2014, il eut l’excellente idée de les transmettre en prêt à Mémoires d’Ici. La suite, on la connaît...

Quant à savoir pourquoi ces plaques ont, un jour, fini à Vauffelin, Erich Brunner semble détenir la clé: «Henri Perret fut pasteur dans cette paroisse. Et son épouse n’était autre que la fille du pasteur Herzog!» £

 

Les yeux rivés sur les étoiles depuis La Ferrière

Pasteur, Jean-Louis Herzog a aussi été rédacteur, entre 1920 et 1940, au Trait d’Union jurassien, à savoir l’ancêtre de la Vie protestante. C’est dans une nécrologie publiée en mai 1943 dans ce même journal –et rédigée par Charles (fils) Simon– que le parcours de cet homme est décrit.

Jean-Louis Herzog naît en 1875 à Neuchâtel. Grandissant au sein d’une famille pieuse, il a très tôt le sentiment que Dieu l’appelle à exercer le ministère pastoral. Consacré en 1899, il est d’abord chapelain de l’hôpital de Pourtalès puis pasteur intérimaire à Chézard-St-Martin, Fleurier, Môtiers, St-Blaise et Chardonne. Son parcours passe ensuite par l’Eglise libre de Tramelan (1904 à 1911) et la France. Il revient dans le Jura bernois pour exercer à La Ferrière de 1913 à 1928 et à Bévilard de 1928 à 1941. Retiré à Corcelles (NE), il y décède en mars 1943.

Membre de l’Emulation jurassienne, il assuma même la présidence du comité de la section de la Prévôté. Si nombre de domaines l’intéressaient, l’astronomie tenait une place très importante. «Que de fois ne braqua-t-il pas son télescope vers la voûte étoilée! Que de conférences ne donna-t-il pas sur les astres! Il était fier d’appartenir à la société d’astronomie de France en qualité de membre, et de donner, chaque jour, de sa station d’observation de La Ferrière, des renseignements précis à l’office météorologique», lit-on dans la nécrologie précitée.

Parmi les autres facettes du personnage, citons son engagement pour la jeunesse au travers des unions chrétiennes et des scouts notamment. Jean-Louis Herzog a aussi été très actif dans différents organismes de bienfaisance. Il a par exemple été fondateur et président du Dispensaire antituberculeux du district de Moutier, après avoir été fondateur de celui du district de Courtelary et président de la Croix-Rouge du district de Courtelary.

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