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Saint-Imier

Une firme aux petits soins des verres de montre

L’entreprise Econorm est spécialisée dans le traitement antireflet des verres de montre. Son principal siège social se trouve à Gams, dans le canton de St-Gall. Mais depuis six ans, elle possède une succursale à Saint-Imier.

Econorm de Roland Rhyner est devenue une référence dans la technologie de couches minces pour verres de montre. Daniel Mueller

Daniel Rohrbach/Trad: Marcel Gasser

L’entreprise Econorm de Roland Rhyner, spécialisée dans le traitement antireflet des verres de montre, a son siège social principal à Gams /SG. Mais depuis six ans, elle possède une succursale à Saint-Imier. A l’heure actuelle, on ne trouve plus guère de fabricant sur le marché international qui renoncerait à traiter le verre de ses montres contre les reflets, surtout dans les produits haut de gamme.

Les marques les plus réputées du monde horloger confient leurs verres à Econorm pour les revêtir d’une couche protectrice contre les reflets. «Ces 20 dernières années, nous avons traité contre les reflets 15mios de verres de montre, sur les deux faces», raconte Roland Rhyner, fondateur et directeur d’Econorm. Cette entreprise créée en 1993 a commencé avec deux personnes. Elle a connu une croissance fulgurante jusqu’à son son apogée il y a trois ans, où elle ne comptait pas moins de 60 employés et traitait jusqu’à 6000 verres par jour dans ses lignes de production.

Réputation intacte
Hélas, la tendance des grands groupes à la verticalisation (ndlr: l’intégration répétée d’entreprises locales par de grands groupes industriels) a eu des effets négatifs également pour Econorm. Lorsque Swatch Group s’est mis à procéder lui-même au traitement antireflet d’une partie de ses verres de montre, Econorm a subi un sérieux contrecoup. D’autant plus que les premiers signes de la crise actuelle se faisaient déjà sentir.

Aujourd’hui, l’entreprise compte 40 employés. «Nous avons préservé notre excellente réputation dans la branche horlogère, explique Roland Rhyner. Mais cela ne s’est pas fait tout seul; nous n’avons jamais cessé de travailler à l’amélioration de nos produits. Aujourd’hui, nous sommes une référence dans la technologie de couches minces pour verres de montre». Et le patron d’Econorm de préciser qu’il ne dit pas cela par forfanterie: c’est effectivement ce que dit toute la branche horlogère du travail de cette entreprise.

La matière première sur laquelle travaille Econorm est le verre saphir. C’est un matériau dur et résistant, «qui a néanmoins le grand inconvénient de réfléchir relativement beaucoup de lumière», explique Roland Rhyner. Ce sont ainsi presque 20% de luminosité qui n’éclairent pas le cadran. «Grâce à notre revêtement antireflet, nous réduisons la perte de luminosité à 4%», poursuit-il. Toutes les installations et les technologies nécessaires à ce traitement ont été développées par l’entreprise elle-même. Le processus se déroule dans un four. Il existe différents systèmes de couche, à la demande du client, et la couche est appliquée sur le verre par vaporisation sous vide. Elle est mille fois plus mince qu’un cheveu.

Cette technologie a beau être sophistiquée, elle n’en requiert pas moins beaucoup de travail manuel. Avant d’appliquer le revêtement antireflet, il s’agit notamment de nettoyer le verre, car la surface de celui-ci doit être d’une pureté absolue. Le contrôle final prend également du temps, car chaque pièce doit passer à la loupe, dans le sens premier du terme. De plus, la plupart des verres sont traités contre les reflets sur leurs deux faces: c’est grâce à cette manière de faire que l’on parvient à supprimer jusqu’à 95% des reflets perceptibles à l’œil.

Roland Rhyner a découvert la technique de la vaporisation sous vide, telle qu’il l’applique aujourd’hui lors de son apprentissage de laborantin en physique chez Balzers AG. De nombreux sous-traitants se sont implantés dans la vallée du Rhin. «Là, nous avons tout à portée de main», commente le boss.

 

A St-Imier pour se rapprocher de l’industrie horlogère
Scepticisme
Si Roland Rhyner a pris le risque de devenir indépendant, il le doit en premier lieu aux encouragements émanant de l’entourage de la famille des propriétaires de Breitling. Car à ses débuts, en 1993, avec ses installations d’occasion, Econorm ne comptait guère parmi ses clients que la firme de Granges. «Tous les autres fabricants nous rejetaient», se souvient Roland Rhyner, qui explique cette méfiance par l’extrême prudence de l’industrie horlogère devant la nouveauté en général. Mais bientôt le bruit a fini par courir dans la branche qu’il existait une boîte en Suisse orientale capable d’effectuer des traitements antireflets d’une qualité remarquable.

La croissance fulgurante de son entreprise a laissé chez Roland Rhyner des sentiments mitigés. «J’ai parfois l’impression que tout est allé trop vite», confie-t-il. Mais il n’y avait pas d’autre alternative que de croître au même rythme que celui du marché. «Les clients n’acceptent pas qu’on leur dise non», poursuit-il.

Filiale
La décision prise il y a quelques années d’ouvrir une filiale dans l’Arc jurassien s’explique par la volonté d’Econorm de se rapprocher géographiquement de l’industrie horlogère. Le patron estime que ça valait vraiment la peine d’implanter une succursale à Saint-Imier, d’autant plus, qu’à Gams, il n’y a pratiquement personne qui maîtrise suffisamment la langue de Molière. «Ici, le contact avec la clientèle est facile, l’emplacement est idéal», explique le boss d’Econorm, qui passe généralement le jeudi et le vendredi à Saint-Imier.

Avec la métallisation, l’entreprise a récemment diversifié son domaine d’activité, ce qui lui permet de compenser la baisse des volumes dans le secteur des revêtements antireflets. La métallisation est utilisée par exemple pour appliquer un logo sur le verre de montre. Grâce à un procédé chimique par voie aqueuse, les couches de métal sont décapées jusqu’à ce que le logo en question réapparaisse.

«En raison des excellents retours de nos clients, nous avons réussi à nous faire un nom dans le domaine de la métallisation», explique Roland Rhyner. Dans ce secteur-ci comme dans celui du revêtement antireflets, l’entreprise a développé elle-même les outils et les appareils nécessaires, fidèle à l’esprit de son fondateur qui se considère plus comme un technicien qu’un vendeur. Roland Rhyner reconnaît qu’il a un rapport particulier avec les produits. «Je suis très vite insatisfait; pour moi nous ne sommes jamais assez bons. Je ne me contente jamais d’un produit réussi à 95%», conclut-il.

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