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Jura bernois

Une nouvelle formule de cafés-deuil

Le groupe d’accompagnement pour personnes endeuillées remodèle son offre. Les rencontres ne seront plus liées et ne nécessiteront plus d’inscription préalable.

Dans une société qui ne laisse guère de temps pour faire son deuil, l’offre du GAPE veut être un endroit d’écoute et de partage. Photo DR

Michael Bassin

Une rencontre, une discussion autour de la mort, un moment d’échange avec d’autres sur les sentiments et les émotions, en respectant les convictions, le rythme et l’espace personnel de chacun. Voilà ce qu’offriront les cafés-deuil version 2020. Ils seront organisés entre janvier et juin, en six endroits du Jura bernois, par le Groupe d’accompagnement pour personnes endeuillées (GAPE).

Le concept remonte à 2015, dans le vallon, grâce à Sandra Singh, alors stagiaire diacre à la paroisse réformée de Saint-Imier, soutenue par Véronique Tschanz-Anderegg, pasteure. «Que ce soit dans les homes ou en paroisse, nous rencontrions des personnes qui avaient du mal à vivre leurs deuils. Face à certains états de tristesse, de solitude et de souffrance, nous avons décidé de lancer le premier groupe d’accompagnement», rappelle Sandra Singh. Dès 2016, le PAR8 (qui regroupe les sept paroisses allant de Tramelan à Moutier) est entré dans la démarche.

Une question taboue

Les participants étaient amenés à se raconter, à affronter la douleur de la perte, à accepter la mort de leurs proches et, peu à peu, à réapprendre à aimer la vie. Ces six à neuf rencontres suivies, liées les unes aux autres, étaient structurées autour de thèmes. Le groupe était «fermé», c’est-à-dire que seules les gens inscrits y participaient.

Pour 2020, les responsables du GAPEont décidé d’adapter le concept en l’ouvrant davantage. Les rencontres se passeront sous forme de cafés-deuil dans différents restaurants de la région ou lieux de paroisse. Et elles seront ouvertes à tous, c’est-à-dire qu’il sera possible de participer à une ou plusieurs soirées et qu’aucune inscription n’est demandée.

Chacune de ces soirées sera animée par deux des trois accompagnateurs du GAPE, à savoir Jean-Luc Dubigny, Richard Riesen, tous deux pasteurs, et Sandra Singh, diacre.

L’objectif est de réunir des personnes qui souhaitent partager leur vécu et leurs émotions dans un climat de bienveillance et de confiance. Mais aussi d’essayer de trouver des réponses à des interrogations, d’entendre des paroles réconfortantes et de découvrir quelques clés pour avancer sur le chemin de la reconstruction de soi après un deuil, qu’il soit récent ou ancien. Comme par le passé, chacun est le bienvenu, quelles que soient ses convictions spirituelles. «Nous allons chercher chez les personnes les ressources qui leur permettront d’aller de l’avant», explique Sandra Singh.

Selon les responsables du GAPE, la mort est encore souvent un sujet tabou. «Notre société nous pousse à rapidement tourner la page après un deuil, à ne plus en parler. Lorsque la personne endeuillée se retrouve seule, sans pouvoir exprimer ce qu’elle est en train de vivre, cela peut engendrer des angoisses ou raviver d’anciennes blessures. Le café-deuil offre un espace qui lui permet de parler de la mort avec son cœur.»

La richesse de l’écoute

Les accompagnateurs préviennent: il ne s’agit pas d’une démarche thérapeutique. «Nous ne sommes pas psychologues. Par contre nous disposons de compétences en matière d’écoute et sommes formés à l’accompagnement de personnes endeuillées», indique Jean-Luc Dubigny.

Le but de ces soirées ponctuelles est également de voir s’il y a de la demande pour, dans un deuxième temps, un accompagnement sur le long terme, que ce soit de manière individuelle ou en groupe. «Nous ferons un bilan à la fin et créerons l’offre selon les besoins. Cela pourrait être des rencontres à thèmes, des conférences ou une exposition. Nous sommes ouverts», conclut Jean-Luc Dubigny.

 

Six rencontres (19h30-21h30): 23janvier, Le Carillon, Malleray; 20février, restaurant de la Clé, Courtelary; 19mars, Oasis, Moutier, exceptionnellement de 17h30 à 19h30; 23avril, Café ParTages, Tramelan; 14mai, Cure protestante, Reconvilier; 18juin, Brasserie de la Place, Saint-Imier.

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