Une page se tourne pour l’Imériale

Par Sébastien Goetschmann

C’est un petit chamboulement qui a eu lieu vendredi 28 janvier, lors de l’assemblée générale de l’Imériale. Le président du comité d’organisation, Christian Hug, a en effet passé le relais à Gaël Lardon, après 20 ans et des poussières à la tête de la manifestation. «J’ai été président depuis 2000, mais ces deux dernières années ne comptent pas vraiment», relate Christian Hug.

Entré au comité en 1998 suite à l’appel du président de l’époque, René Krebs, l’ancien facteur n’imaginait pas y passer de si nombreuses années, encore moins à la présidence. «Habitant Sonvilier, je ne me voyais pas prendre cette responsabilité, mais je me suis tout de même proposé si personne de Saint-Imier ne se manifestait.» Ce qui a été le cas.

Un engagement qui ne devait durer que quatre à cinq ans, pensait-il. Le temps de trouver un successeur, de préférence imérien. Car un étranger à la tête de la manifestation, cela peut choquer. «La première fois que j’ai ouvert le cortège, j’en ai entendu dire:‹Ah voilà le nouveau président, il est de Sonvilier, ce n’est pas normal!› Quand je me suis retourné pour leur demander s’ils voulaient prendre ma place, ils se sont étonnamment tus», relate-t-il amusé. Finalement, celui qui véhicule aujourd’hui les enfants du Syndicat scolaire de Courtelary, Cormoret et Villeret s’est pris au jeu, jusqu’à cette année.

Coup de fil qui marque

Pour rester sur la thématique du cortège, qui réunit près de 400 enfants et lance véritablement la fête, le vendredi soir, Christian Hug se rappelle avoir failli dû l’annuler. «Une année, il pleuvait tellement qu’avec le responsable des écoles, nous avons presque renoncé à en donner le départ. J’ai alors appelé MétéoSuisse, 30 minutes avant le cortège pour leur demander s’il y aurait une éclaircie. Ils m’ont confirmé que la pluie cesserait pendant un peu plus d’une heure. Nous l’avons donc maintenu en demandant aux responsables de groupes de presser le pas.»

Des anecdotes, Christian Hug en a à la pelle. «J’aurais dû les noter. J’aurais pu en faire un livre», assure-t-il. Des cocasses, comme ces fanfares qui ne trouvent pas le village de Saint-Imier ou ce membre du comité, responsable de l’animation, introuvable durant six mois parce qu’il était en prison. D’autres plus désagréables, comme l’intervention de la police pour une agression au couteau, en 2012.

C’est un souvenir encore bien plus triste qui a marqué l’édition 2005. «Le vendredi de l’Imériale, j’ai reçu un téléphone de l’Hôpital de l’Ile pour m’avertir que mon père était mourant. J’ai planté le comité sur-le-champ», se souvient-il, ému.

S’engager dans son village

Désirant déjà démissionner de son poste fin 2019, Christian Hug n’a pu se résoudre à terminer son mandat sur une non-Imériale. «Le Covid a aussi fait que je n’ai plus autant la flamme», avoue-t-il. «Et, surtout, je sens qu’il faut un vent frais.» Ce nouvel élan se nomme donc Gaël Lardon, également résident de Sonvilier. Christian Hug, lui, restera encore au sein du comité pour cette année, histoire d’assurer la transition, avant de s’éclipser pour s’engager dans d’autres projets. «Depuis 2019, avec une voisine, nous organisons les fenêtres de l’Avent», développe-t-il. «Nous avons à cœur d’animer le village et plusieurs idées font leur chemin.»

Quant à savoir comment Christian Hug vivra sa prochaine Imériale, prévue les 1er et 2 juillet 2022, sans la casquette de président, il prédit un petit pincement au cœur. «Cela va me faire bizarre de ne pas courir d’un bout à l’autre du pod de Saint-Imier et de pouvoir me poser sans me demander si j’aurais le temps de finir mon verre. Surtout, je profiterai davantage de la fête avec mes enfants», se réjouit-il.